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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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décousus mais
pleins de sous-entendus, et finit par lui proposer : « Roi, j’ai une
sœur très belle, je vous la donnerai en échange d’Yseult que j’aime
d’amour. » Mark s’amuse beaucoup de cette proposition et demande au fou
comment il envisage de traiter la reine. Alors Tristan répond par cette parabole :
« Là-haut, en l’air, j’ai une grande salle où je demeure ; elle est
faite de verre, belle et grande ; au beau milieu, le soleil y darde ses
rayons. Il est suspendu en l’air, et pend dans les nues ; quel que soit le
vent, il ne chancelle ni ne balance. À côté de la salle se trouve une chambre
faite de cristal et richement lambrissée. Quand le soleil se lèvera demain, il
y répandra une grande clarté [362] . » Après ces
préliminaires, Tristan se fait reconnaître d’Yseult et peut la voir
secrètement. Cependant, de retour en Bretagne armoricaine, il fait façonner une
image d’Yseult la Blonde aussi parfaite que possible et la tient en un château
dont il sait les chemins secrets [363] . Il y vient très souvent,
rappelant ainsi tous les souvenirs du bonheur passé. Il emmène son beau-frère
Kaherdin avec lui en Cornouailles, et celui-ci tombe amoureux de Brangwain. Au
retour d’un de ses voyages [364] , Tristan doit aller au
secours d’un certain Tristan le Nain dont l’amie vient d’être enlevée par
Estout l’Orgueilleux de Castel-Fier [365] . Mais l’expédition
tourne au désastre : Tristan le Nain est tué, Tristan « fut blessé
d’un coup de lance empoisonnée qui lui traversa les reins. Mais il soulagea
bien sa colère car il occit celui qui le blessa » [366] .
Revenu tant bien que mal chez lui, il s’aperçoit que les médecins ne peuvent
rien pour lui : sa plaie s’envenime de plus en plus. Alors il demande à
Kaherdin de partir pour la Cornouailles et d’en ramener la reine Yseult. S’il réussit
dans sa mission, il devra mettre une voile blanche à sa nef, sinon, une voile
noire [367] – ainsi Tristan pourra
savoir de loin si la reine est accourue à son secours. Kaherdin part et
accomplit sa mission. Malheureusement la tempête, puis le calme plat ralentissent
la navigation, à la grande souffrance d’Yseult [368] .
Enfin les voilà cinglant vers le port. Mais Yseult aux Blanches Mains, qui
avait surpris la conversation entre Kaherdin et Tristan, et qui est dévorée de
jalousie, annonce à son mari que la voile est noire. Tristan n’a plus le
courage ni la force de retenir plus longtemps sa vie. Il meurt, et
lorsqu’Yseult parvient au palais, il ne lui reste plus qu’à mourir elle aussi.
Ainsi les amants sont réunis dans la mort, et lorsqu’on les enterre côte à côte,
dans deux tombeaux différents, une vigne et un rosier surgissent de chacun des
tombeaux et s’entrelacent étroitement [369] .
     
    Une exégèse d’une légende si complexe et d’une telle portée
poétique ou philosophique est nécessairement périlleuse. D’abord cette légende
est reconstituée d’après différents textes, et
cette reconstitution ne peut se faire qu’à travers le voile de nos
préoccupations du XX e  siècle, ce qui
risque d’en fausser la structure même. Ensuite, les textes utilisés pour cette
reconstitution ne sont pas très anciens puisqu’ils remontent seulement au XII e  siècle, alors que nous sommes persuadés que
la légende existait bien avant : ces textes représentent déjà une
interprétation à l’usage du public du XII e ou
du XIII e  siècle, et les préoccupations de
ce public n’étaient certes pas les mêmes que celles du public celtique,
gallois, breton ou irlandais des V e ou VI e  siècle, époque à laquelle est censée se
dérouler l’action. Les motivations d’un Béroul et d’un Thomas sont très
différentes, celles de Gottfried de Strasbourg, comme son contemporain et compatriote
Wolfram d’Eschenbach, témoignent d’une certaine manie de sophistication. En
reconstituant la légende de Tristan, on frôle continuellement le texte
primitif, mais on ne le retrouve jamais véritablement [370] .
    Et puis il y a les récupérations de la légende. Ne parlons
pas des fades affabulations dues au comte de Tressan en 1782, car cette époque
se prêtait encore peu à la compréhension du mythe. Parlons plutôt de Richard
Wagner qui, lui, avait le sens du mythe et a montré qu’il était capable de les
transposer. Mais si les mythes germaniques contenus dans la Tétralogie ont été magnifiquement

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