La Femme Celte
Deirdré. On comparera avec un épisode commun à de
nombreux contes folkloriques : une fée ou un enchanteur, lors de la
naissance d’un enfant prononce un vœu bénéfique ou maléfique qui aura des répercussions
la vie entière de l’enfant.
[392] Cette attitude de Conchobar n’est pas gratuite, ni provoquée par le
désir de possession. Il s’agit d’une croyance remontant à la plus lointaine
préhistoire. Deirdré porte sur elle le malheur. Si les Ulates la tuaient, le
malheur, ou la malédiction, retomberait sur eux. Seul le roi, par sa puissance,
est capable de supporter le poids de cette malédiction. Voilà pourquoi, non
seulement il ordonne de laisser en vie Deirdré, mais il l’éloigne du contact
des hommes et se la réserve pour lui.
[393] Image poétique qui se retrouve à peu près identique dans le Peredur gallois et dans le Perceval de Chrétien de Troyes, mais cette fois-ci à
propos de la femme aimée par Peredur-Perceval.
[394] Il faut admirer la justesse psychologique de cet épisode. Dans bien
des cas, ce qu’on appelle le « coup de foudre » n’est que la
reconnaissance d’une image rêvée, ou plutôt la projection de celle-ci sur une
image réelle. D’où un vague sentiment de « déjà vu » analogue à ce qui
se produit dans le phénomène si courant de la paramnésie (ou hypermnésie) qui
consiste en la reconnaissance d’un paysage soi-disant déjà vu ou familier.
[395] Voilà un rituel de geis qui nous montre que l’essentiel dans la
formulation est la menace sur l’honneur. On pense aux « oreilles
d’âne ». Ce n’est probablement pas par hasard que Deirdré saisit Noisé aux
oreilles, car les oreilles peuvent rougir sous un accès de honte. Les mythes de
Midas aux oreilles d’âne et du roi Mark aux oreilles de cheval sont loin d’être
de simples contes pour distraire les enfants.
[396] Sans doute un cri de lamentation. Mais ce cri, première conséquence du geis lancé par Deirdré, est aussi la preuve que le geis qui
pesait sur Deirdré (elle ne devait pas être vue par les hommes d’Ulster, sinon
ceux-ci s’entre-tueraient) vient d’être transgressé : ainsi les Ulates
commencent-ils à se battre.
[397] Traduction française dans G. Dottin, L’Épopée irlandaise ,
p. 76-85.
[398] De là viennent les épisodes mythologiques scabreux concernant les
dieux, et cela dans toutes les mythologies. L’ordre moral appartient aux
hommes, non aux dieux. Les dieux, par eux-mêmes, sont capables d’échapper aux
retombées maléfiques de leurs actes. Les héros acteurs de têtes rituelles en
s’identifiant aux dieux, et revêtus du même masque qu’eux, sont des êtres
exceptionnels. Mais bien souvent, dans les formes altérées où nous sont
parvenues les légendes, on ne discerne plus très bien ce caractère sacré
primitif qui, n’ayant pas été compris par les transcripteurs successifs,
eux-mêmes certainement choqués, a perdu sa portée magique et rituelle.
[399] Celticum , VII, p. 517.
[400] Éd. et trad. R. A. S. Macalister, III, p. 41-42.
[401] Cet aspect du geis consiste pour la femme à mettre en doute la
virilité de l’homme. Celui-ci, touché dans sa dignité même, dans ses
« parties nobles », pourrait-on dire, ne peut éluder l’épreuve.
[402] J. M., L’Épopée celtique d’Irlande , p. 92.
[403] Ibid. , p. 122-128.
[404] Ibid. , p. 106-108.
[405] J. Loth, Mab. II, 94-95.
[406] Mais non de l’exclusivité : il s’agit de la femme élue, de la
« favorite », celle qui surpasse toutes les autres.
[407] Ibid. , II, 104-105.
[408] Ibid. , II, 114-117.
[409] J. Loth, Mab. II, 19-20.
[410] Bulletin de la Société archéologique du
Finistère , IX, p. 66.
[411] P. Sébillot, Le Paganisme contemporain
chez les peuples celto-latins , p. 103.
[412] Ibid.
[413] Ibid.
[414] Ibid. , p. 95.
[415] Ibid. , p. 96.
[416] Ibid. , p. 97.
[417] Ibid. , p. 98.
[418] Ibid.
[419] Ibid.
[420] Ibid. , p. 99.
[421] Ibid. , p. 99.
[422] Ibid. , p. 108-109.
[423] Il en va de même du strip-tease, qui, dans sa forme actuelle, est une
récupération commerciale masculine d’un instinct fondamental féminin, la femme
ne dévoile jamais tout en même temps, ne se livre pas entièrement tout de suite
(voir la Carte du Tendre qui est la codification morale de cette attitude).
Dans ce qu’on pourrait appeler – faussement d’ailleurs – la parade amoureuse,
c’est la femme qui mène le jeu, même
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