La Femme Celte
mise au ban de la société, bien au
contraire. La société celtique n’a jamais, avant le Christianisme, connu la
notion de péché : à plus forte raison n’en a-t-elle pas trouvé dans la
sexualité. Comme tous les autres peuples, les Celtes ont connu
l’homosexualité : « Les hommes sont portés à se laisser dominer par
les femmes, disposition habituelle des races énergiques et guerrières »,
déclare gravement Aristote ( Politique , II, 6).
« J’en excepte cependant les Celtes qui honorent, dit-on, ouvertement
l’amour viril. » Cette réflexion – jointe à d’autres remarques de nombreux
auteurs grecs – ne manque pas de sel, de la part d’un disciple de Socrate,
citoyen d’un pays peu effarouché par ce genre de choses. Il semble néanmoins
que les auteurs grecs aient eu raison, nous en avons des indications très
discrètes dans certains récits épiques, notamment à propos de Cûchulainn. De
même, dans cette institution des femmes guerrières, nous pouvons voir l’indice
d’une certaine franc-maçonnerie homosexuelle quelque peu analogue à ces ligues
de Lesbiennes qui fleurissent un peu partout dans le monde.
Cela dit, il est indéniable que cette liberté sexuelle explique
en grande partie l’importance de la Femme dans la société celtique. N’étant pas
un objet de péché, n’étant pas un être faible dans une société plus pastorale et guerrière qu’agricole, elle ne pouvait que
sauvegarder une grande partie du rôle qu’elle avait dû occuper dans les époques
postérieures. On s’accorde généralement sur le fait que c’est l’agriculture,
avec les travaux pénibles qu’elle provoquait, qui a fait écarter les femmes de
la vie sociale publique, la confinant dans les travaux dits domestiques. Ce
n’est évidemment que l’une des raisons, nous en verrons d’autres sur le plan
psychologique comme sur le plan religieux et métaphysique, mais c’est une
raison parfaitement logique et valable. Or la société celtique, présentant une
foule d’archaïsmes, dus en grande partie à l’apport autochtone recueilli et
intégré par les Celtes à leur arrivée en Occident, est à mi-chemin entre les
sociétés de type « paternaliste », agricoles et structurées sur la
possession de la terre par le Père de Famille, et les sociétés dites de
« matriarcat », dans lesquelles la Mère, ou la Femme en général, est
encore le lien fondamental de la famille et le symbole de la Fécondité.
Nous avons vu que la Femme celtique, aussi bien l’irlandaise
que la bretonne, jouit de sa liberté, jouit de droits consécutifs à son rang
social ou à sa fortune personnelle, qu’elle peut devenir chef de famille,
qu’elle peut régner, qu’elle peut être prophétesse, magicienne, éducatrice,
qu’elle peut se marier ou rester « vierge » (c’est-à-dire en dehors
du mariage), qu’elle peut hériter d’une partie des biens de son père ou de sa
mère [58] . Il a fallu près de
vingt siècles pour que la Française récupère tous ces droits et privilèges
perdus par son ancêtre la Gauloise, jugulée par le droit romain et la méfiance
chrétienne. C’est dans ce cadre qu’il convient maintenant d’étudier l’image
idéale de la Femme, telle qu’elle a été rêvée non seulement par les femmes,
mais aussi par les hommes. Nous y retrouverons les préoccupations fondamentales
de l’Humanité à la recherche de son équilibre physique et moral, mais ces préoccupations
avaient été occultées par la civilisation judéo-romano-chrétienne parce
qu’elles mettaient en cause les principes fondamentaux sur lesquels elle était
bâtie. Cette société croulant désormais de tous les côtés, nous n’avons aucune
raison de la ménager, pas plus que de lui mettre des béquilles. De même que le
voile d’Isis est fait pour être soulevé, le mythe celtique de la Femme doit
être éclairci.
SECONDE PARTIE -
Exploration du mythe
CHAPITRE PREMIER -
La princesse engloutie
« Au début les Élohim flottaient sur les eaux. »
Cette phrase de la Genèse , quelle que soit
l’interprétation qu’on puisse donner au mot pluriel Élohim ,
et quelles qu’aient été les inversions, interpolations et coupures subies par
le texte biblique primitif, est sans doute la clef de toutes les explications
concernant l’origine du monde et de la vie. Le Kalevala finnois, cette épopée archaïque transmise depuis des siècles par la voie orale,
et peut-être moins
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