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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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préoccupations
les plus essentielles du genre humain.
    J’ai déjà dit que le Mythe de la Ville engloutie
représentait, chez les Celtes, le mythe fondamental de l’origine [59] .
Et ce mythe prend corps dans une légende que tout le monde connaît plus ou
moins, la légende de la Ville d’Ys, répandue dans toute la Bretagne
armoricaine, et dont nous trouvons des variantes significatives dans les autres
pays de tradition celtique, en Irlande et au Pays de Galles notamment. C’est
donc à partir de cette légende, et de ses deux variantes principales, que nous
pouvons esquisser une analyse en profondeur du mythe de la femme engloutie.
     
    Légende de Ker-Ys (Bretagne armoricaine) : Le roi de Cornouaille, Gradlon, a fait construire
pour sa fille Dahud (ou Ahès) une magnifique cité, Ker-Ys (= la Cité d’En-Bas),
protégée de la mer par une digue et des écluses dont il garde jalousement la
clef.
    Les habitants de la ville mènent une vie de
débauche à laquelle participe la fille du roi, rebelle au christianisme et
quelque peu nymphomane, tant et si bien que la cité « fut en ce temps-là,
pour les péchés des habitants, submergée par les eaux issant de cette mer qui dépassèrent
leurs limites, à laquelle submersion le roi Gradlon, qui était alors en la
cité, échappa miraculeusement : c’est à savoir par le mérite de saint
Gwennolé » (Pierre Le Baud, Chronique ,
1638, p. 45-46). Saint Gwennolé, fondateur de l’abbaye de Landevennec,
avertit le roi Gradlon du châtiment qui se prépare. Il s’enfuit sur son cheval.
Mais sa fille, qui lui a dérobé la clef des écluses pour la remettre à un
amant, se précipite vers lui et saute sur le cheval. Le cheval s’enfonce. Ainsi
« la princesse Dahud, fille impudique du bon roi… faillit causer la perte
du roi en un endroit qui retient le nom de Toul-Dahud (= Pouldavid) ou
Toul-Alc’huez, c’est-à-dire le Pertuis de Dahud ou le Pertuis de la Clef, pour
ce que l’histoire assure qu’elle avait pris à son père la clef qu’il portait
pendante au col, comme symbole de la royauté » (Albert Le Grand, Vie des saints de Bretagne armorique , 1636, p. 63).
Mais saint Gwennolé touche Dahud de sa crosse et celle-ci disparaît sous les
eaux. Les pêcheurs, depuis lors, rencontrent parfois la fille du roi qui vit
sous les eaux et nage au milieu des grands poissons, et par mer calme, ils
aperçoivent aussi la cité d’Ys, ses murailles, ses palais et ses églises, ils
entendent sonner tristement les cloches. Parfois encore, la ville s’ouvre aux
humains, et si quelqu’un pouvait acheter quelque chose à un habitant de la
ville d’Ys, celle-ci ressusciterait. Mais « lorsque le jour de la
résurrection sera venu pour Ker-Ys, le premier qui apercevra la flèche de
l’église ou qui entendra le son des cloches deviendra roi de la ville et de
tout son territoire » (A. Le Braz, Légende
de la Mort en Basse-Bretagne , II, 41).
     
    Légende de Maes
Gwyddneu (Pays de Galles) : « Seithynin Veddw (= l’Ivrogne),
dans son ivresse, lâcha la mer sur Cantre’r Gwaelod (= le Pays du
Bas-Fond) ; tout ce qu’il y avait là de terres et de maisons fut perdu. Il
y avait auparavant seize villes fortes… Ce Cantre’r Gwaelod faisait partie des
terres de Gwyddneu Garanhir » (Triade 126, J. Loth, Mab . II, 309-310). Seithynin avait en effet violé
une jeune fille qui gardait une fontaine magique. C’est cette fontaine qui
avait débordé et inondé les terres de Gwyddneu (Livre Noir de Carmarthen, poème
38, trad. dans Cahiers du Sud , n° 319, p. 383).
     
    Inondation du Lough
Neagh (Irlande) : Le roi Ecca a établi une forteresse et des
habitations dans une plaine basse où se trouve un puits magique entouré de murs
épais. « Et il choisit une femme pour prendre soin de la fontaine,
chargeant celle-ci de garder strictement la porte fermée sauf quand les gens de
la forteresse viendraient chercher de l’eau » ( Leabhar
na huidre , ms. du XI e  siècle,
extraits et analyse dans J. M., L’Épopée celtique
d’Irlande , p. 39-43). Par la suite, après des prophéties concernant
une submersion des lieux, « la femme qui avait été chargée de la fontaine,
à une certaine occasion, oublia de fermer la porte. Immédiatement l’eau
s’engouffra dans la plaine et forma un grand lac. Ecca, toute sa famille et
tous ses gens furent noyés, sauf sa fille Libane… » Cette Libane, qui est
probablement la femme chargée de la

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