La Femme Celte
troupeau de Fraech ont été ravis
et emmenés dans une forteresse mystérieuse gardée par un serpent qui interdit
tout accès aux imprudents. Fraech arrive aux alentours de la forteresse, en
compagnie de Conall Cernach, frère de lait de Cûchulainn, et l’un des trois
meilleurs guerriers d’Ulster. Conall fait tant et si bien que le serpent tombe
endormi dans sa ceinture. Moyennant quoi, Fraech peut récupérer sa femme et ses
bœufs (G. Dottin, L’Épopée irlandaise , p. 100).
Tristan et le grand
serpent crêté (Irlande et Cornouailles) : Tristan a été envoyé par
son oncle le roi Mark pour demander en mariage Yseult la blonde, fille du roi
d’Irlande. Il débarque sous un déguisement, car sa tête est mise à prix en
Irlande. Or un grand serpent crêté ravage l’île et le roi a fait savoir qu’il
donnerait sa fille à celui qui tuerait le serpent. Tristan entre dans la
caverne du serpent, et après un dur combat, il le tue. Mais empoisonné par
l’haleine du monstre, il tombe évanoui. Un chevalier couard coupe la tête du
monstre et va réclamer la récompense, mais Yseult, méfiante, vient explorer la
grotte et découvre Tristan. Le trompeur est puni et Tristan embarque avec
Yseult (André Mary, Tristan , p. 49-52).
Le Pont de l’Épée (roman courtois) : La Reine Guenièvre a été enlevée par Méléagant et est
prisonnière dans le royaume de Gorre (ou de Verre), pays « d’où nul ne revient ».
Lancelot du Lac part à la recherche de Guenièvre. Pour pénétrer dans le royaume
de Gorre, il y a deux possibilités : passer par le pont de l’Épée ou
passer par le Pont-Sous-l’Eau. Lancelot choisit le premier. Il doit ramper péniblement
sur une immense épée jetée en travers d’une rivière aux eaux bouillonnantes.
« Il a les mains, les pieds et les genoux en sang. » De plus, de
l’autre côté du pont, il y a deux lions qui le guettent. Mais arrivé sur
l’autre rive, « il jette autour de lui les yeux : rien, pas même un
lézard, pas le moindre animal qui soit à redouter… Il a ainsi la preuve, en
n’apercevant plus aucun des deux lions, qu’il a été trompé par un
enchantement ». Cependant, c’est Gauvain, entré avec beaucoup de
difficultés par le Pont-Sous-l’Eau, qui, par suite d’aventures compliquées,
délivrera la reine Guenièvre (Chrétien de Troyes, Le
Chevalier à la Charrette , trad. Jean Frappier, p. 97).
Le Château du Graal (roman courtois) : Après une navigation merveilleuse, Lancelot du Lac
aborde au pied d’une mystérieuse forteresse. « Derrière le château, une porte,
qui donnait sur l’eau, restait ouverte nuit et jour. Il n’y avait pas de
sentinelle de ce côté, car deux lions gardaient l’entrée et on ne pouvait
arriver à la porte qu’en passant entre eux deux. » Lancelot sort de son
bateau et se prépare à combattre les deux lions. Mais une main enflammée le
frappe rudement au bras et fait tomber son épée tandis qu’une voix se fait
entendre, lui reprochant son manque de foi. De fait, lorsqu’il s’approche des
lions, ceux-ci le laissent passer sans rien dire. Lancelot monte dans le
château et parvient près d’une porte close. Il demande à Dieu de lui permettre
de voir un peu des mystères qui se cachent de l’autre côté de la porte. Alors
« Lancelot vit s’ouvrir la porte de la chambre, et une clarté en sortit,
aussi grande que si le soleil y eût fait sa résidence… À cette vue, Lancelot
sentit une telle joie et un tel désir de voir d’où venait la lumière qu’il en
oublia tout le reste ». Mais Lancelot n’est pas admis à entrer dans la
chambre du Saint-Graal ( Quête du Saint-Graal ,
trad. A. Béguin, p. 222-224).
Tous ces récits insistent sur le caractère étrange et sacré
de l’endroit dans lequel le héros doit pénétrer. Et à chaque fois, c’est pour
gagner une femme ou le substitut de celle-ci, car le Graal est un symbole
féminin, la clarté solaire nous le prouve, le soleil étant chez les Celtes,
sinon une déesse, du moins une puissance féminine (Yseult la Blonde, elle-même,
est le Soleil personnifié). Les animaux qui empêchent le héros d’entrer sont
des serpents ou des lions. L’ Addanc de Peredur
est un monstre plus ou moins chimérique, et de toute façon, ces animaux sont
des illusions, autrement dit des fantasmes issus de l’imagination. Dans la Quête du Saint-Graal , en dépit de la coloration
chrétienne évidente, les détails
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