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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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souvenir inconscient d’un état antérieur
aquatique que chaque être humain expérimente individuellement dans le processus
de la maturation fœtale en milieu humide clos. Le désir du héros se lançant à
la quête de la Princesse Engloutie correspond donc « à l’effort visant à
rétablir le mode de vie perdu, et ceci dans un milieu humide qui contienne en
même temps des substances nutritives, ce qui veut dire l’existence aquatique
dans l’intérieur de la mère, humide et riche en nourriture [89]  ».
D’où le sens particulier que prend le poisson dans certaines traditions.
D’après la Vie de saint Korentin , le premier
évêque de Quimper se serait nourri pendant des mois d’un poisson auquel il
coupait un morceau le soir et qui redevenait entier pendant la nuit. Chez les
Chaldéens, le poisson Oannès aurait été le premier être vivant et est donc
considéré comme le dieu primordial et nourricier. Les premiers Chrétiens se
sont servi de l’image du poisson non seulement pour se reconnaître, mais parce
que le Christ représentait la nourriture infinie que son message était venu promettre,
c’est-à-dire le retour à la vie paradisiaque d’avant la catastrophe.
    Et comme il y a concomitance entre le milieu humide où vit
le poisson et la Femme, le poisson finit par symboliser la Femme elle-même,
comme en témoigne le mythe des Sirènes, êtres aquatiques à queue de poisson. La
divinité indienne Satyavati, dont le nom signifiait « Vérité », se
prénommait aussi « Poisson puant ». On sait d’ailleurs que la femme
est réglée sur un cycle lunaire de vingt-huit jours, correspondant à l’action
de la lune sur les marées, et que la liqueur vaginale sécrétée sous l’effet des
excitations érotiques, a une odeur de poisson caractéristique due à la présence
de trimétylamine, substance qu’on retrouve dans le poisson qui commence à se
décomposer. On comprend ainsi pourquoi les abords de la grotte ou les marécages
exhalent une odeur qui fait fuir les délicats, mais qui, paradoxalement, les
attire. Les mythes ne sont jamais des inventions gratuites, ils traduisent sous
une forme imagée les réalités les plus profondes de l’Être et de la Vie [90] .
    Mais quand, toutes répugnances vaincues, le seuil est franchi,
les délices paradisiaques attendent le héros :
     
    Lyon et la Princesse
d’Autriche (Vosges) : Le jeune Lyon pénètre dans un château
merveilleux après avoir franchi de nombreux obstacles et tué trois géants. Il
traverse une première salle en argent, une seconde en or, une troisième qui
contient des pierres précieuses. Il découvre dans une quatrième salle la Princesse
d’Autriche endormie au-dessus de laquelle se trouve un écriteau portant cette
phrase : « Celui-là qui me délivrera après avoir tué les trois géants
gardiens de ce château, profitera de moi et m’enlèvera l’anneau que j’ai au
doigt » (L. F. Sauvé, Le Folklore des
Hautes-Vosges , p. 326-340).
     
    La Nuit de la Pentecôte (Bretagne armoricaine) : Il y a une cité engloutie sous la grève de
Saint-Efflam (Côtes-du-Nord). Chaque année, la nuit de la Pentecôte, pendant
les douze coups de minuit, la cité surgit et est accessible. Perik Skoarn s’y
introduit pour s’emparer de la baguette de noisetier qui donne la
toute-puissance. Il traverse des salles remplies d’argent, d’or et de pierres
précieuses, et parvient dans la chambre où se trouve la baguette. Mais là, il
voit « cent jeunes filles belles à perdre les âmes des saints ; chacune
d’elles tient d’une main une couronne de chêne, de l’autre une coupe de vin de
feu ». Perik Skoarn tombe en extase et laisse passer le douzième coup de
minuit et il disparaît avec la ville » (E. Souvestre, Le Foyer breton ).
     
    Diarmaid et Grainné (Irlande-Écosse) : Grainné (= le soleil), épouse du roi Finn, s’est enfuie
avec le jeune Diarmaid, après avoir obligé celui-ci au moyen d’un geis . Ils se réfugient tous deux dans une grotte
jusqu’au jour où ils sont trahis par des copeaux entraînés par le ruisseau qui
s’écoule de la grotte (J. M., L’Épopée celtique
d’Irlande , p. 153-164).
     
    Tristan et Yseult (version allemande) : Lorsque Tristan et Yseult sont surpris en flagrant
délit par le roi Mark et qu’ils ont pu échapper au bûcher, ils se réfugient non
pas dans la forêt de Morrois, comme dans les autres versions, mais dans une
grotte qui a été

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