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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sont peut-être encore plus archaïques pourvu
qu’on veuille bien les traduire. Une fois vaincues les répugnances ante portam , l’homme pénètre la femme, et la
description du bonheur et de l’oubli de Lancelot est simplement la sublimation
d’un orgasme bien matériel, mais d’un orgasme incomplet, car Lancelot n’est pas
digne de la possession totale et définitive du Graal : il est retenu par
son péché , ce qui veut dire qu’il est encore
trop attaché au système dans lequel il a été éduqué et qui est un système
paternaliste. Tout ce passage fait d’ailleurs penser à un hymne récité par les
initiés au culte de la déesse d’Asie Mineure Cybèle, et qui nous est rapporté
par Clément d’Alexandrie :
     
    « J’ai mangé sur le tambourin,
    j’ai bu dans la cymbale,
    j’ai porté la Coupe Sacrée,
    j’ai pénétré dans la Chambre Nuptiale [84] . »
     
    Quant à l’évolution du mythe de la caverne (ou du château)
gardé par des monstres, elle peut être illustrée par deux récits empruntés à
l’hagiographie chrétienne, le premier consigné dans un ouvrage littéraire anglo-normand
du XII e  siècle, le second
particulièrement fécond en variantes dans la tradition orale armoricaine.
     
    Le Purgatoire de
Saint-Patrice (Irlande) : le chevalier Owen, qui a la réputation
d’un homme saint et courageux, se risque dans le puits de Saint-Patrice en
Irlande, lieu ténébreux d’où surgissent des fumées nauséabondes et des cris
horribles. Il y voit des choses atroces, car il s’agit d’un purgatoire, sorte
de petit enfer temporaire. Il sort purifié par l’épreuve et finit sa vie
dévotement (J. Marchand, L’Autre Monde au Moyen
Âge , p. 81-115).
     
    Le roi Arthur, qui s’employait à détruire les
superstitions en Irlande arrive à la caverne qui conduit au séjour des morts et
d’où, après s’être purifiées, les âmes s’envolent joyeuses vers le ciel. Gauvain
empêche Arthur d’explorer à fond cette caverne où l’on entend le fracas d’une
cascade qui émet une odeur de soufre et où résonnent des voix lugubres (d’après
un ouvrage latin du  XVI e  siècle cité par
G. Dottin, Annales de Bretagne , XXVI,
792).
     
    Saint Efflam et le roi
Arthur (Bretagne armoricaine) : Le jeune Efflam, fils du roi
d’Irlande, ne consomme pas son mariage avec la princesse bretonne (insulaire) Énora.
Au cours de sa nuit de noces, il s’enfuit et débarque en Armorique. À peine
a-t-il mis le pied à terre qu’il voit un monstrueux dragon entrer dans sa
caverne. Il rencontre le roi Arthur qui pourchasse le monstre mais qui ne peut
l’atteindre. Efflam guide Arthur vers la caverne. Le roi se bat contre le
dragon, mais doit abandonner la lutte. Alors le lendemain, Efflam, par ses
prières, oblige le monstre à s’engloutir dans la mer où il disparaît (Albert le
Grand).
     
    Ces deux récupérations chrétiennes de la légende païenne
sont assez curieuses. Le Purgatoire de saint Patrice est toujours un endroit
infernal : c’est la caverne maudite où ne pénètrent que ceux qui sont déjà
des pécheurs. Mais paradoxalement, comme le disait un critique à propos de
Baudelaire, c’est par « l’enfer du plaisir que l’on atteint parfois
Dieu ». Le chevalier Owen se purifie dans les entrailles de la terre,
c’est-à-dire dans les entrailles de la femme. Quant à l’histoire de saint Efflam,
elle est transparente. Si Efflam s’enfuit au cours de sa nuit de noces, en
dépit de ce que disent les pieux hagiographes, ce n’est pas par souci de sa
virginité, c’est parce qu’il ne peut pas franchir les portes. Il est inhibé au
sens psychanalytique du mot. Ce n’est que plus tard qu’il vaincra ses
obsessions, encouragé par l’exemple du roi, qui est un souvenir du « droit
de cuissage », celui-ci se déroulant finalement comme une simple cérémonie
au cours de laquelle le seigneur mettait rituellement sa jambe dans le lit
nuptial. Efflam ayant vaincu le dragon et celui-ci s’étant
englouti dans la mer , comme par hasard, l’accès de la caverne est libre [85] .
    Nous avons vu que la caverne avait comme équivalent la forteresse,
généralement entourée d’eau, et quelque peu enfouie. L’analogie va plus loin
qu’une ressemblance de forme et qu’une identité d’origine (la première
forteresse ou les hommes trouvèrent refuge était évidemment une caverne
naturelle). En effet, si l’on prend le mot arche qui signifie pour nous

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