La Femme Celte
femmes demandent à Cûchulainn de leur attraper
les oiseaux qui volent sur le lac. Cûchulainn accomplit ce tour de force. Peu
de temps après, deux oiseaux reliés par une chaîne d’or rouge arrivent sur le
lac et chantent une douce chanson qui endort tous les Ulates sauf Cûchulainn,
sa concubine Ethné et son cocher Loeg. Cûchulainn prend sa fronde et attaque
les oiseaux, mais pour la première fois de sa vie, il rate son coup. Il
jette sa lance et traverse l’aile d’un des oiseaux qui disparaissent alors sous
l’eau. Et Cûchulainn se sent mal. Il s’appuie contre un pilier de pierre et
s’endort. Il a un rêve épouvantable au cours duquel deux jeunes femmes viennent
le frapper. Il demeure un an malade et alité. Alors, il a de nouveau un songe,
et l’une des deux femmes vient lui révéler que sa compagne Fand, épouse du roi
Manannan, est amoureuse de lui et qu’elle espère qu’il viendra dans son pays féerique
(G. Dottin, L’Épopée irlandaise , p. 123-143).
La Fille du Magicien (Bretagne armoricaine) : Le jeune berger Pipi Menou, qui garde ses moutons
près d’un étang, a remarqué que parfois de grands oiseaux viennent s’abattre
près de cet étang. Mais dès qu’ils touchent terre, ils se transforment en
belles jeunes filles toutes nues qui se baignent et folâtrent au soleil. Puis,
au soleil couchant, elles reprennent leur aspect d’oiseaux et disparaissent
dans les airs. Il interroge sa grand-mère qui lui répond : « Ce sont
des femmes-cygnes, filles d’un puissant magicien, et qui habitent un beau
palais, tout resplendissant d’or et de pierres précieuses et retenu par quatre
chaînes d’or au-dessus de la mer… » Grâce à une ruse, Pipi Menou oblige
les trois filles du magicien à le conduire jusqu’au palais enchanté, et là,
caché dans un panier, il accède tous les soirs dans la chambre de celle qui lui
plaît le mieux. Mais les deux autres sœurs ayant menacé de tout dévoiler si
Pipi Menou ne leur rendait pas visite aussi, Pipi Menou et la jeune magicienne
s’enfuient, lui à califourchon sur le dos de la fille-oiseau, après avoir pris
soin de se munir de pierres précieuses (conté dans l’île d’Ouessant à J. M. Luzel, Bulletin de la Société archéologique du Finistère ,
tome IX, 1882, p. 88-92).
Les Oiseaux de
Gwenddoleu (Pays de Galles) : Les deux oiseaux de Gwenddoleu qui
portaient un joug d’or étaient des animaux peu ordinaires : ils ne se
contentaient pas de garder les trésors de leur maître, ils dévoraient tous les
jours deux hommes à leur dîner et autant à leur souper (J. Loth, Mabinogion , II, 256).
Les Oiseaux de Drutwas (Pays de Galles) : Drutwas, fils de Tryffin, l’un des chevaliers de la
Cour d’Arthur, a épousé une femme-fée qui lui donne comme cadeaux trois oiseaux
merveilleux qui comprennent les paroles humaines et font tout ce qu’on leur
demande. Drutwas les emmène à la guerre et ils font merveille. Mais ayant défié
le roi Arthur, il envoie ses oiseaux à sa place avec ordre de tuer le premier
qui se présentera. Arthur étant empêché de venir, c’est Drutwas qui arrive le
premier et qui est déchiqueté par ses propres oiseaux ( Iolo manuscripts , p. 188, J. M., L’Épopée celtique en Bretagne , p. 262-263).
Il est évident que les oiseaux de Drutwas sont des fées,
comme les Corbeaux d’Owein. Les oiseaux de Gwenddoleu, qui « dévorent des
hommes », sont également des êtres féeriques bien entendu féminins :
là, c’est l’aspect Kâli de la déesse qui domine, elle est la Dévoreuse. Il faut
noter que tous ces oiseaux sont reliés entre eux par une chaîne d’or, et qu’ils
se présentent ainsi lorsqu’ils volent dans les airs. D’autre part, dès qu’ils
touchent le sol, ils reprennent leur forme féminine. Ils ne sont pas toujours
sous forme d’oiseaux comme les enfants de Lîr, condamnés à rester sous cet
aspect par la malédiction de leur marâtre. Dans la Courtise
d’Étaine , c’est également sous forme de cygne que Mider enlève Étaine à
son mari le roi Éochaid, et que tous deux s’enfuient de tertre en tertre après
que le roi eut ordonné de creuser sous tous les tertres d’Irlande pour les
rattraper [161] . Cet aspect de cygne
n’est d’ailleurs pas sans rappeler la légende britto-germanique de Lohengrin,
fils de Parzival, qui, ayant été obligé de trahir son secret auprès de celle
qu’il aimait, doit s’enfuir, monté sur un
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