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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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n’était plus Philippe VI, mais Roland, Perceval, Arthur… et tout un charroi d’autres !
    – Es-tu prêt, Fenouillet ?
    – Oui, sire : juste le temps de m’adouber et de monter à cheval.
    – Holà ! Va dormir un peu et passe la Seine à l’aube… Prends le Moyne de Bâle et Gauric avec toi. Une bacque vous mènera sur l’autre rive. Elle ne peut emporter que trois hommes et trois chevaux… Fais en sorte de bien t’acquitter !
    – Je ferai de mon mieux, sire.
     
    *
     
    Ils franchirent le fleuve sur un bac à six rameurs, lancèrent leurs chevaux dans un chemin rocheux en haut duquel les Anglais semblaient les attendre. Le jour se levait ; la bannière de France fit son effet.
    – Que voulez-vous ? demanda un sergent.
    – Voir votre roi que nous connaissons mes compagnons et moi.
    Les Goddons, au nombre d’une quinzaine, pointaient leurs aciers vers les cuirasses et les flancs des chevaux. Dans l’ombre, il devait y en avoir autant.
    – Que voulez-vous à notre sire Édouard ? Êtes-vous des espies (290)  ?
    – Dieu me préserve d’en être un !… J’ai sur mon cœur une custode contenant des lettres du roi Philippe de France.
    Mieux valait parler de lettres que de défi.
    –  Qui se dit roi de France ! ricana le sergent, un hutin au visage dur. Notre Édouard n’est pas tout proche ! Il a dû randonner toute la nuit…
    – Peu me chaut s’il est loin ou près… Je dois lui remettre ce message en main propre… Enfin, façon de parler !
    « Il a les mains tout aussi rouges que toi, malandrin !… Tu écarquilles les yeux, car tu ne comprends pas… Tant mieux pour moi, après tout ! »
    Comme un nuage fondait sous la lune, Ogier vit que ce sergent avait vingt ans à peine, une balafre à la joue et des yeux clairs, impitoyables.
    – Messire, j’aurais bien trop d’aisance à vous faire occire… vous et vos compagnons… D’ailleurs, on ne tue pas les noncierres de roi… Venez. Mais je vous en préviens : ce sera long. Soyez patient, car notre sire Édouard est sans doute à dix lieues d’où nous sommes avec ses chevaucheurs de la Compagnie blanche et ses meilleurs archers gallois. Et ils avancent toujours sur de bons chevaux alors qu’il nous faut ménager les nôtres, qui sont hodés…
    – Quoi qu’il en soit, dix ou vingt lieues, je le dois rencontrer.
    – Donques, inutile de perdre notre temps, messire. Demeurez en selle avec vos compagnons… John !… Colin !… David !… Hâtez-vous, nous ne chômerons point ce dimanche !
    Il y eut des commandements et quelque trente hommes sortirent des fourrés, menant un cheval ou deux par la bride. Ils étaient vêtus de curies, harnois léger qui permettait de supporter les fatigues de longues journées d’errance. Tous portaient une épée courte, un arc et un carquois. Certains étaient coiffés d’une amusse de cuir mais la plupart préféraient aller tête nue. Ogier refusa de les comparer aux guerriers de France. Le Moyne de Bâle grogna ; Gauric appuya sa bannière sur son épaule. Ils partirent.
    « Que Dieu nous aide ! » souhaita Ogier.
    Pendant leur long cheminement – deux jours pleins –, les messagers croisèrent çà et là des compagnies de Goddons joyeux et en bon arroi, qu’ils fussent à pied ou à cheval. Ils partagèrent la nourriture, la boisson et, au cours de la nuit qu’ils passèrent ensemble, les couvertures de leurs ennemis, sans jamais leur adresser la parole et s’indigner de leurs sourires satisfaits. Le lundi 14, à la vesprée, après la traversée d’une forêt de chênes, une clairière apparut, jaunie par les rayons du soleil couchant. Au milieu s’élevait une ferme fortifiée.
    – C’est là, dit le sergent qui n’avait cessé de se renseigner. Foi d’Alleyne, il est bien placé !… Gauric, détordez et dressez votre bannière : c’est votre bon et noble droit… Placez-vous entre les deux chevaliers : c’est ainsi que nous faisons… Nous vous suivrons avec respect car jusqu’ici, vous n’êtes ni nos otages ni nos captifs.
    – Voilà de fort bonnes paroles ! releva le Moyne de Bâle.
    Quatre hommes veillaient à la porte d’enceinte : deux gonfanoniers d’Angleterre en brigantine vermeille portant au cœur l’écusson d’azur et de gueules aux lis et léopards, et deux picquenaires en cottes de mailles et jambières de fer. Ils croisèrent les hampes de leurs armes, interdisant toute approche. D’une voix méprisante et

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