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La Fille de l’Archer

La Fille de l’Archer

Titel: La Fille de l’Archer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Serge Brussolo
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d’ossements qui ne tarderaient pas eux-mêmes à devenir poussière !
    Bézélios ravale un ricanement. La superstition campagnarde est un puits sans fond, elle ne cessera jamais de l’esbaudir. Toutefois il se tient la bride courte car il lit la peur sur les visages qui font cercle autour du brasero. Il abandonne le vieillard à ses effets de bateleur et réfléchit à la manière d’aborder Coquenpot.
     
    Au-dehors le calme est revenu. Les boulets ont cessé de pleuvoir du haut des nuages.
    — De combien de catapultes dispose l’ingénieur ? demande Bézélios.
    Manito lève quatre doigts de la main gauche. Effectivement, cela explique la cadence rapprochée des envois quand on sait qu’une telle machine exige les efforts d’une trentaine d’hommes et ne peut tirer qu’une fois par heure. Bézélios se fait indiquer la route qui mène à la demeure de Coquenpot, qui ne peut être très éloignée étant donné la portée utile d’un mangonneau. Le vieux désigne un point, dans la brume. La visibilité réduite qui règne dans la vallée ne permet pas de distinguer les bâtiments.
    Sa gesticulation forcenée a fatigué le vieillard qui passe brusquement de l’exaltation à l’apathie. Le groupe se défait. Wallah et Javotte s’avancent au seuil de la caverne, suivies par les enfants que la mise de ces étrangères intrigue. Les plus hardis tendent la main pour toucher l’arc de Wallah.
    — M’est avis qu’on s’est flanqués dans un foutu pétrin, grommelle Javotte. Ces histoires de chevalier mort qui tient debout grâce à une armure magique, moi ça me tourne les sangs.
    Wallah est indécise. La chose ne lui paraît nullement impossible et, même, éveille en elle une certaine curiosité. Elle s’impatiente ; elle voudrait passer à l’action, se lancer à l’assaut de la montagne pour traquer le monstre.
     
    Plus tard, se promenant en compagnie des gosses, elle recueillera d’autres « témoignages ». À les entendre, tous ont vu le dévoreur d’assez près pour lui caresser le poil ! Ils s’accordent pour affirmer que la bête a deux têtes, l’une pour manger les femmes, l’autre pour engloutir les hommes. Ces deux têtes dorment et veillent à tour de rôle, si bien qu’il est impossible de surprendre le monstre dans son sommeil. Quant à la physionomie de la créature, c’est tantôt celle d’un homme très pâle à la grande bouche fendue d’une oreille à l’autre, tantôt celle d’un chien géant. Mais une chose est sûre : l’animal enfle au fur et à mesure qu’il mange. Un jour il deviendra trop gros pour se cacher, on le verra venir de loin et l’on pourra s’enfuir. Mais, ce jour-là, Coquenpot et son ami le baron ne seront plus à l’abri, car la bête immonde sera capable de renverser les murailles de leur château d’un coup d’épaule !
    Wallah ne comprend pas tout, car les mioches parlent trop vite, dans ce patois chantant aux sonorités italiennes ou ibériques. On lui dit que c’est non loin d’ici que Roland est mort en soufflant dans son olifant, et que cette terre a bu le sang de milliers de combattants arabes.
    *
    Bézélios, lui, a grand hâte de prendre congé de ces troglodytes dont les discours apocalyptiques risquent d’avoir raison des dernières miettes de courage de la troupe. Il se méfie de ces sympathisants cathares confits dans l’obsession de la pureté, la haine de la chair sous toutes ses formes. Il veut rencontrer Coquenpot au plus vite, essayer de conclure un accord avec l’inventeur.
     
    Il prend le parti de se rendre chez l’ingénieur accompagné de Wallah. Javotte et les autres, hagards, donneraient une piètre image de la compagnie. Il se fait encore une fois indiquer le chemin à suivre par Manito qui s’exécute d’un air réprobateur.
    — Tu risques de te faire aplatir avant d’y arriver, mon gars ! ricane-t-il. Parfois les machines tirent plus court. Beaucoup plus court. Tu te retrouveras comme un hérisson passé sous la roue d’une charrette !
    Mais Bézélios a pris sa décision : il quitte la caverne, Wallah sur ses talons. La brume le gêne. On n’y voit plus au-delà d’une dizaine de coudées. Il n’aime pas progresser ainsi, à l’aveuglette, sans savoir ce qui pourrait brusquement sortir du brouillard. Ils avancent en silence.
    De temps à autre, il leur faut contourner un boulet de cent livres fiché dans la boue. Certains arbres, frappés de plein fouet, ont été sectionnés à

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