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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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pour Casteljaloux
et ses hommes. Acceptez que Bérarde vous accompagne.
    — J’y vais aussi ! s’écria Élise.
    — Non ! trancha Jean en frappant son écu du poing.
    Élise en resta bouche bée. Elle contempla Jean d’un œil
navré et suppliant. Le jeune homme demeura ferme. Élise se sentit abandonnée. Elle
imagina les deux chevaliers emmenés sous bonne garde à Château-Vieux pour subir
le supplice dans les geôles du donjon. Sa vue se brouilla ; elle se revit
enfermée à la Maison Rouge avec d’autres femmes battues puis offertes aux vices
de la clientèle. Qu’allait-elle devenir si ses protecteurs disparaissaient ?
Quand Robert la prit par la main, elle pensait au suicide.
    — Crois-tu que nous allons t’abandonner ? Crois-tu
que la noble Aubeline te chassera de sa demeure si par malheur il nous arrivait
quelque chose ? J’en ai longuement discuté avec Jean. Ici, tu es en
sécurité, tu es considérée, tu es libre. Personne au village ne sait d’où tu
viens : tout le monde croira que tu es une parente d’Aubeline. Quand cette
page sera tournée, je t’emmènerai à Paneyrolle où chacun respectera ton corps
et tes idées, et je réengagerai le maître qui avait appris à lire, à écrire et
à jouer de la musique à ma pauvre épouse. Aubeline, ajouta le chevalier noir en
s’adressant à la jeune femme, garde-la bien.
    — Elle ne quittera pas mon ombre, je te le promets.
    — C’est pour ton bien, comprends-tu ? dit Robert
en caressant la joue mouillée de l’adolescente. Laisse-nous agir. Quand nous
aurons fait triompher le droit, tu deviendras la reine de Paneyrolle.
    Élise planta son regard désespéré dans le sien. Elle
écoutait son propre cœur ; elle l’écoutait clamer son amour pour cet homme.
    — Mais… je… je ne suis rien… Je n’ai pas de nom… pas de
fortune. Personne ne me respectera…
    — Depuis hier, intervint Aubeline, comme l’a laissé
entendre Robert, j’ai une petite cousine du nom d’Élise d’Aups dont les parents
ont péri durant la guerre contre les Catalans. Pour ta fortune, j’ai ma petite
idée.
    Aubeline lança un vague regard du côté de la Sainte-Baume, là où son père avait caché le trésor du Temple. Cette allusion ne fut pas du
goût de Bérarde qui montra son mécontentement en grognant comme un ours.
    — Tu auras aussi ta part d’héritage, ma Bérarde, continua
Aubeline. À la condition que tu me ramènes ces deux-là vivants.
    Élise voulut retirer sa main. Elle doutait du chevalier, elle
doutait d’Aubeline d’Aups. Toute sa vie elle avait été trompée, malmenée ;
Dieu seul savait si ces nobles étaient de parole.
    — Je les approuve et je t’aiderai également à t’établir
sur ces terres, dit Jean.
    Il s’approcha d’Aubeline et lui déposa un baiser dans le cou.
Élise fut saisie par cette tendre intention ; elle en oublia ses doutes. Jean
venait de déclarer officiellement qu’il aimait Aubeline et la petite en fut
transportée de joie. Elle abandonna sa main au chevalier noir. Ce dernier la
pressa, la retourna et, à son tour, il déposa un baiser dans la paume ouverte. Élise
était cramoisie.
    — Aie confiance, Élise. Chevaliers nous sommes et nous
te donnons notre parole : nous te protégerons, Élise d’Aups, et si Dieu le
veut, un jour tu ajouteras « de Paneyrolle » à ton nom, nous te
protégerons des barbares, nous te protégerons du dragon, nous protégerons ton
honneur. Tu es désormais la demoiselle de la Tour et je porterai tes couleurs lors des tournois de Noël.
    Non, Élise ne rêvait pas. Elle avait le visage en feu, les
oreilles bourdonnantes. Ses mains tremblaient. Les larmes glissaient au coin de
ses lèvres et elle goûtait le sel d’un bonheur absolu. Elle mourait d’envie de
se jeter dans les bras de Robert et de rester là à jamais.
    — Porte ce que j’ai de plus cher, ce sera ton bouclier,
murmura-t-elle.
    Elle défit une chaîne de cuivre de son cou. Trois petites
croix de fer y pendaient. C’était tout ce qu’on avait trouvé près d’elle un
soir de Pâques dans les chiffons qui l’emmaillotaient. Elle la lui passa autour
du cou, Robert sut alors qu’elle était sa promise.
    Quand ils partirent, Élise et Aubeline montèrent au sommet
de l’une des deux tours de la bastide. Elles les virent traverser les sillons
des champs, le bois du Latay, puis disparaître au creux d’un ravin. Elles
cheminèrent en pensée avec eux. Quand Aubeline s’en

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