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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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sous le heaume d’acier sombre, il les
pétrifiait. Celui qui l’accompagnait n’en paraissait pas moins terrible avec
les triples flammes sur son écu. Ces deux hommes sortaient de l’enfer, admit
une majorité de Signois. Ils ne pouvaient leur associer Bérarde connue pour sa
grande loyauté envers les dames. Pourquoi accompagnait-elle ces scélérats ?
    Un enfant se mit à pleurer en voyant la gueule de loup rouge
peinte sur le bouclier de Robert. Des gens se signèrent, d’autres poussèrent
les femmes enceintes à l’intérieur des maisons. Ils avaient peur du mauvais œil
des deux intrus ; les enfants risquaient de naître difformes, porteurs de
tares qui les condamneraient à l’enfermement, à l’exil, à la mort par noyade
dès leur premier cri.
    —  Aquel home es tout mal-an , il est le soldat du
diable !
    — Oui, cet homme est tout malheur, répéta l’épouse d’un
tonnelier en le défiant du regard. C’est un damné !
    La rumeur de malédiction, de diablerie et de mort s’enfla. Les
voix montaient, se brisaient sur les façades ; un écho naquit et se
répercuta de rue en rue, s’élevant à l’assaut de la colline où était bâti le
château des dames. Les Signois s’enhardissaient peu à peu. Ils finirent par
lancer des jurons pour allumer l’incendie. Un tanneur qui brandissait son
couteau à écorcher cria :
    — Le chevalier d’Agnis est avec ce démon !
    Le brouhaha et les criailleries se prolongèrent quelques
instants avant de s’achever dans un sanglot collectif. Les gorges s’étaient
serrées en même temps. C’était bien la croix surgissant d’un bouquet de flammes
sur l’écu du compagnon de Paneyrolle. Il y avait une forte prime offerte pour
sa capture. De l’or… On entendait sonner les sabots des deux montures. Hercule
reniflait et percevait l’hostilité de la foule ; ses oreilles pivotaient. Il
détectait les mauvaises intentions que son maître ne semblait pas craindre. Mais
il n’y avait pas que de la méchanceté. Les hommes étaient partagés ; il y
avait ceux qui serraient les poings sur leurs outils, ceux qui avaient envie de
s’engager à ses côtés contre le chevalier d’Aquitaine, et ceux enfin qui
étaient tentés de se réfugier dans la chapelle Saint-Jean toute proche.
    Un moine de Montrieux fendit la foule et se campa face aux
chevaliers. Son regard brûlait d’une passion mystique. En découvrant ce faciès
ascétique de prédicateur, Jean sut immédiatement que les ennuis commençaient. Bérarde
se fit plus menaçante ; sa hache fendait l’air méthodiquement et, à la vue
de cette arme de bourreau qui paraissait animée d’une vie propre, beaucoup
reculaient en désordre en se rappelant que la géante et la fille du templier
avaient tué la Bête. Le moine leva les bras et prit les villageois à témoin :
    — Signois, prenez garde au Malin ! Il est embusqué
partout ! Je le vois traînant ses sabots et sa fourche derrière ces deux
hommes.
    — Place, moine ! ordonna Robert.
    Les villageois reculèrent. Pas le monial. Il y avait
toujours la même foi ardente au fond de ses pupilles.
    — Voyez, bonnes gens, comme il vous guette à travers
les fentes de leurs casques ! Qui nous dit qu’il y a des visages d’homme
derrière ces masques de fer ? Et que fait cette muette avec eux ? Le
Malin est parmi nous ! Toutes ses ruses sont tendues, toutes ses perfidies
préparées ! Je vous le dis, mes amis, si vous laissez ceux-là monter à la
cour d’amour, de grands malheurs s’abattront sur Signes, la grêle ravagera vos
champs, les loups dévoreront vos troupeaux, la peste et le choléra achèveront
le désastre et vous serez précipités dans les flammes de l’enfer pour l’éternité !
    Exalté par son discours, le moine commit l’imprudence de
saisir brusquement Hercule par la bride. Le cheval de bataille entraîné à
défendre son maître le mordit cruellement au bras.
    — Démon ! Démon ! hurla le religieux en
bondissant en arrière.
    — Démon toi-même ! répliqua Jean. Jusqu’à ce jour,
mon destrier n’avait mordu que des Sarrasins et des Turcs. Passons ! jeta-t-il
à Robert.
    — Prenons la traverse, répondit calmement Robert.
    Un passage courait entre les maisons. Un raidillon aux
larges marches menait directement au château des dames. Mais là encore les
masures plus anciennes qui le flanquaient avaient déversé des chapelets de
curieux qui barraient le chemin. Bérarde prit la tête

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