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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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arrêté.
Bertrane sentait battre son cœur contre le manche du poignard. La lame brillait,
prenait vie, l’horrifiait. Elle eut le sentiment que tout ce qu’elle avait
entrepris pour le bonheur des hommes allait prendre fin. Elle se remémora les
instants délicieux passés à la cour d’amour.
    Et si tout devait s’achever ici ?
    C’était impossible ! Sa tâche sur cette terre était
encore immense. Elle prit conscience de ses erreurs. De ses désirs inavoués. Elle
savait comprendre l’amour, en donner des définitions précises devant la haute
assemblée des femmes de Signes. Elle, la vierge… Quelle que fût sa nature, l’amour
était ailleurs que dans les interprétations de son esprit et elle ne le
rencontrerait jamais.
    Stéphanie fit un pas en avant en rejetant sa chevelure
parsemée de fils gris en arrière.
    — Nos agresseurs font mouvement.
    Elle montra du doigt un buisson à Guillaume dont la tête
dodelinait de droite à gauche. Le bedonnant prieur perçut les bruits infimes
émanant des profondeurs de la forêt, il déchiffra le langage intelligible des
fougères foulées et des craquements de brindilles.
    Montrant soudain leurs faces patibulaires, les sept bandits
hurlèrent à l’unisson avant de se précipiter sur les trois pèlerins. Isembart n’eut
d’yeux que pour Bertrane ; il avait déjà oublié les recommandations du
Bâtard. Il beugla des obscénités, trébucha sur une racine, roula à terre puis
se releva. Le travail lui paraissait d’une facilité dérisoire : on allait
trouer la panse du gros, massacrer la femme hargneuse qui était à la tête du
trio et forcer la plus jeune à ouvrir les cuisses et la bouche. Après on
verrait. Une franche rigolade.
    —  À l’asard Bautesar ! clama Stéphanie qui
attendait de pied ferme la racaille grimaçante qui braillait et ricanait.
    La devise aurait dû mettre les soudards en garde, comme le
lointain galop se répercutant sur les rochers dressés en sentinelles, mais ils
se sentaient si supérieurs qu’ils ne ralentirent pas leur course, sourds aux
menaces. Le premier alla droit vers Stéphanie. Il ne distingua même pas l’éclair
de la lame ; il sentit juste l’acier lui traverser la poitrine. Les deux
traînards se retournèrent au dernier moment pour voir surgir les démones à
cheval. Aucun des deux ne put parer ou éviter la lance d’Aubeline et la hache
de Bérarde. L’un, la poitrine embrochée, fut cloué contre un chêne, l’autre, par
les yeux de sa tête décapitée qui volait dans les airs, vit son corps s’effondrer.
    — Dieu est avec nous ! dit Stéphanie en apercevant
la fille du templier et la Burgonde.
    Elle retira son épée du poitrail ennemi. Le sang poissait sa
main et répandait sa chaleur. Elle renversa d’un coup de pied l’homme qui
mettait du temps à crever, puis esquiva un méchant coup. Tout près d’elle, Guillaume
ahanait en bénissant un gaillard avec sa masse. La boule hérissée de pointes
enfonça le front de son adversaire qui en perdit sa cervelle.
    — Seigneur Jésus ! Ayez pitié de ces pécheurs !
cria le chapelain en fouettant l’air avec son arme lourde.
    C’était mal parti. Isembart révisa son optimisme en voyant
quatre des siens étendus raides sur le chemin. D’où sortaient ces deux louves à
cheval qui se battaient comme des chevaliers ? Qui était cette femme
maniant plus habilement l’épée qu’un sergent de l’armée du roi de France ?
Ce lâche de Bâtard ne venait pas à leur rescousse. Il houspilla la paire de
survivants en se frayant un chemin entre les ronces.
    — Tenez-moi ces femelles et le moine en respect. Fatiguez-les !
Je m’occupe de la plus jeune.
    La plus jeune, Bertrane, avait grimpé le long d’un sentier
escarpé ; elle attendait les agresseurs le dos contre la roche. Il la
jaugea rapidement. Elle était faible, ne savait comment se servir du poignard
qu’elle tenait du bout des doigts. Il s’élança en poussant un cri guttural.
    Bertrane prit peur. Stéphanie, Guillaume, Aubeline et
Bérarde avaient du mal à progresser, les deux soudards résistaient avec la rage
du désespoir, portant des coups terribles. Elle regarda autour d’elle, puis se
mit à courir en direction des arbres. Sa bure de pèlerin la gênait ;elle
ne pouvait pas sauter. Des ronces l’agrippèrent, lacérèrent sa peau à travers l’épaisse
serge.
    Marie Madeleine, viens à mon secours ! lança-t-elle en
s’arrachant aux épines.
    Elle

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