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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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entendit le ricanement diabolique d’Isembart dans son
dos. Il se rapprochait. Lui taillait la ronceraie avec son épée, les épines
glissaient sur sa cotte de mailles. Il avançait à grandes enjambées sur sa
proie dont il devinait les formes agréables sous le grossier vêtement. La femme
parvint à la lisière de la forêt sans espoir de s’y cacher : il était déjà
sur elle.
    — Tu es à moi ! beugla-t-il en plissant ses yeux
où s’inscrivirent des désirs de bête.
    Ces mots la paralysèrent. Elle essaya de se jeter entre deux
troncs serrés afin de retarder son ennemi mais la force lui manqua. Elle
trébucha, tomba en avant, se meurtrit la face sur des racines, puis rampa sur l’humus
odorant. Elle répéta le nom de la sainte qui veillait sur la montagne sacrée
toute proche, mais aucune aide ne lui vint du ciel qu’elle entrevoyait à
travers les feuillages.
    La main d’Isembart se tendit, se saisit de la longue
chevelure brune et la tira pour dévoiler le beau visage terrorisé.
    — Ah ! souffla-t-il. Tu m’as fait courir mais tu
en vaux la peine.
    Il n’avait jamais vu une telle beauté. La bouche sensuelle
tremblait, les yeux immenses et noirs laissaient perler des larmes pareilles à
des gouttes de rosée, la peau douce était de lait.
    Elle pointa son poignard avec une gaucherie d’enfant. Du
poing fermé sur le manche de l’épée, il écarta cette lame inoffensive qui sauta
de la main ivoirine de Bertrane. Il jouissait déjà sans se soucier des deux
sbires qu’il avait laissés derrière lui pour le défendre. Isembart était un
primaire. Son sang l’emportait sur sa pauvre intelligence. Ses lèvres rejetèrent
une écume blanche, la pudeur excessive de sa proie au regard hagard ne faisait
qu’augmenter son désir.
    — À moi ! cria-t-elle dans un sursaut de lucidité.
    — C’est ça, ma belle, crie ! Crie !
    Il ne pensait plus à sa mission, au Bâtard qui attendait la
preuve de son forfait. Toute sa violence montait par brusques saccades jusqu’à
son ventre. Se délestant de son épée, il immobilisa complètement Bertrane sous
lui. Ses mains palpèrent les seins avant de les dénuder. Il se mit à les pétrir
sauvagement tandis que sa bouche s’acharnait à trouver celle de la belle, mais
cette dernière se dérobait à chacune de ses tentatives.
    — Tu vas y passer ! Rien ne sert de résister !
    Isembart avait ses méthodes. Il avait l’habitude.
    Quand il ne pouvait pas amadouer les pouliches rétives, il
les assommait. Il se dit que ce serait dommage d’abîmer un si beau minois.
    À un moment, étrangement, elle cessa de se débattre. Son
visage de porcelaine, d’une pâleur de morte, se figea. Isembart triompha. Dans
son excitation, il ne vit pas l’ombre s’étendre sur lui, ne s’étonna pas de la
docilité soudaine de la femme. Il se redressa pour remonter la bure sur ses
cuisses. Tout allait se dérouler très vite à présent. La pénétrer d’un coup de
reins, l’entendre hurler. Se libérer dans les chairs violentées. L’étrangler…
    Juste avant de la forcer, il resta comme suspendu dans les
airs, arqué sur le ventre blanc qui palpitait, une main pressant son membre
contre la toison brune, mais il ne s’abattit pas en elle, il n’en eut pas le
temps. Quelque chose pénétra dans son dos. Quelque chose de froid se fraya un
chemin entre ses côtes, sonda ses poumons et frôla son cœur. Brusquement la
douleur se répandit en lui, lui arracha un gémissement, puis le fer qui le
torturait apparut sur sa poitrine.
    Isembart s’affaissa doucement sur le flanc.
    — Ce chien méritait bien plus, dit une voix que
Bertrane ne reconnut pas.
    Elle avait toujours le regard fixe. La brute qui venait de
la sauver essuya la lame de son épée sur le haut-de-chausses du cadavre qu’elle
avait fait rouler sur le côté. La peur tétanisait la dame de Signes. Elle
connaissait ce chevalier mais elle ne pouvait mettre un nom sur son visage.
    — Tu ne m’as jamais vu, fît-il avec dépit.
    Le Bâtard ne savait pas ce qui l’avait poussé à agir ainsi. Il
avait assisté à la poursuite, contemplé sans faillir Isembart se préparer au
viol. Tout se passait selon le plan. Puis il y avait eu cette bouffée de
chaleur dans sa poitrine ; la honte montant en lui. On ne pouvait salir
ainsi la dame d’amour. Ce qui restait de son âme chevaleresque s’était rebellé
à l’idée de ce crime. La dame de Signes était adorée, chantée pour sa vertu.

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