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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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pire espèce, des chevaliers brigands du Nord qui rôdaient vers le mont
Aurélien et il m’a semblé reconnaître ce serpent d’Odet d’Alègre à leur tête.
    — Le Bâtard de Trets ? s’étonna Aubeline.
    — Oui, l’âme damnée d’Hugon.
    — Par les cornes du diable ! fit Bérarde avant d’enfourner
un gros morceau de pain.
    — Oui, renchérit Aubeline. C’est une affaire du diable
et c’est à nous d’intervenir. Ça sent le soufre et le meurtre. Nous devons
sur-le-champ retrouver le Bâtard ! Merci pour le vin et le pain, mon bon
Mayeul.
    Aubeline se précipita vers sa monture, suivie par Bérarde
qui fixait sa hache en travers de son dos.
    — Je viens avec vous ! s’écria le moine.
    — Non ! Nous ne pouvons te prendre en croupe sans
crever nos bêtes. Prie pour nous. Si Dieu le veut, nous nous retrouverons sur la Sainte-Baume.
    — Que Dieu vous protège ! lança-t-il alors qu’elles
s’éloignaient au galop.
    Isembart, en trois jours, s’était gavé et saoulé. Il avait
aussi passé une nuit avec une fillasse polonaise qui, de bordel en bordel, s’était
vendue à des centaines d’hommes avant d’échouer en Provence. Mais il paraissait
toujours aussi maigre, pâle et de mauvaise humeur. Ses yeux, pareils à des
tisons rouge sombre, et ses joues creusées, bleuies par une barbe naissante car
il avait rasé la broussaille pleine de vermine à sa sortie de prison, lui
donnaient un air inquiétant. On lui avait rendu ses armes et ses envies de
pillage, remis des habits neufs et de l’argent frappé à l’effigie de l’empereur
germanique. On lui avait promis le triple de la somme et des sauf-conduits à la
réussite de sa mission.
    — Quand on en aura fini avec les donzelles et le moine,
dit-il à ses hommes, on empochera l’argent et on filera en Italie du Sud chez
les Normands. Ils ont besoin de capitaines depuis que leurs barons et leurs
chefs sont partis aux croisades. Il y a des fiefs à prendre par là-bas. En
serez-vous, vous trois ? demanda-t-il aux prisonniers qui avaient été
libérés en même temps que lui et ses complices.
    Les trois brutes, voleurs chevronnés ayant exercé leurs
talents à Avignon avant de se mettre au service d’un seigneur brigand de Permis,
grognèrent leur assentiment.
    Vous ne le regretterez pas, je ferai de vous des hommes
riches !
    Sur ces mots, il cracha. Il se sentait la poitrine embarrassée
de tout ce qu’il avait respiré d’excréments et de miasmes pestilentiels dans le
trou où ce maudit Bâtard l’avait fait jeter.
    Je le crèverai avant de partir, se dit-il tout bas en
imaginant la grande carcasse du Bâtard embrochée au bout de son épée.
    Méfiants, ses hommes lorgnèrent la lame qu’il agitait sans
cesse. Il se mit à pester contre le soleil implacable qui roussissait les
herbes et desséchait les rivières. Il étouffait sous les feuillages agités par
un vent qui n’apportait aucune sensation de fraîcheur. Dans cette forêt de
chênes, l’ombre retenait la chaleur, les odeurs fortes des plantes devenaient
insupportables pour des gens du Nord. Il reporta son attention sur une
clairière coupée par la route. Il tendit l’oreille, s’efforçant de trier les
sons se mêlant aux plaintes du mistral.
    — Le voilà enfin ! dit-il soudain.
    À ses côtés, les brutes remuèrent, étonnées de ne rien voir,
puis l’une d’elles s’exclama :
    — Le Bâtard ! Par la queue du diable ! Comment
as-tu deviné ?
    Isembart haussa les épaules. Il ne désirait pas s’expliquer.
Sa mère avait des dons de sorcière, son père ressemblait à un loup. Il avait
hérité d’un instinct puissant.
    Le Bâtard poussait sa monture au galop. Sa cape brune
flottait au vent et la grande épée byzantine attachée sur le flanc gauche du
cheval lançait des éclairs métalliques.
    — Les autres ne vont pas tarder, en conclut Isembart en
passant ses doigts sur le fil de sa lame.
    Un frisson de plaisir le dérida. Quelque chose qui
ressemblait à un sourire déforma le bas de son visage au menton lourd.
    — Qui veut-on nous faire tuer ? demanda l’un de
ses compagnons.
    — Est-ce que je sais, moi ? Des traîtresses, je
crois, répondit-il.
    Il n’en avait cure. Il aurait occis sa mère et ses sœurs
pour bien moins. Un meurtre était un meurtre. Un instant d’émotion et de
jouissance intenses qui mettait vos sens en ébullition. Une tempête qui vous
emportait bien plus loin qu’une éjaculation dans le

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