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La Fille Du Templier

La Fille Du Templier

Titel: La Fille Du Templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Thibaux
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Bérarde haussa les épaules. Son amie, la fille
du templier, était bien naïve. En attendant il fallait enterrer chrétiennement
le corps de Germain. C’était le premier devoir à accomplir. Après tout, il ne s’était
pas suicidé. Et l’on vit alors cette chose étrange. La Burgonde s’agenouilla près de Dooudina qui se lamentait toujours sur la dépouille de son
homme et se mit à prier. Les unes après les autres, les dames l’imitèrent. Puis
les familles des coupeurs de bois unirent leurs voix à celles des femmes de la
noblesse. Les soldats enfin lâchèrent leurs lances et s’abandonnèrent à la foi
collective. Du vallon de Massebœuf monta le plus fervent des Notre Père. On l’entendit
jusqu’au pont du Diable, mais là il n’y avait pas de croyants pour s’adresser
au ciel.

17
    Le templier avait une lourde charge. Ses responsabilités dépassaient
de loin celles fixées par les règles de l’Ordre. Pourquoi l’avait-on choisi lui
parmi tant de frères valeureux ?
    « Parce que tu es natif de la Sainte-Baume », lui avait répondu le grand maître. Deux autres chevaliers avaient été
également désignés. Un Breton né sur l’île de Gavrinis et un Audois originaire
de Couiza. Trois, un chiffre sacré. Trois pour une mission sacrée. Chacun
devait emporter et cacher dans des lieux secrets et protégés les
extraordinaires trésors découverts dans les souterrains du Temple de Jérusalem
ainsi que le huitième de l’or amassé depuis la fondation de l’Ordre.
    En vérité, Othon d’Aups cherchait un motif qui l’aurait
empêché de retourner en Provence. Sa place était ici aux côtés des croisés, des
teutoniques, des hospitaliers, de tous ceux qui combattaient les infidèles. Sa
place était sous ce soleil implacable, dans ces espaces arides où s’enracinaient
les oliviers et les palmiers, dans cette Judée où le Christ avait fait des
miracles, choisi les douze apôtres, s’était sacrifié pour sauver les hommes. Il
avait chevauché sans but depuis Jérusalem. Il s’aperçut qu’il était non loin de
Bethléem. Son cœur battit plus fort. Un groupe de femmes voilées, des cruches
sur la tête, menaient des chèvres. Un village blanc étageait ses toits plats
sur une colline où poussaient des orangers.
    C’était comme dans la Bible ! Il ne pouvait se résoudre à quitter bientôt cette terre. Certes, il ne resterait pas en Provence. Mais
traverser les mers en ces temps difficiles était une épreuve que seuls les
marchands italiens poussés par l’appât du gain s’imposaient régulièrement. Et
Dieu seul savait ce qui l’attendait là-bas. La guerre avait été perdue par
Stéphanie des Baux. Le comte de Barcelone, Raymond Bérenger, était devenu l’un
des hommes les plus puissants d’Occident. Othon pensait souvent à sa fille
Aubeline et il éprouvait de la honte. Son égoïsme, sa faim de guerre sainte, sa
soif du Christ, son mysticisme l’avaient conduit à abandonner sa chère enfant. Il
n’avait aucune nouvelle d’elle, il craignait qu’elle fut morte. Pourquoi ne lui
avait-il jamais écrit ? Il connaissait la réponse : il appartenait à
l’ordre des chevaliers du Temple, à une organisation militaire et religieuse
qui n’admettait aucun sentimentalisme. Quand on épousait l’Ordre, quand on
revêtait les habits blancs frappés de la croix, on tirait un trait sur son
passé.
    Les femmes voilées s’écartèrent en lui jetant des regards
furtifs. Les templiers étaient craints. Il n’y fit pas attention. Il poussa son
cheval vers un tertre. De cette position, il put embrasser des horizons
lointains et bleutés, un océan de pierres et de sable, des dizaines de chemins
se perdant dans des torrents asséchés peuplés de serpents et de scorpions. Son
âme était là, brûlante d’une foi que rien ne pouvait éteindre. Son amour pour
Aubeline ne comptait pas. Il reviendrait mourir ici.
    Othon sauta de cheval et tomba à genoux. Sa voix se fit plus
forte que celle du muezzin appelant les musulmans à la prière.
     
    À pleine voix, je crie vers le Seigneur !
    À pleine voix, je supplie le Seigneur !
    Je répands devant Lui ma plainte,
    Devant Lui, je dis ma détresse.
    Lorsqu’au combat, le souffle me manque,
    Toi Tu soutiens mon épée.
    Lorsque dans la mêlée, ma raison s’égare
    Toi, Tu sais mon chemin.
    Sur le sentier où j’avance,
    Un piège m’est tendu.
    Regarde à mes côtés et vois :
    Personne qui me connaisse !
    Ni le Grand

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