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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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croire qu’il eût commis cette insigne maladresse de venir se faire arrêter bêtement sous ses yeux.
    Pardaillan s’attendait-il à un tel accueil ? Peut-être. Si nous nous en rapportons à ce pétillement malicieux qui luisait au coin de ses prunelles, une chose nous paraît tout à fait certaine : c’est que l’attitude du petit roi ne lui déplaisait pas. Au contraire.
    Cependant, après avoir lancé son appel, le roi, d’un air de dédain écrasant, laissait tomber, d’une voix grondante :
    – Cà ! Etes-vous ivre ou fou, mon maître ? Et d’abord, qui êtes-vous ?
    Dédaignant de relever la première question, Pardaillan, avec un calme qui parut extravagant à Louis XIII, répondit à la seconde. Et le regardant en face de son regard clair, martelant chaque syllabe, comme s’il voulait attirer tout particulièrement l’attention sur son nom :
    – Je suis le chevalier de Pardaillan, dit-il.
    Il est hors de doute que Pardaillan avait de bonnes raisons de croire que son nom produirait un certain effet sur le roi. Il est de fait que, dès qu’il l’eut entendu, l’attitude du roi se modifia du tout au tout. Cet accès de colère qui l’avait saisi tomba comme par enchantement. Ce ne fut plus un œil courroucé qu’il fixa sur le chevalier. Ce fut un regard étonné, brillant d’une admiration puérile. Et ce fut avec une sorte de respect involontaire, qui chatouilla Pardaillan comme la plus délicate des flatteries, qu’il s’écria, en frappant dans ses mains d’un air émerveillé :
    – Le chevalier de Pardaillan !
    Et il le dévorait des yeux, avec la même expression de naïve admiration qui commençait à embarrasser sourdement le chevalier, demeuré aussi modeste qu’aux jours lointains de son héroïque jeunesse. Et il oubliait qu’il avait appelé son capitaine des gardes pour le faire arrêter. Il oubliait que cet appel avait bouleversé sa cour et fait accourir avec le capitaine appelé toute une troupe de défenseurs qui brûlaient du désir de se signaler par leur zèle. Il oubliait tout, il ne voyait rien… Rien que Pardaillan qu’il considérait toujours d’un air rêveur.
    Mais s’il l’oubliait, lui, Concini n’oubliait pas. S’il avait pu voir le visage du roi, nul doute qu’il eût gardé un silence prudent, comme faisait Vitry, raide et impassible comme un soldat à la parade, comme le faisaient tous ceux qui avaient formé le cercle et attendaient patiemment que le roi s’expliquât. Malheureusement pour lui, le roi lui tournait le dos.
    Concini ne vit donc pas le changement extraordinaire qui s’était fait dans l’attitude du roi. Concini continua de croire que cette fois il tenait le damné Pardaillan. Et comme il se sentait fort, ayant derrière lui ses quatre lieutenants, Louvignac, Roquetaille, Longval et Eynaus qui l’avaient rejoint, comme il vit que le roi ne se pressait pas de parler et qu’il avait hâte d’en finir, lui ; comme enfin il se croyait tout permis, il fit, avec son impudent aplomb, ce que nul n’osait se permettre : il vint se courber devant le roi avec ce respect démesuré qu’il affectait de lui témoigner et, avec un sourire mielleux, de sa voix insinuante où, malgré lui, éclatait la joie terrible qui le soulevait :
    – Sire, j’ose espérer que Votre Majesté ne me fera pas cet affront immérité de confier à d’autre qu’à moi, qui suis le plus dévoué de ses serviteurs, le soin d’arrêter cet aventurier.
    Et se redressant, promenant autour de lui un regard de défi, dans un grondement menaçant :
    – D’ailleurs ce soin me revient de droit… Et je pense que nul, ici, n’osera me contester ce droit.
    Un silence de mort suivit cette impudente et très imprudente bravade. Aucun de ceux à qui elle s’adressait ne s’avisa de la relever. Pour une excellente raison : ceux-là étaient tous des partisans du roi. Par conséquent, des ennemis plus ou moins déclarés du maréchal d’Ancre. Ceux-là avaient eu soin de se placer devant le roi, de manière à le voir et à être vus de lui. Ceux-là comprirent aussitôt que le maréchal était en train de s’enferrer. Et ils se gardèrent bien de répondre autrement que par des sourires féroces, à peine déguisés.
    Concini ne comprit pas encore, lui. Il ne vit qu’une chose : c’est que personne n’osait lui contester ce droit qu’il s’arrogeait peut-être. Et il se redressa, plus insolent que jamais. Et d’un regard triomphant, luisant

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