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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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douloureusement affecté d’une victime innocente et résignée. Et courbé dans une attitude de respect qui allait jusqu’à l’humilité, avec un air de touchante dignité dont plus d’un fut dupe – à commencer par le roi –, il se plaignit doucement :
    – Il est affreusement pénible pour un bon et loyal serviteur de se voir traité aussi durement, alors qu’on n’a péché que par excès de zèle.
    Il convient de dire ici qu’il n’était pas dans la pensée du roi d’en finir violemment avec Concini, comme le lui conseillaient ses trop ardents amis. Si jeune qu’il fût, il savait calculer déjà, et il se rendait très bien compte que le moment n’était pas encore venu pour lui d’agir en maître. Il n’avait vu qu’une occasion d’humilier le favori. Il l’avait saisie avec joie et empressement. Il n’entendait pas aller plus loin. Peut-être même estimait-il qu’il s’était laissé entraîner à dépasser quelque peu la mesure. Ce qui était vrai, il faut le reconnaître.
    L’apparente soumission de Concini avait tout lieu de satisfaire son amour-propre. Il fut assez raisonnable pour se contenter de ce demi-succès. De plus, il fut assez délié d’esprit pour comprendre que cette soumission et les paroles mêmes de Concini lui offraient un excellent prétexte pour revenir en arrière, sans que cette reculade parût humiliante pour lui.
    Et il imposa silence à ses amis, d’un coup d’œil impérieux. Et ce fut sur un ton très radouci qu’il répondit :
    – J’ai peut-être été un peu vif, je le reconnais. Mais cela tient à l’impétuosité de mon âge. Puis, vous savez aussi bien que moi, monsieur le maréchal, qu’un zèle intempestif peut être aussi irritant qu’une négligence coupable. Cependant, à tout péché miséricorde, et je ne veux me souvenir que de vos bons services passés et de la bonne intention qui vous a fait agir. N’en parlons plus, monsieur le maréchal.
    – Vous voyez, glissa Fausta à Marie de Médicis, vous voyez que vous avez bien fait de ne pas vous en mêler. Votre intervention n’eût fait qu’envenimer les choses. Au lieu de cela, voici le roi qui fait volontairement réparation.
    – N’importe, murmura la rancunière Léonora, j’espère bien, madame, que vous le tancerez en particulier, de telle sorte que pareille algarade ne se reproduise plus.
    – Sois tranquille, promit Marie de Médicis, je le morigénerai comme il convient.
    Concini respira plus librement. La secousse avait été rude, très rude. Mais en somme il s’en tirait mieux qu’il n’eût jamais osé l’espérer. Et la réparation, assez maigre, que le roi lui accordait spontanément, le satisfit pleinement… pour l’instant. Et il sourit. Et il recommença à se redresser. Et il jeta de nouveau des regards triomphants sur ses ennemis déçus dans leurs espérances.
    Cependant, le roi avait son idée de derrière la tête, qu’il poursuivait avec ténacité. Il venait de sourire à Concini : manière de mettre un baume sur les blessures cuisantes qu’il venait de faire à son amour-propre. Il se fit de nouveau sérieux. Et il reprit.
    – Mais ce mot d’aventurier que vous avez lancé à l’adresse de M. de Pardaillan, je ne puis le supporter. Et je vous avertis, monsieur le maréchal, que j’ai mis dans ma tête que vous lui rendrez la réparation que vous lui devez. A ce prix-là seulement, je vous rendrai, moi, toute ma faveur.
    Concini ne s’attendait pas à ce nouveau coup. Il recula, grinçant des dents, bien résolu, cette fois, à se faire hacher sur place plutôt que de subir une telle humiliation.
    Le roi feignit de ne pas voir ce mouvement de recul significatif. Il vint se placer près de Pardaillan, qui était fort intrigué maintenant, et, aussi, horriblement gêné, car il flairait qu’il allait être l’objet d’une manifestation flatteuse, qui, loin de le combler de joie et d’orgueil comme tant d’autres, à sa place, n’eussent pas manqué de l’être, offusquait son incorrigible simplicité. Et il lui prit la main. Et l’air grave, d’une voix forte, qui ne bégayait pas, comme il lui arrivait, dans ses moments d’émotion, au milieu d’un silence religieux, il prononça les stupéfiantes paroles que voici :
    – Mesdames, messieurs, le roi de France ne croit pas déchoir en vous présentant lui-même M. le chevalier de Pardaillan. Dira-t-on que c’est là un honneur unique dans les fastes de cette cour

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