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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lèvres s’agitèrent comme pour lancer un ordre de mort. Mais de ses lèvres crispées, aucun son ne jaillit. Alors, de nouveau, son œil sanglant fureta autour de lui. Peut-être pour chercher Vitry, son capitaine des gardes. Ce ne fut pas Vitry qu’il découvrit. Ce fut un inconnu qui, à quatre pas de lui, le considérait avec une pitié attendrie qu’il ne cherchait pas à dissimuler.
    Cet inconnu, c’était Pardaillan.
    Cette pitié qu’il lut clairement sur le visage du chevalier, cette pitié l’atteignit comme une insulte cinglante. Le pauvre petit roi dut avoir alors le sentiment affreux de sa faiblesse et de son impuissance, car il ploya les épaules et baissa la tête, comme honteux. Et cependant ses lèvres continuaient à s’agiter faiblement, toujours sans émettre aucun son.
    Mais cette pitié d’un petit gentilhomme inconnu de lui lui était décidément intolérable, lui paraissait plus humiliante que l’insolente attitude de Concini. Un sursaut d’orgueil le redressa instantanément. Et il prit aussitôt un masque de dédaigneuse indifférence, pour dissimuler sa cuisante humiliation. Mais, sans le voir, il sentit peser sur lui le regard apitoyé de cet inconnu. Il souffrit atrocement dans son orgueil abaissé. Il voulut se soustraire à l’obsession irritante de ce regard obstinément rivé sur lui.
    Il ne voulut pas aller à droite : Concini se pavanait de ce côté. Il ne voulut pas non plus aller à gauche : l’inconnu contre lequel il éprouvait une sourde rancœur s’y trouvait. Il fit un mouvement pour se mettre en marche, droit devant lui. Il ne regardait ni à droite ni à gauche. Et cependant, en s’ébranlant, il vit très bien que l’inconnu en faisait autant. Il vit que cet inconnu franchissait en deux enjambées énormes la distance qui le séparait de lui pour venir se courber, très respectueusement d’ailleurs, devant lui. Et, livide, les lèvres tremblantes – de colère, cette fois, une colère terrible qui venait de se déchaîner en lui –, il dut s’arrêter pour ne pas se heurter à lui. Et il entendit, comme dans un rêve, la voix de Pardaillan, qui, très tranquille, murmurait :
    – Dites un mot, Sire, un seul, et je saisis le Concini au collet. Et je l’envoie, par cette fenêtre, se briser sur le pavé de la cour.
    Si le roi avait connu Pardaillan, il est certain qu’il n’eût attaché aucune importance à ce double manquement à l’étiquette qu’il se permettait, en parfaite connaissance de cause, d’ailleurs : adresser la parole au roi sans y être invité et – ce qui était plus grave encore, malgré le respect évident de l’attitude – se camper devant lui de telle sorte qu’il paraissait lui barrer le passage. Si le roi avait connu Pardaillan, cette proposition qu’il lui faisait avec cette tranquille assurance, comme la chose la plus simple du monde, lui eût paru, à lui aussi, très naturelle.
    Par malheur, le roi ne connaissait pas Pardaillan. Cette pitié qu’il avait lue dans ses yeux, en l’humiliant, avait commencé par l’indisposer contre lui. Son attitude, qu’il prit pour une inconvenante audace, avait déchaîné sa colère. Enfin, cette proposition lui parut si extravagante qu’il pensa que l’insolent gentilhomme qui la lui faisait osait se moquer de lui. Ce qui acheva de l’exaspérer contre le chevalier. Il se redressa, l’air hautain. Et, d’une voix éclatante, il lança :
    – Holà ! Vitry !…
    Cet appel tomba comme un pavé au milieu d’une mare à grenouilles. Vitry, Luynes, Ornano, Bellegarde, Lesdiguières, Thémines, Crépi, Brulart de Sillery, le prévôt, tous, des quatre coins de la salle, ils se précipitèrent vers le roi. Et le premier de tous, entraînant à sa suite toute une troupe de seigneurs, appelant d’un geste impérieux ses quatre chefs dizainiers, Concini, les yeux étincelants d’une joie sauvage : il avait reconnu Pardaillan et il pensait bien le tenir, cette fois.
    La reine, Fausta, la marquise d’Ancre, toutes les femmes demeurèrent clouées sur place. Mais toutes suspendirent leurs conversations. Toutes tournèrent des visages attentifs de ce côté. Léonora, une flamme de contentement dans ses yeux noirs : comme Concini, son époux, elle croyait que c’en était fait de Pardaillan. Fausta, avec un imperceptible froncement de sourcils qui trahissait plus d’inquiétude que de satisfaction : elle connaissait bien Pardaillan, elle, et elle avait peine à

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