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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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inconnue est réelle, je ne saurais trop vous engager à ne pas quitter cet appartement.
    – Pourquoi, madame ?
    – Parce que vous tueriez votre mère aussi sûrement que si, de votre propre main, vous lui plongiez un poignard dans le cœur.
    Ceci était dit sur un ton et avec un air tels que Florence ne douta pas un instant de sa parole. Et frissonnante d’épouvante, sans hésiter, elle promit :
    – Je ne bougerai pas de cette chambre.
    – N’exagérons rien, dit Léonora avec un sourire livide, vous pouvez aller et venir à votre aise dans cet appartement qui est le mien.
    – Je préfère ne pas quitter cette pièce, ce sera plus prudent, répéta la jeune fille.
    – Ce sera comme vous voudrez, dit Léonora, cachant sa satisfaction sous un air d’indifférence admirablement joué.
    Elle était sûre que la jeune fille tiendrait parole : elle l’avait bien jugée. Cependant, toujours prudente, elle ne s’en rapporta pas entièrement à elle. Et elle organisa autour d’elle une surveillance discrète, mais très étroite. Cette surveillance s’exerça avec tant d’adresse que Florence ne la soupçonna même pas. Elle tint parole, d’ailleurs, et ne bougea pas de cette pièce, où elle-même s’était confinée. Elle put croire que sa réclusion était bien volontaire et qu’il ne tiendrait qu’à elle de la faire cesser quand il lui plairait. En réalité, elle était bel et bien prisonnière, et si elle avait essayé de sortir, elle se serait aperçue qu’il lui était impossible de quitter cet appartement. Mais elle n’éprouva pas un instant la tentation de le faire.
    Avait-elle oublié son fiancé, Valvert ?
    Non. Elle pensait constamment à lui. Mais elle ne voulait rien tenter pour se rapprocher de lui. Et même elle était bien décidée à le fuir si, par extraordinaire, il parvenait à la découvrir et à s’approcher d’elle. Cette résolution paraîtra peut-être étrange, incompréhensible. Elle s’explique pourtant, et voici comment :
    Florence, malgré le calme qu’elle montrait, savait très bien qu’elle n’était pas en sûreté près de ce père et de cette mère qui l’avaient condamnée dès sa naissance. Elle savait que sa vie était menacée et ne tenait qu’à un fil. Elle le savait, elle l’avait compris dès l’instant où sa mère, qu’elle venait de retrouver, lui avait donné l’ordre de la suivre. Sachant cela, elle l’avait suivie, malgré l’opposition de son fiancé qui, si on s’en souvient, avait voulu l’empêcher de commettre cette folie. Car Valvert, aussi bien et mieux qu’elle peut-être, savait à quoi elle s’exposait en se livrant à la merci d’une mère monstrueusement égoïste, qui se dressait devant elle en ennemie mortelle parce qu’elle ne voyait en sa fille, miraculeusement sauvée, que la preuve vivante de son déshonneur.
    La sachant en péril, il était certain que si Valvert parvenait à la découvrir, il l’arracherait, au besoin malgré elle, aux griffes qui la tenaient et s’apprêtaient à la lacérer. Et cela, elle ne le voulait pas. Fût-ce en la payant de sa vie, elle voulait satisfaire cette curiosité maladive qui lui avait fait dire qu’elle voulait voir « ce que sa mère allait faire d’elle ». Paroles qui, en réalité, signifiaient qu’elle voulait voir si sa mère aurait le triste, l’affreux courage de condamner à nouveau sa fille qu’une manière de miracle avait sauvée autrefois.
    Par suite de quelle aberration cette enfant, qui avait toutes sortes de raisons de tenir à la vie, s’obstinait-elle dans ce qui peut être considéré comme une manière de suicide ? Ceci, nous avouons humblement que nous ne nous chargeons pas de l’expliquer. Pas plus que nous ne tenterons d’expliquer ce sentiment d’adoration qu’elle éprouvait pour cette mère qu’elle eût été en droit de détester, comme l’avait dit un peu rudement Léonora à Marie de Médicis. Certaines natures d’élite ont ainsi des idées et des sentiments qui déconcertent et échappent à toute analyse.
    Cependant, il nous faut dire que ce sentiment, si fort qu’il allait jusqu’à lui faire accepter le sacrifice de sa vie, était très pur, exempt de toute arrière-pensée intéressée. Florence comprenait à merveille que sa mère ne pouvait pas la reconnaître, comme le faisait son père : la reine de France ne pouvait pas proclamer elle-même son déshonneur. Elle savait que sa mère, esclave du rang

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