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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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non pas à aimer (jamais elle ne pourrait l’aimer) la fille de Concini, mais à éprouver pour elle une certaine bienveillance qui n’allait pas sans un certain respect. Non seulement elle n’aurait pas voulu lui faire du mal, mais encore elle se sentait disposée à lui être utile ou agréable. A condition, bien entendu, que cette bienveillance ne porterait tort en rien à son bien-aimé Concini.
    En voyant paraître la marquise d’Ancre, Florence se leva et lui avança un fauteuil. Du geste, Léonora refusa de s’asseoir et, sans plus tarder, aborda le sujet qui l’amenait.
    – Mon enfant, dit-elle, dans un instant, la duchesse de Sorrientès, qui, paraît-il, s’intéresse particulièrement à vous, va venir demander à la reine la permission de vous emmener avec elle. Elle veut, à ce qu’elle dit, vous avoir chez elle, au nombre de ses filles d’honneur, et se charge de votre établissement.
    – Du temps très proche encore, où j’exerçais mon métier de bouquetière des rues et où j’allais porter des fleurs chez elle, M me  la duchesse de Sorrientès avait bien voulu me marquer une grande bienveillance. Je ne pensais pas, pourtant, qu’elle s’intéresserait à moi au point que vous dites, madame, répondît Florence, sans que rien dans sa physionomie indiquât si l’intérêt que lui portait la duchesse lui était agréable ou non.
    – La duchesse, reprit Léonora, s’intéresse énormément à vous. Ne croyez pas cependant que ce soit par affection pour vous. La vérité est que la duchesse sait qui vous êtes. La vérité est qu’elle est l’ennemie mortelle et la plus acharnée de votre mère.
    – Pourquoi, si elle déteste ma mère, veut-elle me prendre chez elle ?
    – Ne le devinez-vous pas ? Pour vous avoir sous la main et se servir de vous pour perdre votre mère.
    – Madame, dit Florence avec un accent d’indicible mélancolie, dès le premier jour, j’ai compris que ma naissance n’était pas régulière et que, chose affreuse et qui me déchire le cœur, le fait que je suis vivante, à lui seul, constitue une menace mortelle pour celle qui m’a donné le jour. Aussi, lorsque, après m’avoir conduite ici, vous m’avez conseillé de ne pas sortir de cet appartement si je ne voulais pas être cause d’un grand malheur qui frapperait ma mère, je vous ai prise à demi-mot. Et, sans hésiter, je vous ai engagé ma parole de ne pas bouger de cette pièce.
    – Parole que vous avez scrupuleusement tenue, je le reconnais volontiers. Mais, où voulez-vous en venir ?
    – A vous dire que ni M me  de Sorrientès, ni personne au monde ne me fera dire ou faire quoi que ce soit qui puisse nuire à ma mère.
    – La force avec laquelle vous parlez prouve votre sincérité, sourit Léonora. Mais vous vous abusez étrangement si vous croyez que M me  de Sorrientès agira au grand jour. C’est tortueusement et dans l’ombre qu’elle poursuivra ses détestables menées que vous ignorerez, comme de juste, et que vous couvrirez inconsciemment par votre seule présence près d’elle. N’est-ce pas ainsi, tortueusement et de longue main, qu’elle s’est efforcée de vous attirer à elle et de capter votre confiance ?
    – Vous croyez, madame, qu’elle savait qui j’étais dès ce moment-là ?
    – N’en doutez pas, assura Léonora avec la force de la sincérité. Et reprenant :
    – Voyez comme elle agit encore maintenant. A la prière de M. d’Ancre, la reine a bien voulu s’intéresser à vous. Cet intérêt s’est borné à vous inviter, assez sèchement, à la suivre au Louvre. C’est tout. Depuis lors, cet intérêt ne s’est plus manifesté. Elle vous a totalement oubliée. Et cela se conçoit : elle a tant de soucis en tête. Vous êtes donc ici chez moi, sous ma garde, sous ma protection, à moi. M me  de Sorrientès le sait très bien et que c’est à moi, à moi seule, qu’elle aurait dû demander si je voulais vous donner à elle. Elle s’est bien gardé de le faire, sachant que je refuserais, moi, par amitié pour votre mère. Elle s’est adressée à la reine pour me faire forcer la main.
    – Et vous croyez que la reine accordera ce que vous auriez refusé ?
    – Eh ! ma pauvre enfant, qu’est-ce que vous voulez que cela fasse à la reine que vous demeuriez avec moi ou avec M me  de Sorrientès ? Elle va donc vous donner à elle. Et moi je serai contrainte de m’incliner devant sa décision, qui sera un ordre pour moi.

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