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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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suprême qui était le sien, ne l’appellerait jamais « sa fille », même en l’absence de tout témoin et dans le plus profond mystère. Elle le savait, et elle l’acceptait avec résignation. Son ambition n’allait pas si loin. Ce qu’elle désirait ardemment, c’était obtenir un mot, un regard, un geste qui lui indiquât que tout sentiment maternel n’était pas complètement étouffé chez la reine et que si elle n’était qu’une modeste bourgeoise ou une humble femme du peuple, libre d’agir à sa guise et n’ayant rien, ni personne à ménager, elle n’hésiterait pas à lui ouvrir ses bras.
    C’était là tout ce qu’elle espérait. Et c’était pour s’accorder cette satisfaction infime, purement sentimentale mais respectable et touchante en somme, qu’elle avait risqué sa tête et faisait de bonne grâce le dur sacrifice d’une liberté qui devait lui être chère plus qu’à toute autre, habituée qu’elle était à vivre au grand air et dans une indépendance absolue.
    Et les jours s’étaient écoulés, mornes et terriblement longs, sans lui apporter la réalisation de ce désir pour lequel elle s’immolait elle-même. Pas une fois elle n’avait vu sa mère qui n’était pas venue la voir, qui ne l’avait pas fait appeler, qui semblait l’avoir décidément abandonnée aux mains de la maréchale d’Ancre.
    Par contre, nous l’avons dit, Léonora venait la voir tous les jours et passait parfois de longs moments avec elle. A la suite de ces entrevues quotidiennes, une sorte d’intimité avait fini par s’établir entre ces deux femmes qui ne sympathisaient pas et ne pouvaient pas sympathiser : Florence avait trop de bonnes raisons de se méfier de Léonora, et de plus elle comprenait bien qu’elle ne pouvait inspirer aucune affection à l’épouse de l’homme dont elle était la fille naturelle. La douceur avec laquelle Léonora l’avait traitée ne l’avait pas touchée d’abord. Elle n’était pas dupe et se rendait très bien compte que cette douceur était feinte et n’avait d’autre but que de lui arracher son secret. Mais, soit calcul, soit habitude déjà prise, Léonora avait persisté dans cette douceur, même après avoir constaté qu’elle ne parviendrait pas à lui arracher ce secret, et y avoir renoncé. Et la jeune fille était trop généreuse pour ne pas lui savoir gré de n’avoir pas modifié son attitude bienveillante, après cet échec.
    Pour ce qui est de Léonora, elle haïssait déjà la jeune fille lorsqu’elle ne voyait en elle qu’une rivale. Elle avait continué de la haïr lorsqu’elle avait appris qu’elle était la fille de Concini. Cette haine, qui provenait d’une jalousie rétrospective, ne pouvait pas être aussi forte que la précédente. Malheureusement, sur cette haine, qui aurait pu assez facilement s’atténuer, était venue se greffer la crainte. Florence, fille de Concini, était, pour sa sécurité, une menace plus redoutable encore que Brin de Muguet, petite bouquetière des rues, dont Concini s’était ou se croyait épris. Et quand il s’agissait de la sécurité de Concini, Léonora se montrait plus froidement, plus terriblement implacable que si elle avait été poussée par la haine la plus féroce.
    Par bonheur pour la jeune fille, Léonora avait rapidement acquis la certitude absolue que jamais aucune mesure ne viendrait d’elle. Au contraire, elle était prête à se sacrifier pour sa mère, à la seconder de toutes ses forces pour détourner d’elle les coups de ses ennemis. Du coup disparaissaient en même temps et la menace suspendue sur la reine, et celle qui pesait sur Concini, dont la fortune dépendait uniquement de sa maîtresse et qui devait tomber et se casser les reins, si elle tombait, ou si elle l’abandonnait.
    Florence cessant d’être dangereuse par elle-même, Léonora, qu’on aurait tort de voir accomplissant le mal pour le seul plaisir de faire le mal, n’avait plus de raison de s’acharner après elle et de la poursuivre de sa haine. Elle lui était donc devenue indifférente. Puis elle avait subi malgré elle le charme puissant qui émanait de la jeune fille ; elle avait, ainsi qu’elle l’avait dit à Marie de Médicis, été touchée par la noblesse de ce sentiment qui faisait que l’enfant oubliait volontairement les torts de la mère pour ne se souvenir que d’une chose : c’est qu’elle était, malgré tout, la mère.
    Et Léonora, malgré elle, en était venue

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