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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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cession, répéta Fausta en souriant. Vous voyez qu’il est impossible de se montrer plus modéré.
    – Je suis confondu de tant de générosité, murmura le duc, qui n’en revenait pas.
    Fausta eut un de ses sourires indéfinissables auquel le duc eut le tort de ne pas prêter attention et qui ne dut pas échapper à l’œil attentif de Pardaillan.
    – Je ne vous cache pas, dit-elle, que le roi, conseillé par le duc de Lerme, ne se montrait pas d’abord d’aussi bonne composition. Mais j’ai réussi à lui montrer où se trouvait son véritable intérêt. Cet intérêt ne consiste pas à vous arracher quelques villes ou provinces que vous n’auriez pas manqué de reprendre plus tard, vous ou vos successeurs. Il consiste, avec votre loyal appui, à faire rentrer dans l’obéissance celles des provinces des Flandres qui se sont rendues indépendantes et à consolider son pouvoir partout où il se trouve ébranlé.
    – Vous avez raisonné en profond politique que vous êtes, madame, approuva le duc, et je n’oublierai jamais le service que vous m’aurez rendu en cette circonstance. Pour ce qui est du roi Philippe, je jure qu’il n’aura pas de plus fidèle allié que moi.
    – Je prends acte de ce serment, prononça gravement Fausta.
    – Parlons de vous maintenant, reprit le duc en souriant. Quelle sera votre part, à vous ?
    – Ma part, fit Fausta, m’est faite par le roi Philippe. Et elle est telle que j’ai tout lieu de me déclarer satisfaite. Cependant, je confesse que je me réserve de vous demander quelque chose.
    Le duc se sentait rassuré maintenant. Aussi ce fut avec un empressement gracieux et sincère qu’il assura :
    – Quelle qu’elle soit, elle est accordée d’avance. Parlez, madame.
    – Non, sourit Fausta, je parlerai quand le moment sera venu : la veille du jour où vous irez à Notre-Dame vous faire sacrer roi de France.
    Fausta souriait toujours. Et nous savons quelle était la puissance de séduction de son sourire. Le duc s’était attendu à un marchandage effréné. Ce royaume de France qu’on lui offrait, il pensait qu’on lui en demanderait peut-être la moitié. Il était d’ailleurs résigné d’avance à l’accorder… quitte à le reprendre plus tard. Le désintéressement du roi d’Espagne l’avait mis en confiance. Le sourire de Fausta acheva de le conquérir et, sans hésiter, il confirma sa promesse :
    – Ce jour-là, ou quand il vous plaira, le roi de France tiendra scrupuleusement la promesse du duc d’Angoulême de vous accorder ce que vous lui demanderez et quoi que ce soit.
    Et, comme elle avait déjà fait une fois, Fausta enregistra gravement :
    – Je retiens votre promesse, sire duc.
    q

Chapitre 26 UN INCIDENT
    C omme si tout était dit, Fausta reprit aussitôt :
    – Je vais maintenant vous faire connaître mon plan d’action au sujet du jeune roi Louis XIII. Car enfin, pour que vous deveniez roi de France, vous, encore faut-il que nous nous débarrassions de lui.
    Volontairement ou non, elle avait mis dans ces paroles, qui pouvaient paraître équivoques, une intonation si sinistre dans sa froide implacabilité que le duc frissonna.
    – Oh ! est-ce que votre intention serait de… lui faire subir le sort de son père ?
    Fausta riva sur lui l’éclat funeste de ses magnifiques yeux noirs. Elle le vit pâle, défait, grelottant. Elle voulut savoir jusqu’à quel point elle pouvait compter sur lui et jusqu’où il irait. Sa voix se fit rude, et le mot qu’il n’avait pas osé prononcer, lui, elle le lança brutalement, comme elle eût lancé un coup de poignard :
    – Le faire assassiner ? Pourquoi pas, si nous n’avons pas d’autre moyen.
    Et, plus lourdement, elle faisait peser sur lui le poids de son regard chargé de magnétiques effluves.
    L’ambition avait fait commettre à l’ancien ami de Pardaillan bien des fautes qu’il avait d’ailleurs chèrement payées par de longues années de captivité. S’il avait commis des fautes qui pouvaient être qualifiées crimes, il n’était tout de même pas allé jusqu’au meurtre, à l’assassinat. Il est même permis de croire que sa nature, demeurée malgré tout franche et loyale, n’avait jamais envisagé qu’il pourrait en arriver à cette effrayante extrémité. Brusquement, brutalement, nettement, Fausta le mettait dans la nécessité d’envisager cette redoutable éventualité. Il fut un instant atterré. Il la considéra avec des yeux effarés,

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