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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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franchir le seuil, il se retourna et, de sa voix railleuse, il lança :
    – A tout à l’heure, messieurs.
    A la suite de d’Albaran, qui éclairait la marche, ils parvinrent dans la pièce choisie par Fausta sans rencontrer personne sur leur chemin. Pendant que d’Albaran allumait les cires avant de se retirer, Pardaillan, sans s’arrêter aux merveilles d’art accumulées là comme partout ailleurs, étudiait la disposition des lieux d’un coup d’œil rapide. La pièce, de dimensions moyennes, était ronde. Nous avons dit qu’avant de frapper à la porte, Pardaillan avait fait le tour de l’hôtel en étudiant l’extérieur comme il étudiait maintenant l’intérieur. Et il avait très bien remarqué que, parmi les nombreuses tours qui hérissaient l’immense construction, il ne s’en trouvait qu’une de ronde. Cette tour ronde se dressait, face à la rivière, à l’angle du  : cul-de-sac et de la rue de Seyne, laquelle, à proprement parler, n’était qu’un chemin assez étroit, où poussait une telle profusion d’orties qu’on devait lui donner, quelques années plus tard, le nom de rue des Orties [5] .
    En entrant dans ce cabinet rond, Pardaillan vit donc tout de suite où il se trouvait. Ce cabinet n’avait que deux ouvertures : une étroite fenêtre et la porte par où ils venaient d’entrer. Disposition à la fois rassurante et inquiétante. Rassurante, parce qu’il ne pouvait y avoir là de porte secrète par où on lui tomberait dessus à l’improviste. Inquiétante, parce que, en cas de bataille en cet endroit, toute retraite lui était interdite. Mais peut-être Pardaillan, qui calculait tout avec ce sang-froid et cette lucidité si extraordinaire, se disait-il que la bataille, qui lui paraissait de plus en plus inévitable, n’éclaterait qu’à sa sortie de cette manière d’énorme puits que formait le cabinet rond.
    Les sièges – des fauteuils larges, profonds, massifs – étaient disposés d’avance. Fausta désigna un de ces fauteuils à Pardaillan et s’assit en face de lui, tandis que Charles d’Angoulême prenait place à côté d’elle. Ce fut avec un sourire de satisfaction que Pardaillan s’assit dans le fauteuil qu’elle lui avait indiqué peut-être dans l’intention de le rassurer. Ce fauteuil faisait face à l’unique porte qu’il pouvait ainsi surveiller. Ce qui, d’ailleurs, acheva de le confirmer dans cette idée qu’il avait que ce n’était pas dans ce cabinet qu’il aurait à en découdre. Et ce fut lui qui, dès qu’ils eurent pris place, attaqua sans plus tarder. Et il le fit avec sa franchise et sa décision accoutumées, allant droit au but, sans feintes ni détours :
    – Ainsi donc, dit-il, vous n’avez pu, madame, vous guérir de cette maligne maladie qui s’appelle l’ambition ?… C’est vraiment fâcheux. Ce qui est encore plus fâcheux, c’est que vous ayez jugé à propos de revenir en France, à Paris, dans l’intention d’y recommencer contre le roi Louis XIII – un enfant ! – en faveur de Mgr le duc d’Angoulême, ici présent, les mêmes manœuvres que vous fîtes autrefois contre le roi d’alors, Henri III, en faveur du duc de Guise, à qui, soit dit en passant, cela ne profita guère. Oui, ceci est vraiment fâcheux pour moi.
    Il disait cela en souriant de son sourire narquois, de son air moitié figue, moitié raisin qui ne permettait pas de démêler s’il plaisantait ou s’il parlait sérieusement. Comédienne géniale aux transformations variées à l’infini, Fausta se mit instantanément à son diapason. Et ce fut en souriant, sur un ton mi-sérieux, mi-plaisant, qu’elle s’informa :
    – Fâcheux pour vous ?… Eh ! mon Dieu, en quoi, chevalier ?
    – Comment, en quoi ?… s’indigna Pardaillan. Mais en ceci, madame, que me voilà, moi, de ce fait, obligé de reprendre le harnais de bataille, alors que je croyais avoir acquis le droit de me reposer ! Comme autrefois, quand vous souteniez Guise, me voilà contraint de reprendre la lutte contre vous !
    – Est-ce bien nécessaire ? interrompit Fausta.
    – Tout à fait indispensable, madame, trancha péremptoirement et très sérieusement Pardaillan.
    Et reprenant aussitôt son ton railleur :
    – Corbleu, madame, croyez-vous qu’il est donné à beaucoup de personnes de pouvoir se baigner dans les eaux régénératrices de la miraculeuse fontaine de jouvence ? Vous êtes une des très rares privilégiées à qui cette

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