La Fin de Pardaillan
remarquable chez elle que chez Pardaillan, elle avait déjà pris une résolution.
– C’est bien, dit-elle à d’Albaran attentif, j’y vais.
En même temps, du regard, elle lui commandait de se tenir prêt à tout.
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Chapitre 27 PARDAILLAN ET FAUSTA
E lle se leva et, de cette allure majestueuse qui lui était bien personnelle, elle se dirigea lentement vers la porte derrière laquelle se tenait Pardaillan.
« Oh ! diable, songea le chevalier, elle vient ici ! M’aurait-elle éventé ? »
Fausta et d’Albaran avaient si bien joué leur rôle que Pardaillan ne s’était pas aperçu qu’il était découvert. Il croyait que c’était un hasard malencontreux qui l’amenait dans ce réduit. Comme il ne voulait pas se faire prendre sur le fait, parce qu’il voyait bien que l’entretien entre le duc et Fausta n’était pas terminé et qu’il voulait entendre la suite, il recula, sauta sur la porte d’un bond souple et silencieux.
« Tiens ! on l’a fermée du dehors ! se dit-il. Et je n’ai entendu aucun bruit !… »
Il ne fut pas autrement ému. Et avec un de ces sourires railleurs qui n’appartenaient qu’à lui :
« Je comprends : je suis pris… Je gage que le billet que cette espèce de géant vient de remettre à Fausta lui signalait ma présence en ce réduit. Il s’agit de faire bonne contenance… et de se tirer de là, si c’est possible. »
Il se retourna et fit face à la porte qu’il venait de quitter. En même temps, d’un geste vif, il rejetait le manteau sur l’épaule pour avoir la liberté de ses mouvements, et s’assurait que la rapière jouait bien dans le fourreau en murmurant :
– Il va falloir en découdre.
Fausta arriva à la porte, la tira à elle, l’ouvrit toute grande. Le réduit qui jusque-là était obscur se trouva éclairé par les cires du cabinet. Fausta n’entra pas. Gracieusement, elle invita :
– Entrez donc, Pardaillan. Ce n’est pas là la place d’un homme comme vous.
Elle souriait de son sourire le plus engageant et, du geste, elle l’invitait toujours à entrer.
Pardaillan se découvrit et salua en un geste large, un peu théâtral, et remercia :
– Mille grâces, princesse.
Il entra. Et, très à son aise, avec un sourire narquois :
– Il est de fait que je sentais bien que je n’étais pas à ma place. Mais que voulez-vous, princesse, je ne pouvais décemment pas vous demander de m’admettre à l’honneur de votre illustre compagnie.
– Pourquoi donc ? dit Fausta toujours gracieuse.
Et très sérieuse :
– Je vous assure, Pardaillan, que si vous m’aviez dit que vous désiriez assister à l’entretien que j’allais avoir avec M. le duc d’Angoulême, je me serais fait un devoir et un plaisir de vous satisfaire.
– Je n’en doute pas, madame, puisque vous le dites, répliqua Pardaillan, aussi sérieux qu’elle.
Et reprenant son sourire railleur :
– Seulement, j’eusse été alors bien attrapé ; vous n’eussiez certainement pas prononcé aucune des paroles que j’ai pu recueillir derrière cette porte.
Fausta approuva doucement de la tête.
Il y eut un silence entre eux, pendant lequel ils se détaillèrent en souriant tous les deux. A les voir ainsi paisibles, on eût dit deux bons amis heureux de se retrouver. Et cependant Pardaillan, qui n’avait jeté qu’un coup d’œil distrait autour de lui, qui ne paraissait pas avoir remarqué la présence du duc d’Angoulême et de d’Albaran, Pardaillan avait déjà étudié la pièce dans laquelle il se trouvait, avait noté ce qui pouvait le gêner et ce qui pouvait le servir en cas d’attaque, et, le poing sur la garde de la rapière, en un geste nullement provocant, très naturel, il se tenait prêt à dégainer, attentif sans en avoir l’air, s’attendant à tout.
Le duc d’Angoulême était demeuré d’abord suffoqué par la soudaine apparition de Pardaillan qu’il était à mille lieues de supposer si près de lui. Il s’était remis assez vite cependant. Mais comme Fausta avait aussitôt engagé la conversation avec Pardaillan, il s’était tenu poliment à l’écart. Devant leur silence, il jugea qu’il pouvait intervenir. Il s’avança vivement, la main tendue, la mine épanouie, en disant :
– Pardaillan, mon ami, mon frère, que je suis donc heureux de vous voir !
Pardaillan, sans desserrer les dents, s’inclina froidement, dans une révérence cérémonieuse. La joie sincère du duc tomba
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