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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mouvement elle vit mal leur visage, elle ne les reconnut pas. Mais elle vit bien à leur costume qu’elle avait à faire à des gentilshommes. Elle ne s’inquiéta pas encore. Mais elle s’étonna et s’informa :
    – Que faites-vous là, messieurs ?
    A ce moment, la porte de la maison s’ouvrit toute grande. Concini parut sur le seuil. Il invita :
    – Entrez, je vous prie, madame, entrez.
    Elle faisait face à Roquetaille et Louvignac. Elle ne pouvait donc pas voir Concini, puisqu’elle lui tournait le dos. Elle n’eut pas besoin de le voir d’ailleurs : elle le reconnut instantanément à la voix. Qu’il pût être là, comme chez lui, poussant l’audace jusqu’à l’inviter à entrer dans cette maison où elle était chez elle, cela lui parut si incroyable qu’elle refusa de le croire. Elle se retourna tout d’une pièce et elle vit bien alors que ce qui lui paraissait invraisemblable n’était que trop vrai. Elle demeura pétrifiée, fixant sur lui deux yeux agrandis par l’épouvante.
    Lui, très à son aise, souriant d’un sourire effroyable, se découvrit devant elle avec une affectation de politesse exagérée, se courba avec un respect apparent, renouvela, en la complétant, son invitation.
    – Entrez, madame, que j’aie l’honneur de vous expliquer le but de ma visite… Et si cette visite vous paraît un peu forcée, un peu brutale, vous voudrez bien, je l’espère, me pardonner en songeant que c’est vous qui, par l’implacable rigueur que vous m’avez toujours témoignée, m’avez mis dans la fâcheuse nécessité de recourir à des moyens extrêmes. Au surplus, rassurez-vous, madame, cette visite sera brève, et l’amour ardent, sincère, que vous m’inspirez, vous est un sûr garant que vous n’avez aucune violence à redouter de moi.
    Sa voix s’était faite tendre, enveloppante, pendant que son attitude se faisait plus respectueuse encore : il voulait la rassurer à tout prix.
    Il se donnait une peine bien inutile : elle ne l’écoutait pas. Déjà, elle s’était ressaisie. Avec un sang-froid admirable, elle réfléchissait : elle était tombée dans un piège, soit ! Mais le véritable danger, elle le sentait bien, était à l’intérieur de cette maison où il cherchait à l’attirer. Allait-elle se livrer pieds et poings liés à lui en y pénétrant ? Non, elle se ferait hacher plutôt que de bouger du jardin où elle était.
    A peine avait-elle pris cette résolution assez sage en somme, qu’une crainte nouvelle, qui n’était pas personnelle, vint l’assaillir. Et une clameur délirante jaillit malgré elle de ses lèvres contractées :
    – Et Loïse ?… Et Perrine ?…
    Devant cette crainte horrible, toute crainte pour elle-même s’effaça instantanément. Elle s’oublia elle-même, complètement, pour ne plus s’inquiéter que de « sa fille » et de celle qui en avait la garde et qui, peut-être, avait été victime de son dévouement. Car elle connaissait trop ce dévouement, pour ne pas être certaine qu’il avait dû se manifester par une défense vigoureuse. Et, puisque Concini était maître de la place, c’est qu’il avait dû briser la résistance par quelque coup de poignard appliqué au bon endroit. Et c’est ce qui fait que ses résolutions se trouvèrent bouleversées. Et elle qui, l’instant d’avant, s’affirmait qu’elle se ferait tuer sur place, plutôt que de pénétrer dans la maison, elle bondit vers le perron, dont elle franchit les marches en deux bonds. Et elle se rua à l’intérieur.
    Elle ne vit pas Eynaus et Longval qui, depuis qu’ils l’avaient reconnue, ricanaient en observant en dessous leur chef direct : Rospignac. Elle ne vit pas davantage Rospignac qui tourmentait nerveusement la garde de sa rapière, en dardant un regard sanglant sur Concini, qui entrait derrière elle. Elle ne vit que le corps étendu par terre de la brave Perrine. Et son trouble était si grand, qu’elle ne remarqua pas que la digne paysanne la regardait avec des yeux de bon chien de garde, qui semblaient s’excuser de n’avoir pas mieux défendu l’enfant. Des yeux qui imploraient, mais qui, en somme, étaient bien vivants. Non, elle ne vit que ce corps raide, à qui les liens qui l’enserraient interdisaient tout mouvement. Et, soulevée par l’indignation, elle gronda :
    – L’avez-vous donc assassinée ?
    – Assassinée ! railla Concini.
Per Bacco,
je crois plutôt que c’est elle qui m’assassine

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