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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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étendue sur le parquet :
    – Bonne femme, dit-il d’une voix qui se fit douce, je regrette que mes gens se soient trouvés dans la nécessité de vous bousculer quelque peu. Voici qui vous permettra d’acheter un cordial pour vous remettre de cette émotion. Il laissa tomber à ses pieds une bourse gonflée de pièces d’or. Geste d’une munificence royale destiné, dans sa pensée, à donner une haute idée de sa générosité à la jeune fille qu’il pensait éblouir. Et revenant à Muguette :
    – J’oubliais une chose essentielle, dit-il en souriant. Vous pourriez être tentée de vous faire accompagner chez moi par quelqu’un, homme ou femme. Je vous conseille de n’en rien faire… dans l’intérêt de l’enfant qui s’en trouverait très mal, je vous en avertis.
    Il s’inclina très bas devant elle et sortit sans ajouter un mot, Rospignac et les autres le suivirent. Ils retournèrent à l’auberge où ils avaient laissé leurs chevaux et reprirent au galop le chemin de la ville. Demeurée seule, Brin de Muguet se hâta de débarrasser la mère Perrine des liens qui la paralysaient. Quand ceci fut fait, elle se jeta dans ses bras, et ce calme vraiment admirable qu’elle avait su conserver en présence de Concini, tombant tout à coup, elle se mit à pleurer éperdument. La brave paysanne pleura avec elle, la consola de son mieux. Mais, curieuse, elle s’informa :
    – Qui est donc ce monstre qui, pour déshonorer une honnête enfant, parle d’assassiner un pauvre chérubin du bon Dieu ? Est-il donc si puissant qu’il puisse se permettre impunément de pareilles atrocités ?
    – Hélas ! ma bonne Perrine, c’est le maître de ce royaume. C’est Concini.
    – Ah ! c’est le ruffian d’Italie ! s’emporta la brave femme.
    Et elle fulmina :
    – Eh bien, méchant ruffian, puisses-tu finir assassiné toi-même ! Puisses-tu être privé de sépulture chrétienne ! Puisse ton cadavre être déchiré en mille morceaux et ces morceaux jetés à la voirie, servir de pâture aux chiens errants ! Puisse ton âme s’en aller griller éternellement sur les grils rougis à blanc de messire Satanas !
    Souhaits terribles qui, dans un avenir qui n’était pas très éloigné, devaient se réaliser point par point…
    – Or çà, qu’allez-vous faire ? demanda Perrine après s’être soulagée.
    Et, sans attendre la réponse :
    – Après tout, Loïse n’est pas votre fille… Et vraiment, c’est trop affreux ce qu’il veut exiger de vous, ce ruffian de malheur…
    – Laisserais-tu donc meurtrir cette pauvre petite créature, si tu étais à ma place ? Car il la tuera sans pitié, sais-tu bien.
    A cette question que la jeune fille posait de sa voix douce, avec une sorte de désespoir farouche, la paysanne baissa la tête sans répondre.
    – Tu vois bien que tu n’aurais pas cet affreux courage, constata Muguette.
    Et elle ajouta :
    – J’irai donc chercher la pauvre mignonne.
    Ceci était prononcé avec une grande simplicité, comme la chose la plus naturelle du monde. Et l’on sentait que rien ne pouvait la faire revenir sur cette résolution qui, sans qu’elle s’en doutât, était vraiment admirable dans son héroïsme qui s’ignorait. Rien, si ce n’est le retour de l’enfant.
    La mère Perrine qui, cependant, se rendait mieux compte qu’elle de l’affreux danger qu’elle courait, n’essaya pas de la faire revenir sur cette résolution. Dans sa conscience un peu simple d’honnête paysanne ignorante, elle sentait qu’elle ne devait pas empêcher la jeune fille d’agir comme elle-même eût agi à sa place. Seulement, elle prononça, très résolue :
    – C’est bon, j’irai avec vous. Et je vous réponds, demoiselle, que le ruffian trouvera à qui parler.
    – Vous oubliez, soupira Muguette, que ce misérable a menacé de se venger sur l’enfant si je me faisais accompagner. Et il le fera comme il l’a dit.
    Et avec une naïve confiance :
    – Sans quoi, j’eusse averti Odet qui m’eût accompagnée et qui eût su nous défendre toutes.
    – Vous l’avez revu ? demanda vivement Perrine.
    – Oui. Il m’a demandé si je voulais devenir sa femme. Et je lui ai dit oui, comme vous m’aviez conseillé de le faire. Et ce n’est pas tout : les parents de Loïse sont retrouvés.
    Muguette, qui était venue le cœur débordant de joie pour faire part de son bonheur à la dévouée Perrine, se trouva lancée sur la voie des confidences.

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