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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dit-elle.
    – Alors l’enfant sera ramenée ici demain, dit-il froidement.
    Et, comme elle ouvrait de grands yeux étonnés, il expliqua avec un sourire effrayant :
    – J’entends son cadavre… A seule fin que vous puissiez le faire enterrer chrétiennement.
    Le ton d’implacable résolution, le cynisme révoltant avec lequel il parlait, l’équivoque politesse qu’il affectait, la glaciale expression du regard, et par-dessus cela l’affreux rictus qui le faisait tout pareil au fauve, qui se délecte à jouer avec sa victime, et de la broyer de ses crocs puissants, tout cela attestait que l’horrible menace n’était pas vaine et qu’il n’hésiterait pas à la mettre à exécution.
    Elle ne comprit que trop bien. Un long frisson d’horreur la secoua de la nuque aux talons. Et, avec un accent d’indicible mépris, elle cracha son dégoût :
    – Misérable lâche !… Et ça se dit gentilhomme !… Et ça se pare du titre glorieux de maréchal de France !… Quelle honte !…
    Ces paroles, et plus encore le ton sur lequel elles étaient prononcées, cinglèrent Concini comme un coup de cravache appliqué à toute volée. Il se sentit si fortement fouaillé qu’il en oublia un instant sa politesse de parade. Et, livide, écumant, il grimaça :
    – Nous réglerons nos comptes chez moi. Et soyez tranquille, je n’oublierai rien.
    Un silence poignant pesa lourdement sur eux. Il fut court d’ailleurs : elle redressa la tête qu’elle avait un instant tenue baissée, comme accablée, et le regardant en face, elle révéla avec une pointe de raillerie qui perçait malgré elle :
    – Le malheur est que votre… ingénieuse combinaison s’écroule devant un fait que vous ignorez et que je vais vous faire connaître : Loïse n’est pas ma fille.
    Pauvre petite ; elle pensait bien l’accabler avec cette révélation imprévue. Comme c’était simple, en effet : Loïse n’était pas sa fille, donc, elle n’avait pas à aller la réclamer dans l’antre redoutable du fauve en rut, donc le rapt accompli était inutile, donc la menace du meurtre de l’enfant tombait d’elle-même, donc toute la combinaison s’écroulait comme elle l’avait dit naïvement.
    Concini se chargea de lui montrer combien elle se trompait. Chose étrange, il ne douta pas un instant de sa parole. Il ne crut pas à une ruse de sa part. Il tint ses paroles pour très véridiques. Seulement, il ne fut pas le moins du monde impressionné. Au contraire, il se félicita avec une joie qui n’avait rien de simulé :
    – Tant mieux,
Corbacco,
tant mieux ! Et il s’excusa galamment.
    – A vrai dire, je suis encore à me demander comment j’ai pu vous faire cette injure de douter de votre vertu. J’aurais dû le voir à la pureté de votre regard que vous ne pouvez avoir rien à vous reprocher.
    Et ce fut elle qui demeura anéantie. Elle crut, le voyant si sûr de lui, qu’il n’avait pas bien compris. Elle répéta :
    – Loïse n’étant pas ma fille, vous n’avez pas à espérer que la crainte de la perdre me contraindra à me soumettre à vos volontés.
    – Je sais, fit-il avec un rire sinistre, mais vous viendrez tout de même la chercher chez moi.
    – Pourquoi ? dit-elle, suffoquée.
    – Parce que, expliqua-t-il avec la même assurance effarante, si cette petite n’est pas votre fille, vous l’aimez, vous, comme si vous étiez sa vraie mère. J’ai vu cela tout à l’heure. J’ai vu aussi ceci : c’est que vous êtes une de ces rares natures de dévouement, toujours prêtes à se sacrifier pour les autres. C’est ce qui fait que je suis bien tranquille, allez : vous viendrez chez moi avant la limite extrême que je vous ai fixée, c’est-à-dire demain matin huit heures, me demander de vous rendre cette enfant qui n’est pas votre fille pourtant. J’en suis si sûr, que je n’ajouterai pas un mot de plus sur ce sujet, et que je vais me retirer avec mes gentilshommes, vous laissant parfaitement libre d’agir comme bon vous l’entendrez.
    Et cela encore, il le disait avec la même politesse apparente, avec un calme formidable, comme s’il n’avait pas eu conscience de l’ignominie de sa conduite, ou plutôt, comme s’il s’était cru au-dessus de toutes les lois, de tous les préjugés, au-dessus de toute critique, ayant le droit de se permettre tout ce qui était interdit au reste des humains.
    En effet, comme si tout était dit, il se tourna vers la mère Perrine toujours

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