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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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n’appela pas. Mais elle tenta de composer, de discuter. Elle parla d’une voix blanche, méconnaissable, mais qui ne tremblait pas.
    – Assassinerez-vous donc une femme ? dit-elle.
    – Oui… si vous m’y contraignez.
    – Frappez donc. Pensez-vous que la mort me fasse peur ?…
    – Vous êtes brave, je le sais, répliqua Valvert d’un accent mortel. La mort n’est rien pour vous. Mais si je vous tue, et pour ce faire je n’ai qu’à enfoncer cette lame jusqu’au bout, si je vous tue, dis-je, il vous faut dire adieu à tous vos projets d’ambition, à tous vos rêves de grandeur à venir. Il vous faut laisser inachevée votre œuvre infernale à laquelle vous tenez plus qu’à votre vie. Or, voici le pacte que je veux vous proposer : vie pour vie, vous me rendez M. de Pardaillan vivant, en échange de quoi je vous laisse vivre. Mais, comme avec vous on ne saurait prendre trop de précautions, je vous avertis que vous aurez à me conduire vous-même au caveau où est enfermé M. de Pardaillan. Vous aurez à nous conduire vous-même, sains et saufs, hors de votre redoutable repaire. Voilà, madame. Vous avez deux secondes pour vous décider.
    De même qu’elle avait compris que si elle poussait un appel c’en était fait d’elle, Fausta, en sentant sa main s’appuyer lourdement sur son épaule et l’immobiliser, en sentant la pointe acérée du poignard piquée sur sa gorge, en le voyant penché sur elle, livide, hérissé, effrayant de froide résolution, Fausta comprit pareillement qu’elle allait s’abattre, la gorge béante, si elle tardait une seconde de plus qu’il ne fallait.
    Elle ne voulut pas mourir encore. Elle accepta bravement, froidement, sa défaite. Et fixant sur lui deux yeux d’où jaillissait une flamme mortelle, avec un calme sinistre :
    – C’est bien, dit-elle, je vais vous conduire moi-même. Valvert la lâcha sur-le-champ. Alors seulement, il respira librement.
    Et si Fausta avait pu voir la lueur de malice qui pétilla alors dans son œil clair, elle eût aussitôt compris qu’elle avait été jouée, elle eût regretté d’avoir accepté si facilement l’humiliation cuisante de sa défaite. Et, ayant compris cela, nul doute qu’elle ne fût revenue sur sa soumission et n’eût déclaré résolument que, toute réflexion faite, elle préférait la mort. Ce qui eût mis dans un cruel embarras le pauvre Valvert qui, de sa vie, n’eût pu trouver l’affreux courage de l’immoler froidement.
    Par bonheur, Fausta, qui se levait en ce moment même, tenait les yeux fixés sur le corps de d’Albaran toujours étendu sans mouvement. Et elle contourna ce corps qui lui barrait le passage, en tenant toujours les yeux fixés sur lui. Quand ce fut fait, elle invita, d’un mot bref :
    – Venez !
    – Un instant, madame, avertit Valvert en la regardant dans les yeux, nous allons passer au milieu de vos gentilshommes, de vos soldats, de vos serviteurs. Nous allons traverser des salles et des couloirs qui peuvent être machinés comme le cabinet rond et où il vous suffirait d’un geste pour vous débarrasser de moi comme vous vous êtes débarrassée de M. de Pardaillan. Je vous préviens qu’au moindre geste suspect de votre part, au moindre mot équivoque prononcé trop haut, je vous donne tout d’abord du poignard dans la gorge.
    – Si vous craignez une trahison, prenez ma main, dit-elle avec une parfaite indifférence.
    Peut-être espérait-elle que Valvert, piqué et humilié, allait décliner l’offre. Mais il se garda bien de se montrer si susceptible.
    – J’accepte le grand honneur que vous voulez bien me faire, dit-il simplement.
    Et il lui tendit non pas le poing, mais la main gauche ouverte. Dans cette main, Fausta mit sans hésiter sa main droite. Les doigts de Valvert se fermèrent autour de cette main : il la tenait bien, il était sûr qu’elle ne pourrait plus lui échapper, Fausta le comprit bien aussi. Elle ne sourcilla pas. Peut-être, après tout, avait-elle reconnu l’inutilité de toute feinte avec un adversaire qui se montrait aussi résolu que son éternel ennemi Pardaillan, et qui avait sur lui cet avantage de ne pas s’embarrasser de scrupules d’une délicatesse exagérée. Et ayant reconnu cela, elle avait dû reconnaître du même coup l’impérieuse nécessité de s’exécuter loyalement.
    Ils se dirigèrent vers la porte. Odet de Valvert pensait que Fausta presserait le pas, ayant hâte de sortir de cette

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