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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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moustache d’un geste nerveux, en songeant :
    « Je ne puis pourtant pas lui dire que son père et sa mère ont voulu la faire meurtrir dès le jour de sa naissance… et que je les crois fort capables de recommencer aujourd’hui ce qu’ils ont manqué autrefois. »
    Non, il ne pouvait pas dire cette chose affreuse. Mais, comme il sentait qu’il ne devait pas la laisser faire, il répondit avec la même douceur :
    – C’est une imprudence que je ne vous laisserai pas commettre.
    Peut-être avait-elle lu sa pensée dans ses yeux. Peut-être soupçonnait-elle quels étaient les véritables sentiments de ses parents à son égard. Quoi qu’il en soit, elle posa sa main fine sur son bras et, toute pâle, toute droite, fixant sur lui l’éclat lumineux de ses grands yeux, avec le même calme étrange qui avait on ne sait quoi de douloureusement tragique, elle signifia sa volonté :
    – Je veux savoir ce que ma mère va faire de moi. J’obéirai à son ordre… quand bien même je saurais que le bourreau m’attend derrière cette porte.
    Ayant dit ceci de sa voix très douce, avec un accent qui indiquait qu’elle ne reviendrait pas sur sa décision, elle passa d’un pas ferme. Et Odet de Valvert, qui comprenait à quel sentiment elle obéissait, Odet, qui, au surplus, aurait agi comme elle, ne se sentit pas la force de la retenir, se courba respectueusement devant elle.
    Si rapide qu’eût été ce petit conciliabule, il eut le don d’inquiéter Léonora qui ne parvenait à percevoir aucune de leurs paroles. Elle jugea prudent d’intervenir. Elle fit deux pas qui la ramenèrent dans la chambre. Elle se rassura en voyant que la jeune fille se dirigeait vers la porte secrète. Elle la prit par la main et l’entraîna doucement, en disant de sa voix la plus insinuante :
    – Hâtez-vous, mon enfant. On ne fait pas attendre la reine. Cependant, si Odet de Valvert ne s’était pas senti le courage de s’opposer à l’imprudence de sa fiancée, il n’entendait nullement la laisser abandonnée à elle-même. Il était bien décidé à la suivre, à veiller sur elle. Pendant qu’elle s’avançait vers la porte, il reprenait son épée des mains de Landry Coquenard. Il la ceignit vivement en un geste qui sentait la bataille. Et regardant Landry au fond des yeux, d’une voix froide :
    – Si tu tiens à ta peau, je te conseille de ne pas me suivre, dit-il.
    – Si peu qu’elle vaille, j’ai la faiblesse de tenir énormément à ma peau, répliqua Landry Coquenard avec une froideur pareille.
    Et se redressant :
    – Mais il s’agit de « la petite », monsieur. Et la petite, ma petite Florence – car elle s’appelle Florence, monsieur, et c’est moi qui suis son parrain –, la petite, voyez-vous, c’est la seule bonne action que j’aie commise de ma vie de sacripant. C’est pour vous dire que j’y tiens encore plus qu’à ma peau. En sorte que s’il vous plaisait de demeurer ici, je passerais seul de l’autre côté. J’y passerais tout seul, quand bien même je serais sûr, tout à fait sûr, d’y laisser cette précieuse peau à laquelle je tiens pourtant.
    – Suis-moi donc, sourit Valvert.
    Ces quelques mots avaient pris quelques secondes. Pendant ces quelques secondes, Léonora entraînait la jeune fille et fermait la porte derrière elle. Ce geste, elle l’accomplit le plus naturellement du monde, en sorte qu’il n’éveilla pas l’attention de sa compagne. Au reste, cette porte, probablement actionnée par un ressort, se ferma toute seule dès qu’elle l’eût légèrement poussée.
    Dans le couloir où elles se trouvèrent, après avoir fait quelques pas, Léonora ouvrit une porte, s’effaça et invita :
    – Veuillez attendre un instant dans ce cabinet. La reine vous fera appeler.
    Muguette – ou plutôt Florence, ainsi que nous l’appellerons désormais, puisque c’est son vrai nom –, Florence, donc, fit une légère inclination de tête et entra sans hésiter, sans faire la moindre observation. Si elle s’était retournée, elle n’aurait plus vu dans le couloir la petite porte par où elle était sortie et derrière laquelle elle avait laissé Odet de Valvert et Landry Coquenard. Mais elle ne se retourna pas.
    Léonora ferma la porte derrière elle et continua son chemin. Quelques pas plus loin, elle s’arrêta de nouveau devant une autre porte. Elle hésita une seconde, allongea même la main vers le loquet pour ouvrir. Mais, se ravisant, elle

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