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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fille l’adorait sans la connaître. Elle se contenta de soupirer :
    – Fasse le ciel que tu ne te trompes pas… Mais je serais plus tranquille si j’étais sûre, tout à fait sûre, qu’elle ne soupçonne pas la vérité.
    Une minute ou deux, Léonora resta à s’entretenir à voix très basse avec la reine : elle lui dit, en quelques mots brefs, tout ce qu’il était essentiel qu’elle apprît sans tarder de son premier entretien avec sa fille.
    Pendant ce temps, Florence attendait patiemment. Elle se doutait bien que les deux femmes parlaient d’elle. Elle eût bien voulu regarder de leur côté pour voir sa mère. Mais elle craignit de se trahir en laissant paraître dans son regard la tendresse qui inondait son cœur. Et elle eut le courage de regarder tout le temps du côté de la rue de Vaugirard. A ce moment, elle entendit une voix murmurer à son oreille, derrière elle :
    – Si vous tenez à la vie, ne dites pas un mot qui puisse permettre de supposer que vous connaissez le nom de votre mère.
    Elle se retourna tout d’une pièce. Et elle fut suffoquée de reconnaître Concini qui s’était glissé derrière elle. Un inappréciable instant, il demeura devant elle, la fixant avec insistance, un doigt posé sur les lèvres, comme pour recommander encore le silence. Puis il se courba avec le plus profond respect et en se courbant, laissa tomber du bout des lèvres :
    – Je vous expliquerai.
    Après quoi, il se rapprocha vivement de la litière. Entre la reine, Léonora et lui, il y eut un nouveau conciliabule très bref, après lequel il aida sa femme à monter dans la litière. Alors il se tourna vers sa fille et prononça à voix haute :
    – A ma prière instante, Sa Majesté consent à vous admettre au nombre de ses filles. Venez, mon enfant, vous allez avoir l’insigne honneur de tenir compagnie à la reine.
    Florence s’approcha. Concini lui tendit la main pour l’aider à prendre place dans la lourde machine.
    A ce moment, débouchant de la rue de Vaugirard, une charrette, conduite par une femme, entrait dans la rue Casset, venait au-devant de la litière. Cette femme, c’était Perrine. Elle arrivait juste à point pour voir la jeune fille avant qu’elle fût montée.
    – Muguette ! cria-t-elle, en arrêtant son cheval.
    – Perrine ! répondit Florence.
    – Et Loïsette ? cria de nouveau la brave femme en sautant à terre.
    Loïsette, nous croyons l’avoir dit, la jeune fille l’avait complètement oubliée. Comme elle avait oublié son fiancé. Elle joignit ses petites mains et implora :
    – Oh ! monsieur !…
    Sans la laisser achever, Concini la rassura vivement :
    – Partez sans inquiétude à ce sujet, je vais, moi-même, rendre, l’enfant à votre servante.
    – Soyez remercié, monsieur, fit-elle dans un élan de gratitude.
    – Montez vite, invita Concini ! d’une voix suppliante.
    Et plus bas, il répéta ce que Léonora avait déjà dit une fois :
    – Apprenez qu’on ne doit jamais faire attendre la reine.
    – La reine ! s’émerveilla la bonne Perrine qui avait entendu.
    Et elle regardait tour à tour Concini, « demoiselle Muguette » et la litière, faisant des efforts prodigieux pour comprendre ce qui se passait.
    Quant à la jeune fille, elle se souciait fort peu des règles de l’étiquette. En ce moment, elle se reprochait comme une mauvaise action d’avoir oublié si longtemps « sa fille » Loïsette et son fiancé Odet. Et comme elle sentait très bien que sa mère ne s’éloignerait pas sans elle, sans tenir compte de l’invitation pressante de Concini, elle prit la mère Perrine dans ses bras et, en l’embrassant, elle lui glissa à l’oreille :
    – Concini, c’est mon père… Tais-toi… Tu diras à Odet qu’on me conduit probablement au Louvre… Tu lui diras que je m’appelle Florence maintenant… Veille bien sur ma fille… embrasse-la bien pour moi… Ah ! tu diras à Odet qu’on t’a rendu Loïse, qu’il avise M. de Pardaillan, s’il le croit nécessaire. N’oublie pas mon nom : Florence… Adieu, ma bonne Perrine.
    Et laissant la digne paysanne tout éberluée, elle monta enfin dans la litière qui partit aussitôt, sur un signe impérieux de Concini adressé aux deux palefreniers.
    Laissons pour un instant Concini et Perrine sur le seuil de la porte grande ouverte où ils suivent des yeux la litière qui s’avance vers la rue de Vaugirard, et poussons jusqu’à ces deux carmes dont nous

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