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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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rendait très bien compte que, gardé comme il l’était par une trentaine de gaillards armés jusqu’aux dents, alors que lui-même était désarmé, ses chances de réussite étaient à peu près nulles. Mais, au bout du compte, que risquait-il de plus puisqu’on le conduisait à la mort ?
    Sa résolution fut vite prise. Alors, il pensa à Landry Coquenard qu’il avait quelque peu oublié jusque-là. Car il va sans dire qu’il entendait l’associer à sa tentative et lui faire partager sa chance, bonne ou mauvaise. Il le chercha des yeux. Et il finit par le découvrir à deux rangs devant lui.
    Le pauvre Landry Coquenard était loin d’être aussi bien partagé que son maître. Non seulement on ne l’avait pas déchargé des liens qui l’enserraient, mais on y avait encore ajouté en l’attachant sur l’encolure d’un cheval. Il était là, qui pendait comme une loque, devant le cavalier chargé de le garder, lequel, sans générosité aucune, l’accablait de quolibets et de railleries féroces.
    Cette découverte inattendue arracha un soupir à Odet de Valvert. Il plia les épaules devant l’inexorable fatalité qui semblait s’acharner sur lui : son beau projet devenait irréalisable dès l’instant que Landry Coquenard, incapable de faire un mouvement, se trouvait dans l’impossibilité d’y prendre part.
    Et qui sait si Concini ne traitait pas si durement Landry Coquenard uniquement pour enlever à Odet de Valvert toute velléité de fuite ? Qui sait si Concini ne s’était pas dit que ce jeune homme, avec ses idées incompréhensibles, ne consentirait jamais à se tirer d’affaire tout seul du moment que son compagnon ne pouvait en faire autant ? Quoi qu’il en soit, que Concini l’eût voulu où non, Valvert préféra renoncer à son projet et se sacrifier lui-même plutôt que d’abandonner Landry Coquenard.
    La troupe s’était mise en marche, au pas. Les deux prisonniers, séparés l’un de l’autre, étaient au centre, bien encadrés et tenus à l’œil. Concini précédait ses hommes d’une dizaine de pas. Rospignac marchait à son côté. Ils riaient et plaisantaient ensemble, tous les deux étant de joyeuse humeur : Concini parce qu’il avait réussi l’importante capture d’Odet de Valvert et de Landry Coquenard, Rospignac parce qu’il avait vu que la petite bouquetière était partie sans Concini. Disons à ce sujet que ce départ en compagnie de la reine n’avait pas été sans lui causer un étonnement prodigieux. Car il ignorait, comme ses hommes, ce qui s’était passé et que son maître, ainsi que la reine avaient reconnu leur fille en cette bouquetière des rues qu’il convoitait avec une passion jalouse si féroce qu’il avait failli poignarder son maître pour la lui arracher.
    Donc les deux hommes bavardaient joyeusement. Nous avons dit qu’ils allaient au pas. Ils arrivèrent à la rue de Vaugirard, dans laquelle ils s’engagèrent en tournant à gauche. Leur troupe, derrière eux, se trouvait encore dans la rue Casset. Ils firent deux ou trois pas dans la rue de Vaugirard.
    A ce moment, quelque chose comme un poids énorme tomba brusquement sur la croupe de la monture de Concini. La bête fléchit sur les jarrets. Concini lança un
porco Dio !
retentissant. En même temps il voulut se retourner pour voir qu’elle était la chose monstrueuse ou l’être fantastique qu’il sentait grouiller derrière son dos. Il se sentit saisi par deux tenailles auxquelles il essaya vainement de s’arracher. Et il entendit une voix froide, mordante, qu’il lui sembla reconnaître, commander à son oreille, et sur quel ton d’impérieuse menace :
    – Descendez, Concini !
    Au son de cette voix, qu’il avait sans doute de bonnes raisons de connaître, l’épouvante, une épouvante indicible, affolante, s’était abattue en rafale sur Concini. Il voulut crier, appeler à l’aide. La voix s’étrangla dans sa gorge. Non pas que cette soudaine épouvante lui coupât la voix, mais bien parce que les deux tenailles ayant remonté de ses épaules à sa gorge serraient impitoyablement, irrésistiblement, l’étranglaient à moitié.
    Comme dans un cauchemar oppressant, il se sentit happé, secoué, arraché de la selle, soulevé, jeté comme un paquet inerte entre les griffes de deux démons qu’il entrevit vaguement, lesquels semblèrent jaillir de terre tout exprès pour, avec des grognements effrayants, le recevoir, l’agripper, le maintenir

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