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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Les passants s’écartaient, saluaient. C’était tout. Le roi écoutait d’une oreille distraite Luynes qui lui faisait un véritable cours sur l’art de dresser les oiseaux à la chasse. Art dans lequel, il faut le reconnaître, il était passé maître. Le roi n’entendait que vaguement ce qu’on lui disait.
    Le roi rêvait. A quoi pouvait-il bien rêver cet enfant de quatorze ans ? Lui seul aurait pu le dire. Et il se taisait.
    Luynes s’apercevait fort bien que le roi ne l’écoutait pas. N’importe il continuait sans paraître remarquer la distraction de son royal élève. Au reste, lui-même n’était guère à ce qu’il disait. Son cours, il le récitait par cœur, par habitude machinale, mais sa pensée était ailleurs. Néanmoins, cette pensée ne l’absorbait pas au point de le rendre indifférent à tout ce qui se passait autour de lui. Il se montrait fort attentif, au contraire, et il observait aussi bien le roi et Montpouillan qu’il observait la rue.
    Et ce fut lui qui, de son œil perçant et vif, découvrit, le premier, le rassemblement au milieu duquel se débattaient Concini et ses ordinaires. Ce fut son oreille subtile qui, la première, perçut les clameurs menaçantes qui partaient de ce rassemblement. Il se haussa sur les étriers pour mieux voir, il tendit plus attentivement l’oreille. Et un sourire terrible passa sur ses lèvres, tandis que ses yeux fulguraient. Et avec une familiarité étrange, arrachant le roi à sa rêverie, d’une voix frémissante :
    – Ecoutez, Sire, écoutez… C’est la voix de votre peuple qui se fait entendre, là-bas. Et, votre pédagogue a dû vous l’apprendre, la voix du peuple, c’est la voix de Dieu. Ecoutez, Sire, écoutez la voix de Dieu.
    Le roi et Montpouillan tendirent l’oreille. Et ils entendirent distinctement la foule qui hurlait :
    – A mort, Concini !… A l’eau le ruffian !
    Le roi pâlit. Ses lèvres se pincèrent. Ses yeux étincelèrent et cherchèrent à voir au loin ce qui se passait. Luynes fixait sur lui un regard flamboyant qui semblait vouloir lui arracher l’ordre de mort qu’il souhaitait ardemment. Mais le jeune roi demeura muet, détourna les yeux, reprit son air absent.
    Luynes leva les épaules sans façon, et d’un air maussade :
    – Piquons un temps de galop jusque-là, dit-il. Peut-être arriverons-nous à temps pour voir.
    Le roi hésita un instant. Mais sans doute la curiosité le démangeait aussi, car, sans répondre un mot, il donna de l’éperon. Et ce fut, au milieu de la rue Saint-Honoré, une galopade désordonnée qui ne dura guère que quelques minutes, attendu qu’elle fut vite interrompue par un accident qui survint : le cheval du roi buta soudain contre nous ne savons quel obstacle et s’abattit brusquement sur les genoux.
    Le roi était excellent cavalier. Mais il fut surpris par cette chute soudaine de sa monture. Et cette chute provoqua la sienne : il vida les étriers et fut projeté par-dessus l’encolure de son cheval.
    Le malheur est que cet accident se produisit juste comme la cavalcade arrivait à hauteur du pilori. Et ce fut contre le massif de maçonnerie que le roi se trouva lancé à toute volée. Un cri déchirant jaillit de toutes les poitrines oppressées : on s’attendait à voir le corps du jeune roi venir s’écraser contre les pierres. Un silence de mort suivit, pendant lequel on eût pu entendre haleter toute cette foule désolée. Ce fut une seconde d’un tragique intense qui parut longue comme une éternité à tous.
    Et tout à coup ce fut une explosion de joie délirante, aussitôt suivie par cette acclamation qui éclatait pour la troisième fois en cette matinée :
    – Vive le damoiseau !
    Quel miracle s’était donc produit qui venait changer subitement en joie extravagante la douleur sincère du peuple témoin de cet accident que chacun s’attendait à voir mortel ? Voici :
    Le cheval du roi s’était abattu à quelques pas du pilori. Le hasard avait voulu qu’Odet de Valvert se trouvât placé tout près de cet endroit. C’était presque en face de lui que le roi avait vidé les arçons. Comme tout le monde, le jeune homme avait compris l’affreux danger couru par le roi et qu’il allait venir se briser le crâne contre ces pierres, à deux pas de lui. Sans réfléchir, sans hésiter, il avait fait un bond prodigieux de ce côté, il s’était solidement calé sur les jambes et il avait ouvert les bras.
    Et c’était dans ces

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