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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voilà un amour qui sera quelque peu contrarié !… Sans compter qu’il y a le Rospignac qui n’est pas à dédaigner, et qui est également épris de ladite fille de Concini !… Ho ! diable, M. de Valvert aura de la besogne, et m’est avis qu’il aura de la chance s’il s’en tire… Mais, minute, avant de se lamenter, il faudrait savoir quels sont ses sentiments, à elle. L’aime-t-elle aussi ?
    Il porta son attention sur Brin de Muguet. Et il crut pouvoir conclure :
    – Non, elle ne l’aime pas. Il n’y a pas à se tromper à son attitude : c’est tout à fait celle d’une indifférente. Ah ! pauvre M. de Valvert !…
    Pendant que Landry Coquenard songeait ainsi et s’apitoyait sur son sort, Odet de Valvert regardait s’éloigner celle qu’il aimait. Et son visage expressif exprimait une douleur si poignante qu’il était évident qu’il ne s’était pas mépris, lui non plus, sur les sentiments de la jeune fille à son égard.
    – Elle ne m’aime pas ! se disait-il. Sans quoi m’aurait-elle quitté si vite, avec cette froide correction qui trahit l’indifférence la plus complète ?…
    Mais allez donc demander à un amoureux de vingt ans de désespérer tout à fait. C’est le propre de la jeunesse de garder un fond d’espoir alors même qu’elle paraît désespérer le plus. Après avoir fait cette douloureuse constatation, Valvert ajouta aussitôt résolument :
    – Bah ! je l’entourerai de tant d’adoration, de dévouement, de vénération qu’il faudra bien qu’elle finisse par m’aimer !
    L’espoir reparaissait, comme on voit. Et avec lui les traits fins du jeune homme perdirent leur crispation douloureuse, retrouvèrent leur habituelle expression calme et souriante.
    Juste à ce moment, Brin de Muguet se retournait.
    Elle était partie d’un pas décidé, et, une fois qu’elle eut tourné le dos, le petit pli vertical qui barra soudain son front pur indiqua qu’elle était mécontente. Contre qui ? Contre elle-même ou contre Valvert qui avait si vaillamment et si efficacement pris sa défense ? Et elle aussi, comme Valvert et comme Landry Coquenard, elle se mit à réfléchir en marchant. Et, sans s’en apercevoir, elle ralentit le pas.
    – J’ai tout de même été un peu trop froide, un peu trop distante, se disait-elle. Que ce jeune homme me soit indifférent, c’est certain. Qu’il m’excède avec cette insupportable sollicitude avec laquelle il veille sur moi, c’est non moins certain. Et je le lui aurais déclaré sans ambages si seulement il était sorti, si peu que ce fût, de cette respectueuse réserve qui m’a fermé la bouche jusqu’à ce jour. Ce qui est bien certain également, c’est que ce qui est fait est fait et que je n’y puis plus rien changer, que cela me plaise ou non. Or, le fait est que ce jeune homme a pris fait et cause pour moi. Pour moi, il a exposé sa vie avec une générosité, une intrépidité qu’il serait injuste de ne pas reconnaître. Et, au bout du compte, quels que soient mes sentiments à son égard, je suis bien forcée de m’avouer à moi-même que j’ai été bien aise qu’il vienne m’arracher aux brutalités de ce misérable Rospignac. Tout cela méritait bien quelques égards de ma part. Je n’en serais pas morte. Et de ce qu’aurait montré que je ne suis pas une ingrate sans cœur, que je sais, au contraire, garder le souvenir reconnaissant du bien que l’on me fait, il ne s’ensuit pas forcément que ce jeune homme se serait cru autorisé à sortir de sa réserve. La générosité de sa conduite, la loyauté qui brille dans son regard, sa timidité même, tout me prouve le contraire. En ne lui accordant pas les quelques amabilités qu’il avait si bien méritées, j’ai agi comme une sotte, et, qui pis est, comme une fausse béguine toute confite en pruderies exagérées. Si j’agis pareillement à l’égard de tous les Parisiens, j’aurai bientôt fait de changer en aversion cette bienveillante sympathie qu’ils veulent bien me témoigner. Et ce sera bien fait pour moi.
    Le résultat de ces réflexions, aussi judicieuses que tardives fut que Brin de Muguet, avant de disparaître, se retourna, ainsi que nous l’avons dit. Elle aperçut Odet de Valvert qui la suivait de son regard chargé d’une muette adoration. Et, au lieu de détourner la tête d’un air indifférent, comme elle n’aurait pas manqué de le faire l’instant d’avant, elle lui sourit gentiment et

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