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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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profonde. Chose bizarre, qu’il eût été bien en peine d’expliquer, dont il ne se rendait peut-être pas très bien compte, au lieu de le rassurer, cette toute-puissance occulte de la mystérieuse étrangère, au service de laquelle il venait de s’engager, lui causait une indéfinissable inquiétude. Et il songeait :
    « Décidément, qu’est-ce que cette duchesse de Sorrientès, dont je n’ai jamais entendu parler ?… Chez elle, devant elle, si incomparablement belle, je me sentais transporté de joie, j’étais tout feu tout flamme… D’où vient que maintenant me voici tout morose ?… Cà, quelle mouche venimeuse m’a piqué ?… En dehors des mirifiques promesses qu’elle m’a faites et qu’on peut toujours esquiver, il est un fait certain, c’est que j’emporte dans ma poche sept mille livres en bel et bon or. Sept mille plus cinq mille que vaut l’agrafe font douze mille. Douze mille livres, c’est déjà une fortune !… une fortune que je tiens !… Et je ne saute pas de joie… Que la fièvre me ronge !… Tout cela parce que ce d’Albaran si aimable, si poli – ah ! qu’il est donc aimable et poli, ce comte d’Albaran ! – m’a assuré que sa maîtresse, notre maîtresse, est assez puissante pour imposer ses volontés au roi lui-même !… Comment ? par le sang de Dieu, comment ?… »
    Voilà ce que se disait Odet de Valvert. Et il était si absorbé par ses pensées, qu’il ne s’apercevait pas qu’il faisait nuit noire, que les rues étaient désertes et que des ombres inquiétantes se coulaient aux coins des rues, dans les renfoncements, sous les auvents. Cependant, à force de ressasser tout ce qu’il avait vu et entendu, il finit par se dire :
    « Eh ! que m’importe après tout ! Par la fièvre et la peste, vais-je me plaindre maintenant d’avoir eu la bonne fortune d’avoir mis la main sur un maître plus riche, plus généreux et, peut-être, plus puissant que le roi ?… Elle m’a dit : “Je suis ici pour travailler de toutes mes forces en faveur du roi de France”. Elle l’a dit en propres termes, et je m’en souviens fort bien. Une femme comme celle-là ne s’abaisse pas à mentir. J’en donnerais ma tête à couper. Donc, je puis être tranquille, et puisque ma fortune semble vouloir m’accorder ses faveurs, ne la lâchons pas, ventrebleu ! »
    S’étant rassuré de la sorte, Valvert s’inquiéta soudain de se voir dans le noir. Jamais pareille inquiétude ne lui était venue. C’est que jamais, il ne s’était vu en possession d’une somme aussi forte que celle qu’il avait emportée de l’hôtel de Sorrientès. D’instinct, sa main alla chercher sa poche et s’assura que le précieux sac s’y trouvait toujours. Puis son poing se crispa sur la garde de son épée, il prit le milieu de la chaussée et allongea encore le pas.
    Malgré ces craintes inconnues jusqu’à ce jour, il arriva sans encombre rue de la Cossonnerie. Il se rua dans l’allée, ferma soigneusement la porte derrière lui et grimpa les marches de l’escalier quatre à quatre. Il fit irruption dans sa mansarde et, rayonnant, toute sa joie revenue, annonça triomphalement :
    – La fortune, Landry, j’apporte la fortune !
    – Faites voir, monsieur.
    – Regarde.
    Il ouvrit le sac, l’éleva au-dessus de la table et laissa retomber en cascade bruissante les pièces rutilantes. Ce fut un ruissellement d’or.
    – Combien, monsieur ? s’informa Landry Coquenard, qui ouvrait des yeux émerveillés.
    – Sept mille, fit laconiquement Valvert qui riait de tout son cœur des mines de son écuyer.
    – La somme est coquette. Je suppose que c’est là le premier quartier ?
    – Tu ne doutes de rien, toi !… Non, il y a là cinq mille livres pour m’équiper et deux mille pour le premier mois.
    – Ce qui fait vingt-quatre mille au bout de l’an. Par la gueule de Belzébuth, c’est appréciable.
    – De fixe, Landry, de fixe. Il y a les gratifications en plus.
    – Qui peuvent se monter à… ?
    – A la même somme… si je m’en rapporte à ce que dit le comte d’Albaran.
    Landry Coquenard fit entendre un long sifflement d’admiration.
    – Son Altesse M me  la duchesse de Sorrientès fait bien les choses, dit-il. Pour le coup, vous aviez raison, monsieur : c’est la fortune, la vraie fortune, la grande fortune.
    Il s’approcha de la table, plongea les mains dans le tas et s’amusa à faire tinter les pièces.
    – Tiens !

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