Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
sa maîtresse. Comprenant l’utilité des renseignements qu’on lui donnait, Valvert l’écouta avec une attention soutenue, nota soigneusement dans sa mémoire les détails qui lui parurent importants et remercia chaleureusement le colosse.
    – Son Altesse, dit celui-ci en terminant, se montre très exigeante, très stricte. Elle ne pardonne jamais deux fois une négligence où une distraction dans le service. Ce sont là petites misères, qu’avec un peu de bonne volonté, on peut facilement s’éviter. D’ailleurs, elle rachète cela par une générosité dont on ne peut se faire une idée. Elle a fixé vos gages à deux mille livres par mois. Vingt-quatre mille livres par an, c’est une somme qui a de quoi satisfaire le plus exigeant. Bien des maîtres s’en tiendraient là. Elle, non, et vous verrez qu’au bout de l’an, les gratifications reçues égaleront pour le moins les gages. Quand on paye ainsi, plus que royalement, on peut, je pense, exiger de ses gentilshommes, comme du plus humble de ses serviteurs, une obéissance passive. Faites votre profit de ce que je vous dis là et vous verrez que vous vous en trouverez bien.
    Valvert, tout simplement, fit mentalement la multiplication de vingt quatre mille par deux. Il avait fait un peu la grimace en entendant parler des exigences de la duchesse et surtout d’obéissance passive. Il estima, comme d’Albaran, que quarante-huit mille livres par an permettaient à celui qui les donnait de se montrer quelque peu exigeant.
    – Bon, dit-il, on fera de son mieux pour la satisfaire.
    – Ce n’est pas tout, reprit d’Albaran, vous voilà maintenant à l’abri des entreprises de M. le maréchal d’Ancre qui, je vous l’ai dit, vous veut la malemort. Vous allez être un des premiers gentilshommes de Son Altesse. Tenez pour assuré qu’elle saura vous défendre avec vigueur.
    – Oh ! fit insoucieusement Valvert, pour me défendre, je compte surtout sur ceci et sur ceci.
    Et il frappait rudement sur ses deux bras et sur le pommeau de son épée.
    – Vous êtes fort, je le sais, mais M. d’Ancre est tout puissant. Il peut vous faire arrêter. Si ce malheur vous arrivait, n’oubliez pas de vous réclamer de la duchesse. Du fait que vous lui appartenez, vous êtes inviolable. Nul, dans ce royaume, ne peut porter atteinte à votre liberté… sans le consentement de Son Altesse.
    – Pas même le roi ? railla Valvert.
    – Pas même le roi ! répliqua gravement d’Albaran.
    Valvert le considéra avec attention. Il le vit très sincère, très convaincu. Il cessa de railler. Et le fouillant du regard :
    – En sorte que si le roi me faisait arrêter ?
    – Son Altesse irait au Louvre vous réclamer.
    – Et le roi me ferait remettre en liberté ?
    – Oui.
    – S’il refusait ?
    – Il ne refusera pas…
    – Pourtant ?…
    – Il ne refusera pas… Il ne pourra pas refuser.
    – Ah çà ! notre maîtresse est donc bien puissante ?
    – Au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer.
    Pendant qu’il posait ces questions, Valvert ne cessait de regarder d’Albaran droit au fond des yeux. Et il se convainquit de la parfaite sincérité du colosse. Il n’y avait pas à se tromper : il était absolument convaincu de la toute puissance de sa maîtresse. Et comme il y avait de longues années qu’il était à son service, on pouvait croire qu’il avait de bonnes raisons pour montrer tant d’assurance.
    Valvert n’insista pas davantage. Après avoir remercié une dernière fois, il enfouit son sac au fond de sa poche, s’enveloppa dans son manteau et sortit de l’hôtel. Dehors, la nuit était tout à fait venue. La rue Saint-Nicaise longeait le rempart d’un côté. De l’autre côté, il n’y avait que l’hôtel de Sorrientès à son extrémité, puis la chapelle Saint-Nicolas et les Quinze-Vingts à l’autre extrémité, près de la rue Saint-Honoré. Entre les Quinze-Vingts et Saint-Nicolas courait un long mur masquant des terrains et le cimetière contigu à la chapelle. De-ci, de-là, quelques masures qui paraissaient abandonnées coupaient ce mur. Le lieu était sinistre, propice à souhait à un mauvais coup.
    Valvert n’y prit pas garde. Pendant qu’il se dirigeait vers la rue Saint-Honoré d’un pas souple, allongé, il avait l’esprit préoccupé par les dernières paroles de d’Albaran. L’assurance du colosse au sujet de la puissance de la duchesse de Sorrientès avait produit sur lui une impression

Weitere Kostenlose Bücher