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La force du bien

La force du bien

Titel: La force du bien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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l’Allemande Klara Munzer : « Ma mère me répétait : Ce que tu fais au plus humble de mes frères, c’est à moi que tu le fais. » Enfin, René Raoul, cordonnier au Malzieu, en France, affirme très simplement : « C’est à cause de mon éducation que j’ai fait ce que j’ai fait. »
    L’éducation religieuse nous apprend que l’homme a été créé à l’image de Dieu. Cette idée a conduit au concept de l’égalité de l’homme avec Dieu, ou encore à l’affirmation de la liberté de l’homme à l’égard de Dieu. Elle est à l’origine de la conviction humaniste selon laquelle chaque homme porte en lui toute l’humanité.
    Le rabbin de Loubavitch raconte :
    « Le premier jour d’une festivité, Dieu nous invite à observer un jour de réjouissance ; le second jour, nous invitons le Seigneur à Se réjouir avec nous. Le premier jour, c’est Dieu qui nous ordonne de l’observer, le second jour, nous l’avons institué nous-mêmes. »
    Or cette force de l’éducation, si chère à Montaigne, n’explique pas tout. Caïn et Abel n’ont-ils pas reçu la même éducation, dans le même environnement ? Et pourtant…
     
    « Tu sais, me dit un jour le cardinal Lustiger, il y a deux types d’éducation. L’une touche aux mécanismes, aux stéréotypes, aux préjugés. L’autre, c’est l’éducation qui donne du courage. Les mécanismes et les préjugés peuvent être tenus en respect, mais ils réapparaissent toujours : nos grands pays démocratiques, amoureux du droit, défenseurs des droits de l’homme, voient revenir comme une espèce de maladie, de mal endémique, presque impossible à guérir, cette épidémie composite de haine, de racisme, de volonté d’exclure, de persécuter qui défigure de plus en plus gravement le monde actuel. L’éducation, l’éducation efficace , ce ne serait peut-être pas seulement de contenir les préjugés, mais surtout d’éveiller les êtres au sens de leur liberté, les éveiller à leur liberté profonde – mais ça ne s’apprend pas aussi aisément qu’une table de multiplication. On n’apprend pas aux gens à être libres comme on apprend à marcher au pas… Et tu remarqueras qu’il ne suffit pas d’avoir été bien éduqué : les antisémites que je côtoyais à l’époque, à Orléans, avaient reçu une excellente éducation – ça ne les a pas empêchés de vanter les “ vertus ” de l’assassinat de masse ! L’éducation est donc une tâche des plus importantes, mais c’est une oeuvre infinie, puisque sans cesse la haine relève la tête. Mais, dans le cadre de cette nécessaire éducation, j’en reviendrai à ce que je disais tout à l’heure et qu’il conviendrait peut-être d’enseigner, justement : je veux parler encore une fois de ce rapport secret et déchiré qui unit les vrais croyants, les véritables chrétiens aux Juifs. Sans doute résulte-t-il d’une continuité historique liée au caractère messianique des deux religions, mais il a pour corollaire la perception suivante : la persécution des Juifs par des peuples d’obédience chrétienne a été ressentie par les victimes comme un crime doublement horrible puisqu’il n’émanait pas de “ païens ”, de gens sans religion, de complets étrangers, mais bel et bien de populations “ cousines ”, se référant en principe à la même Bible, aux mêmes valeurs qu’eux… Ceux, en revanche, que nous appelons des “ Justes ” et qui ont sauvé des Juifs perçoivent clairement cette parenté spirituelle, et c’est en prenant appui sur celle-ci que s’est développé et fortifié en eux ce que, faute de mieux, j’appelle un “ amour religieux ”. Ils ont saisi ce fait : Israël, c’est notre source. On ne pollue pas sa source, on ne l’assèche pas. Si on le fait, si on accepte que notre source soit mise à mal, on se condamne soi-même à la mort, on se condamne à mourir de soif. Nous ne pouvons pas ne pas aimer notre source… »
     
    J’en reviens à la Suisse : calviniste, catholique, rousseauiste, ce pays aurait-il donc compris la petite parabole du rabbin de Loubavitch ou le discours de Jean-Marie Lustiger ? Ce discours aurait-il été possible il y a cinquante ans, à l’époque du pape Pie XII ?
    Le fait est que la Suisse, en principe neutre durant le conflit, ne laissait pas volontiers entrer des étrangers sur son territoire, y compris s’agissant de réfugiés et de persécutés. Pour être admis à fouler

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