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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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sang, les cognements-faisaient partie de quelque chose qui s'était produit au cours de l'été de l'année précédente.
    LEUB-DEUB-deub... LEUB-DEUB-deub...
    Les vitres se mirent à vaciller, les murs à trembler.
    La lueur rouge sang et les lampes commencèrent à pulser au même rythme que le battement.
    LEUB-DEUB-deub... LEUB-DEUB-deub...
    A nouveau, Ginger se sentit sur le point de rassembler ses souvenirs. A chaque pulsation, le barrage s'affaiblissait un peu plus, les événements enfouis remontaient à la surface.

    Cependant, sa peur panique s'amplifiait et une formidable vague de terreur s'abattit sur elle. Le monde alentour perdait de sa consistance, des ténèbres gluantes se matérialisaient à la périphérie de son champ de vision.
    S'enfuir ou périr.
    Ginger tourna le dos à ces phénomènes et referma ses deux mains sur le cadre de la porte comme pour se cramponner au réel, au conscient, et résister à la vague noire qui menaçait de la submerger. Au comble du désespoir, elle regarda à travers les vitres le vaste paysage du Nevada, le ciel noir d'hiver, s'efforçant de bloquer le stimulus-cette lumière et ce bruit impossibles-qui la précipitait dans les ténèbres d'une fugue. Sa terreur et sa panique étaient telles que se réfugier dans cet état semblait presque préférable; elle s'agrippa cependant de toutes ses forces au chambranle, tremblant et respirant violemment, elle s'y accrocha, non pas tant terrifiée par ce qui se passait derrière elle que par les événements oubliés de cet été-là dont ces phénomènes n'étaient que l'écho lointain.
    Elle tint bon, tint bon... jusqu'à ce que le tonnerre ternaire commenç‚t à diminuer et la lumière rouge à
    p‚lir, jusqu'à ce que le silence retomb‚t dans la pièce dans laquelle brillait, seul l'éclairage normal.
    Elle allait bien. Elle n'allait pas s'évanouir.
    Pour la première fois, elle avait résisté avec succès à une crise. Le calvaire de ces derniers mois l'avait-il endurcie ? Le fait d'être ici, tout près de trouver la clef du mystère, lui avait-il donné le courage de résister ?
    Ou avait-elle puisé des forces dans sa nouvelle
    ´ famille ª ? Toujours est-il qu'elle était s˚re, maintenant, de mieux tenir tête en cas de nouvel accès de fugue. Ses blocages mnémoniques se lézardaient. Et sa peur d'affronter ce qui était arrivé en ce 6 juillet n'était rien à côté de celle de ne jamais le savoir.
    Très ébranlée, Ginger se retourna vers ses compagnons.
    Brendan Cronin se dirigea vers le canapé et s'assit.
    Ses mains tremblaient. Les cercles avaient disparu de ses paumes ainsi que de celles de Dom.
    Ernie dit au prêtre: Vous avez bien dit que cette même lueur s'était déjà manifestée dans votre chambre ?
    -Oui, reconnut Brendan, à deux reprises.
    -Mais enfin, vous parliez d'une lumière pleine de douceur, dit Faye.
    - C'est vrai, acquiesça Ned, c'était merveilleux selon vous.
    -Oui, dit Brendan, mais en partie seulement.
    quand elle vire au rouge, je suis épouvanté, je le reconnais, mais quand elle naît... je me sens habité par la joie la plus étrange qui soit. ª
    Dom se frotta les mains sur sa chemise comme si les cercles de chair y avaient laissé quelque trace. Íl y avait un élément bon et un autre mauvais dans ce qui s'est passé ce soir. Nous souhaitons ardemment revivre ce que nous avons connu, mais en même temps, nous...
    - Nous crevons de trouille ª, dit Ernie.
    L'enterrement d'Alan Rykoff, l'ex-mari de Jorja Monatella, eut lieu à onze heures du matin. Le soleil de Las Vegas semblait vouloir percer les nuages de ses rayons.
    Il n'y avait que cinq personnes en plus de Jorja et de Paul Rykoff, le père d'Alan, arrivé le matin de Floride.
    quand la cérémonie fut achevée, Jorja prit sa voiture, mais elle ne parcourut qu'un kilomètre avant de s'arrêter sur le bas-côté et de se mettre à pleurer. Ce n'était ni sur les souffrances d'Alan ni sur sa disparition qu'elle versait des larmes, mais sur la destruction finale de tous les espoirs qui avaient accompagné leur relation naissante, toutes ces espérances d'amour, de vie familiale, d'amitié, d'objectifs mutuels et de vie partagée à jamais envolées. Elle n'avait pas souhaité la disparition d'Alan. Mais maintenant qu'il était mort, elle savait qu'il lui serait plus facile de prendre ce nouveau départ auquel elle travaillait: elle s'en rendit compte sans culpabilité ni cruauté, mais avec tristesse.
    La nuit

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