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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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sombra dans le sommeil, bercée par le ronronnement des moteurs de l'appareil.
    Pendant le vol, Jorja pensa à son avenir, au diplôme de commerce qu'elle préparait, à son espoir d'ouvrir un magasin de mode, au dur travail qui l'attendait-et à sa solitude, déjà un problème pour elle. Elle voulait un homme. Pas pour le sexe-bien qu'elle e˚t apprécié ! Faire l'amour lui manquait, mais ce qu'elle voulait, c'était un homme avec qui partager ses espérances, ses réussites et ses échecs. Dans sa rêverie, elle inclut bientôt Dominick Corvaisis dont la voix douce et confiante lui avait plu, au téléphone. qu'est-ce que son père allait encore dire, si par hasard ils se plaisaient et qu'elle vînt lui annoncer son mariage avec un de ces cinglés d'écrivains ivrognes et bagarreurs !
    Elle fit son deuil de cette idylle imaginaire peu de temps après l'atterrissage: elle ne tarda pas à comprendre que le coeur de Corvaisis était déjà pris.
    A quatre heures et demie, une trentaine de minutes avant le crépuscule, des nuages sombres couvraient le ciel d'Elko. A l'horizon, les Ruby Mountains se paraient de noir et de pourpre. Un vent frais particulièrement mordant soufflait de l'ouest.
    Dominick Corvaisis et Ginger Weiss attendaient sur la piste, non loin de la petite aérogare. Dès l'instant o˘ elle les vit, Jorja éprouva le sentiment étrange et rassurant de se retrouver en famille.
    Même Marcie-emmitouflée dans son manteau et son écharpe, les yeux bouffis par le sommeil, l'album serré contre la poitrine-fut tirée de sa torpeur par la vision de l'écrivain et du médecin. Elle sourit et répondit à leurs questions avec plus d'enthousiasme qu'elle n'en manifestait depuis quelques jours. Elle proposa de leur montrer son album et poussa des gloussements joyeux quand Dom la porta dans ses bras jusqu'à la voiture.
    Nous avons bien fait de venir, se dit Jorja. Oui, nous avons bien fait.
    Dom et Marcie ouvraient la marche, suivis des deux femmes. ´ Vous ne vous en souvenez peut-être pas, dit Jorja, mais vous avez prodigué les premiers soins à

    Marcie ce vendredi de juillet, avant même notre arrivée au motel.
    - Ainsi, c'était vous avec votre mari et Marcie ?
    Mais oui, je m'en souviens, à présent !
    - Nous étions garés le long de la nationale 80, à
    huit kilomètres environ du motel, dit Jorja. Le paysage était si splendide que nous voulions faire quelques photos.
    - Moi, j'arrivais juste derrière vous. Je vous ai vus vous arrêter et descendre de voiture. Vous teniez l'appareil photo. Votre mari et Marcie avaient enjambé le rail de sécurité et fait quelques mètres de l'autre côté. ª
    Avant même que Jorja e˚t appuyé sur le déclen-cheur, Marcie avait glissé dans le fossé, profond d'une bonne douzaine de mètres. Jorja avait poussé un cri
    -´ Marcie ! ª-et sauté par-dessus le rail avant de se précipiter vers sa fille. Il y avait alors eu un crissement de pneus, quelqu'un qui criait: Ńe la touchez pas, je suis médecin ! ª C'était Ginger Weiss. Elle dévala la pente aux côtés d'Alan. La petite fille ne disait rien, mais elle n'était pas inconsciente, un peu étourdie, c'est tout, et Ginger vit tout de suite qu'elle n'avait rien de grave. Marcie se mit à pleurer. Sa jambe était coincée sous elle et Jorja crut qu'elle s'était cassé la cheville. Ginger la rassura. Les broussailles avaient amorti la chute et la fillette s'en tirait avec quelques égratignures sans gravité.
    ´ Vous m'avez beaucoup impressionnée, dit Jorja.
    - Moi ? ª Ginger parut surprise. Un monomoteur passa au-dessus d'eux dans un bruit assourdissant.
    ´ Je n'ai rien fait de bien spectaculaire, vous savez. J'ai examiné Marcie, je lui ai mis du mercurochrome et deux ou trois sparadraps, rien de plus. ª
    Tout en mettant les valises dans le coffre de la voiture, Jorja reprit: Śi, vous m'avez impressionnée.
    Vous étiez jeune, jolie, féminine, et cependant un médecin compétent et efficace. J'avais toujours cru que je n'étais bonne à rien, sinon à servir des cocktails et cette rencontre a été une révélation pour moi.
    quand Alan nous a laissé tomber, plus tard, je ne me suis pas effondrée. Je me suis souvenue de vous, et j'ai décidé de faire quelqu'un de moi. D'une certaine manière, vous avez changé ma vie.
    - Je suis flattée, Jorja, dit Ginger en fermant le coffre. Mais vous exagérez; c'est vous qui avez changé
    votre vie.
    -Oh, ce n'est pas tant ce que vous avez fait ce jour-là

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