La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
je m'en ficherais. Nous ne savons même pas si Sharkle est mort. ª
Hébété, Stefan obéit: la violence de l'explosion ne laissait aucun doute dans son esprit: le forcené était mort. Ainsi que sa soeur et son beau-frère. Et une bonne partie du groupe d'intervention. Combien, en tout, cinq, six ? Dix ?
Sous le choc, marmonnant un PaterNoster, le prêtre reconnut soudain l'homme qui avait commencé à le renseigner. Il posa une main sur son épaule et demanda: ´ qu'est-ce qu'il a crié à la police, ce matin ? ª
L'homme cligna des yeux. ´ Hein ? quoi ?
-Vous m'avez dit que Sharkle avait entrouvert l'un des volets de métal et avait crié des tas de choses bizarres. que disait-il, exactement ?
- Ah oui ! ª Le visage de l'homme s'illumina soudain, et l'effort pour répéter ce qu'il avait entendu lui fit plisser le front.
D'après les propos qu'avait tenus Sharkle, Stefan devint de plus en plus convaincu que l'homme n'était pas fou. Certes, il n'était pas dans son état normal et se trouvait en proie à la confusion, à la peur et à l'épou-vantable tension créées par le lavage de cerveau et ses séquelles, mais pas réellement fou. Tout le monde avait pris les imprécations et les accusations lancées par Sharkle, depuis sa forteresse improvisée, pour le verbiage délirant d'un esprit fortement dérangé. Mais le prêtre jouissait d'un avantage sur les autres: celui de pouvoir situer ce charabia dans le contexte des événements du Tranquility Motel, des guérisons miraculeuses et des prodiges télékinésiques. Il se demandait s'il n'y avait pas quelque vérité dans les accusations que le malheureux avait jetées par la fenêtre blindée de sa cave; et le seul fait de se poser la question fit se hérisser les cheveux de sa nuque. Il frissonna.
Stefan Wycazik savait qu'il n'avait plus rien à faire iCi.
Il ne retournerait pas au rectorat.
Avant même les événements dramatiques survenus chez les Mendoza, avant même la tragédie dont Cal Sharkle avait été l'acteur principal, il avait su que sa route le mènerait un jour ou l'autre dans un coin perdu du Nevada, au Tranquility Motel.
Ce jour était arrivé.
Il retrouva sa voiture, mit le moteur en marche et prit la direction de l'aéroport.
Ginger et Faye passèrent la plus grande partie de la matinée en compagnie d'Elroy et de Nancy Jamison.
Le plus adroitement possible, elles recherchèrent tout détail susceptible de prouver que le couple souffrait des effets de l'effondrement de leur blocage mnémonique. Elles n'en décelèrent aucun. Les Jamison étaient parfaitement heureux. Le lavage de cerveau avait aussi bien réussi chez eux que chez Faye. Les faux souvenirs dont on les avait dotés étaient parfaitement ancrés. Les intégrer à la Famille ne servirait qu'à
mettre leur vie en péril.
Ginger et Faye reprirent la camionnette. Depuis le porche de leur maison, les Jamison leur lancèrent de joyeux au revoir. Ginger dit: Će sont vraiment de braves gens.
-Oui, et des amis sincères. J'aurais aimé qu'ils soient à nos côtés dans cette épreuve, mais je préfère autant les savoir en dehors de tout cela. ª
Les deux femmes restèrent un instant silencieuses et Ginger se demanda si Faye pensait la même chose qu'elle: la voiture était-elle encore garée en face de l'allée menant au ranch et ses occupants allaient-ils se contenter de les suivre ?
Faye fit halte à l'ombre d'un arbre gigantesque. Elle déboutonna son manteau et glissa la main sous son pull. Íls ne nous seront d'aucune utilité s'ils se mettent à nous canarder dit-elle, mais tant pis. ª Le sourire aux lèvres, elle éxhiba deux grands couteaux de cuisine qu'elle déposa entre les deux sièges. ´ Je les ai aff˚tés moi-même. D'accord, c'est peut-être ridicule à
côté d'une arme à feu, mais s'ils veulent nous attraper, je ne me gênerai pas pour le leur planter dans le ventre. ª
Le véhicule redémarra et elles parvinrent au bout de l'allée. La voiture brun verd‚tre était toujours là, avec ses deux occupants. Ginger leur adressa un signe de la main. Ils ne répondirent pas.
Faye redescendit vers le fond de la vallée.
Miles Bennell pouvait s'effondrer dans son fauteuil de bureau et prendre un air extrêmement las, il pouvait aussi déambuler dans la pièce tout en répondant aux questions sur un ton tantôt ironique, tantôt indifférent; mais jamais il ne se rebellait, ne se mettait en colère ou ne se montrait effrayé comme c'e˚t été le
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