La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
cas pour tout individu plongé dans la même situation.
Le colonel Leland Falkirk lui vouait une haine sans bornes.
Assis à une petite table dans un coin de la pièce, Falkirk compulsait méthodiquement les dossiers qu'il avait personnellement établis, un pour chacun des scientifiques civils chargés du bon déroulement des études et des expériences menées derrière les lourdes portes de bois de la caverne, là o˘ était jalousement conservé le secret du 6 juillet. Il espérait restreindre le champ des traîtres possibles en déterminant quels hommes et quelles femmes auraient pu se trouver à
New York à l'époque o˘ les deux notes et les photographies avaient été envoyées à Dom Corvaisis, à Laguna Beach.
Falkirk se heurtait à de nombreux problèmes. En premier lieu, un nombre trop important de ces foutus civils avait eu vent de la conspiration au cours des dix-huit derniers mois. Trente-sept hommes et femmes appartenant à un éventail très large de disciplines scientifiques avaient des laissez-passer et des connaissances essentielles au programme de recherches élaboré par Bennell. Trente-huit civils, avec Bennell.
C'était un miracle que trente-huit savants n'ayant pas la moindre notion de la discipline militaire eussent réussi à garder si longtemps un secret d'une telle envergure.
Ce n'était pas tout. Seuls Bennell et sept autres scientifiques se consacraient à la recherche à temps complet, à l'exclusion de toute autre occupation professionnelle, et vivaient en permanence à Thunder Hill. Les trente autres avaient des familles et des fonctions universitaires qu'ils ne pouvaient abandonner bien longtemps, de sorte qu'ils allaient et venaient en fonction des trous de leurs emplois du temps, séjour-nant parfois quelques jours et parfois plusieurs semaines, mais jamais plus de quelques mois. Ce serait par conséquent un travail long et ardu que d'interroger chacun d'eux pour savoir si et quand il-ou elles'était rendu à New York.
Pis encore, sur les huit personnes effectuant des recherches à temps complet, trois seulement, dont Miles Bennell étaient allées à New York en décembre.
En bref, la liste des suspects regroupait pour l'heure trente-trois personnes parmi les seuls scientifiques.
Falkirk se montrait tout aussi soupçonneux à l'égard du personnel de sécurité de l'entrepôt, bien que le major Fugata et le lieutenant Helms, le responsable de la sécurité et son bras droit, fussent en théorie les seuls à savoir ce qui se passait vraiment dans la caverne interdite. Fugata avait découvert que le polygraphe était détérioré et ne pouvait fournir de résultats fiables. Hier, on avait fait venir une nouvelle machine de Shenkfield mais elle s'était également révélée défectueuse. Selon Fugata, elle était arrivée dans cet état, mais Falkirk savait que ce n'était pas vrai.
Un des individus impliqués dans le projet savait que les blocages mnémoniques des témoins étaient en train de craquer. Décidant de profiter de l'occasion, il avait expédié à certains d'entre eux des messages secrets et des Polaroid volés dans les fichiers. Ce salaud avait failli réussir et, maintenant que la pression était sur lui, il sabotait les détecteurs de mensonges.
Le colonel cessa de compulser ses notes et leva les yeux vers Miles Bennell. ´ Docteur, faites-moi profiter de vos connaissances scientifiques.
- Mais très certainement, mon colonel.
- Tous ceux qui travaillent avec vous connaissent le rapport publié il y a sept ans par le Cérire. Ils savent quelles terribles conséquences résulteraient de la révélation de nos découvertes auprès du grand public.
Pourquoi donc l'un d'entre eux se montrerait-il irres-ponsable au point de saper la sécurité du projet ? ª
Le Dr Bennell avait l'air sincèrement désireux de l'aider, mais Falkirk décelait aisément les intonations dédaigneuses de sa voix. Ćertains ne sont pas d'accord avec les conclusions du Cérire. D'autres pensent que la publicité des découvertes n'entraînerait pas une catastrophe; pour eux, le Cérire a fondamentalement tort et se montre trop élitiste.
- Je crois pour ma part que le Cérire a raison. Et vous, lieutenant Horner ?
-Je partage votre avis, mon colonel. Si les nouvelles doivent être divulguées au grand public, il faut que cela se fasse lentement, que cela s'étale sur une dizaine d'années. Même alors... ª
Le colonel Falkirk hocha la tête. Il dit à Bennell:
´ J'ai une
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