La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
spectateurs cherchèrent à s'éloigner rapidement du cordon de police.
´ qu'est-ce qui se passe ?
- Il y a un type là-bas, il peut capter la fréquence de la police sur son autoradio, il dit que les flics vont attaquer la maison et faire la peau à Cal ! ª
Il ne resta bientôt plus qu'une dizaine de curieux tout près du cordon de police. Tous les autres badauds s'étaient enfuis à l'annonce de l'assaut imminent.
Il allait y avoir de nouveaux morts, de nouveaux blessés. C'était inévitable. Jusqu'à présent, Wycazik n'avait vu que les aspects positifs de toute cette histoire, les guérisons miraculeuses, les phénomènes mystérieux dans lesquels il sentait la présence de Dieu. C'étaient maintenant les aspects les plus sombres qui se révélaient à lui et il en était ébranlé.
Le père Wycazik se h‚ta de rejoindre la foule, rassemblée autour d'un van Chevrolet bleu métallisé dont le conducteur avait monté au maximum le son de l'autoradio pour que chacun p˚t entendre les conversations des hommes de la police et des membres des unités anti-émeutes.
Les anti-émeutes étaient déjà entrés en action. Ils avaient investi le rez-de-chaussée de la maison de Cal.
Ils allaient utiliser un pain de plastic pour faire sauter les gonds de la porte blindée de la cave. Simultanément, un autre groupe ferait sauter l'autre porte de la cave, celle qui donnait sur la pelouse arrière.
Sharkle serait ainsi pris en tenailles. Cette stratégie était terriblement dangereuse pour les policiers et les otages, mais les autorités avaient pensé qu'il était encore plus risqué de pratiquer l'attentisme.
En écoutant les voix transformées en crépitements par la radio dans l'air froid de janvier, le père Wycazik comprit brusquement qu'il devait mettre fin à l'attaque. Le massacre, sinon, serait pire que ce qu'on imaginait. Il fallait qu'on lui laisse franchir la barricade qu'il puisse entrer dans la maison et parler à Cal Sharkle. Maintenant. Tout de suite. Il fit demi-tour et courut jusqu'à l'entrée de la rue. Il ne savait pas encore exactement ce qu'il dirait à l'homme, s'il voulait franchir la barrière de sa paranoÔa. ´ Vous n'êtes pas seul dans ce cas, Calvin ª, peut-être. Il verrait.
Sans doute son brusque départ fit-il croire à la foule que quelque chose se passait à la barricade. Il était à
mi-chemin de l'avenue O'Bannon lorsque des badauds, plus jeunes et plus ingambes que lui, commencèrent à le doubler avec des cris d'excitation, quittant le trottoir au point de bloquer la circulation. Dans la bousculade, Stefan se trouva projeté au sol, à quatre pattes.
Personne ne vint à son aide. Il se releva et se mit à
courir. La folie bestiale et la soif de sang semblaient alourdir l'air. Le comportement de ses frères humains horrifiait Stefan; son coeur battait la chamade. Voilà
à quoi doit ressembler l'enfer, pensa-t-il, une course éperdue et éternelle au milieu d'une populace frénétique et hurlante.
Le temps d'atteindre le barrage de police, des dizaines d'hommes excités l'avaient précédé et se pressaient contre les barrières; il eut le plus grand mal à
se frayer un chemin, disant qu'il était prêtre sans être écouté, perdant son chapeau, se faisant bousculer brutalement. Mais il finit par arriver au premier rang.
Les autorités commencèrent à s'énerver, on ordonna à la foule de reculer. Les policiers abaissèrent la visière de leur casque et brandirent leurs b‚tons.
Le père Wycazik était prêt à mentir, à dire qu'il était le confesseur de Sharkle n'importe quoi pour retarder l'attaque, qu'il savait ce qu'il fallait dire au forcené.
Mais les cris et la bousculade étaient tels que le flic auquel il s'adressait ne l'écouta pas, pris par l'urgence de contenir la foule.
Deux petites explosions retentirent. La foule poussa un cri. Chacun savait que les portes de la cave venaient de voler en éclats. Et puis, alors que personne ne s'y attendait, une troisième explosion, infiniment plus violente, ébranla toutes les vitres du quartier. Des cris fusèrent d'un peu partout.
Íl avait une bombe ! cria l'un des flics. Bon Dieu, Sharkle avait une bombe ! ª Il se tourna vers le véhicule de soins d'urgence et cria au chauffeur de s'avancer.
Le père Wycazik voulut suivre à pied, mais l'un des flics le prit par le bras.
´Je suis prêtre. quelqu'un a peut-être besoin du réconfort des derniers sacrements.
-Vous pourriez être le pape, mon père,
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