Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
et
vide de toute expression, elle songeait au gâchis qu'était devenue sa vie. Elle
venait de perdre l'unique moyen qu'elle avait de fuir le toit familial. Sans
emploi, il lui était impossible de songer à emménager quelque part. Comment
allait-elle faire pour accoucher du petit qu'elle portait? Il n'existait plus
aucune solution à son problème. C'était sans espoir... Mieux valait en finir
pour tout oublier...
     
    Elle était si
perdue dans ses pensées qu'elle n'avait même pas remarqué les deux jeunes
hommes et la vieille dame qui avaient pris place à ses côtés, attendant comme
elle le prochain autobus.
     
    Soudain, elle eut
une envie irrépressible de se jeter devant la première voiture qui allait
passer devant elle. Elle tourna la tête et aperçut une grosse Buick noire qui
approchait rapidement en longeant le trottoir. Quand l'automobile ne fut plus
qu'à quelques dizaines de pieds, elle ferma les yeux et fit un pas en avant pour
descendre du trottoir, attendant le choc qui allait mettre fin à tous ses
malheurs.
     
    Une solide poigne
la tira brusquement vers l'arrière au moment où un coup de klaxon rageur se
faisait entendre.
     
    Le coeur battant
la chamade, Carole ouvrit soudain les yeux pour découvrir un jeune homme au
visage inquiet qui la tenait encore par un bras. Un autre homme et une vieille
dame la regardaient avec curiosité.
     
    — Est-ce que ça
va, mademoiselle? lui demanda l'homme sans la lâcher pour autant.
     
    — Oui, merci,
balbutia Carole, bouleversée par ce qu'elle avait tenté de faire.
     
    304
    — Vous en êtes
sûre? insista son voisin qui ne semblait guère convaincu.
     
    — Oui, je suis
correcte, fit la jeune fille. J'ai juste eu un étourdissement.
     
    Un autobus vint
s'immobiliser près du trottoir. Le bon Samaritain lâcha le bras de Carole et
cette dernière le remercia d'un sourire un peu figé avant de monter à bord.
     
    Toujours aussi
ébranlée, elle trouva un siège libre et se plongea dans ses sombres pensées dès
que le véhicule se remit en marche.
     
    Elle était
horrifiée à la pensée de son geste. Il y avait sûrement d'autres solutions.
André en était une. Maintenant, elle n'avait plus le choix. Il fallait
absolument qu'elle trouve le moyen de lui parler. Elle devait à tout prix
apprendre où il demeurait et aller le voir pour le persuader de prendre ses
responsabilités.
     
    Elle ne voyait
qu'un seul moyen d'y arriver: retourner chez Ronald Cyr et convaincre Lorraine,
la belle-soeur d'André, de lui dire où il se trouvait à présent. Quand elle
aurait ce renseignement, elle allait lui téléphoner ou, mieux, aller le voir à
Québec, s'il était toujours là. C'était certain qu'il ne pourrait pas rester
insensible. Il avait toujours dit qu'il l'aimait...
     
    Carole se mit à
élaborer plusieurs scénarios qui avaient en commun de conclure son histoire par
une fin heureuse.
     
    Elle était si
perdue dans ses pensées qu'elle en oublia de descendre coin Fullum.
     
    — Il est juste
quatre heures et demie, se dit-elle en consultant sa montre. Je suis aussi ben
d'aller tout de suite chez son frère. A cette heure-là, Ronald sera pas revenu
de son ouvrage et ça va être plus facile de parler à sa femme.
     
    Elle, elle va me
le dire si elle sait où est André.
     
    Elle descendit au
coin de Frontenac et, malgré la chaleur étouffante, se mit en marche vers la
rue Logan. Elle ne se
    305
    soucia même pas
de marcher du côté ombragé de la rue.
     
    A faible distance
de la vieille maison en brique où demeuraient les Cyr, elle eut un coup au
coeur en apercevant un Oldsmobile rouge décapotable, identique à celle que
possédait André.
     
    Arrivée au pied
de l'escalier qui conduisait chez le frère de son amoureux, elle prit un court
moment pour rassembler son courage avant de sonner et de monter à l'étage.
     
    — C'est ça, ma fille,
mets ton orgueil en dessous de ton mouchoir et vas-y, s'encouragea-t-elle. T'as
pas le choix.
     
    Elle sonna et,
presque immédiatement, la porte s'ouvrit.
     
    Elle vit la tête
couverte de bigoudis de Lorraine Cyr apparaître en haut de l'escalier.
     
    — Tiens, si c'est
pas la belle Carole, dit la femme de Ronald Cyr. Monte. Tu tombes ben. Si tu
viens voir André, il vient d'arriver. Il est assis sur la galerie, en arrière.
Il est en train de boire une bière.
     
    En apprenant la
nouvelle, le coeur de Carole cessa de battre un court instant.
     
    — T'es ben fine,
Lorraine, mais je

Weitere Kostenlose Bücher