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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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fallait
absolument qu'elle se décide bientôt à trouver un appartement. Il le fallait
avant qu'il ne soit trop tard. Mais où allait-elle trouver l'argent nécessaire
pour le meubler et y vivre? Il était certain que son maigre salaire de
secrétaire ne suffirait jamais.
     
    Dire que pendant
tout ce temps André Cyr faisait la belle vie à Québec... Avant de s'endormir,
elle se promit de tenter d'entrer en contact avec lui une dernière fois. Les
deux derniers mois, elle n'avait pas cherché à avoir de ses nouvelles,
persuadée qu'il finirait peut-être par avoir des remords et regretter de
l'avoir abandonnée. Après tout, l'enfant qui allait naître était aussi le sien,
qu'il le veuille ou non.
     
    Dans le noir, la
jeune fille pleura silencieusement sur sa vie gâchée, incapable d'imaginer ce
que l'avenir lui réservait.
     
    Avant de sombrer
dans le sommeil, elle se vit aller vivre dans une autre ville après avoir donné
son enfant en
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    adoption. Un
garçon? Une fille? Aucune importance.
     
    Allait-elle avoir
la force de l'abandonner? Il le faudrait bien. Elle voulait tout effacer et
recommencer sa vie à zéro.
     
    Chapitre 13
    L'Impasse
    Au début de la
seconde semaine d'août, la canicule revint. Les Montréalais n'avaient connu que
quelques jours de sursis. Le mercure frôla les 90 °F et une humidité de plus en
plus lourde rendit l'atmosphère presque irrespirable.
     
    Même si elle
s'était promis de s'enfermer chez elle pour dissimuler son absence de dents,
Laurette ne tint parole que quelques jours. Le jeudi suivant, elle n'en pouvait
plus.
     
    — Que le diable
emporte les voisins! se dit-elle. Je suis tout de même pas pour crever de
chaleur en dedans parce que j'ai pas de dents. Il y a déjà ben assez que je
suis en train de mourir de faim avec cette maudite niaiserie-là.
     
    Sur ces paroles
bien senties, elle avait sorti sa chaise berçante sur le trottoir et s'y était
laissée tomber, en quête du moindre souffle de fraîcheur. Gérard, installé
comme d'habitude. sur le balcon arrière, lisait son journal. Il avait encore
prêté la Chevrolet à Jean-Louis pour la soirée.
     
    — Je voudrais ben
savoir où il va avec notre char, avait demandé Laurette.
     
    — J'aime autant
pas lui poser la question, reconnut son mari. D'abord qu'il remplace le gars
qu'il prend et qu'il m'aide à le laver en fin de semaine, je lui en demande pas
plus.
     
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    CHÈRE LAURF.TTE
Laurette avait haussé les épaules et s'était réfugiée sur son bout de trottoir.
Elle venait à peine de s'installer avec un grand verre de cola qu'elle vit la
voiture de son frère Armand venir s'immobiliser devant sa porte.
     
    — Bon. Vlà de la
visite, à cette heure, se dit-elle sans aucune joie. Encore, si c'était Bernard
et Marie-Ange...
     
    Depuis qu'elle
avait appris l'aventure de Louise avec l'abbé Vermette, elle s'était bien
gardée de téléphoner à son frère et à sa belle-soeur.. Elle craignait trop de
leur révéler la moindre information à ce sujet par inadvertance.
     
    — On veut pas te
déranger longtemps, annonça son frère Armand en posant le pied sur le trottoir.
On arrête juste en passant pour voir comment tu vas.
     
    — Entrez et venez
boire un verre de liqueur, offrit Laurette en quittant péniblement sa chaise
berçante.
     
    Gérard est en
arrière.
     
    Pauline et son
mari la suivirent à l'intérieur et Gérard, prévenu par sa femme, vint les
rejoindre dans la cuisine.
     
    — Ça fait six
jours que je me suis fait arracher les dents, dit l'hôtesse. Je commence à
pouvoir mâcher un peu, mais pas des affaires dures comme de la viande, par
exemple.
     
    — Et ça, c'est
ben plate, se plaignit Gérard, à demi sérieux. Ça veut dire qu'on mangera pas
de jambon ou de rôti de porc tant qu'elle aura pas ses dentiers.
     
    — Une folle!
s'exclama sa femme. Tu t'imaginais tout de même pas que j'étais pour me mettre
au poêle pour te faire cuire des gros morceaux de viande quand je suis même pas
capable d'en manger. De toute façon, tu le sais aussi ben que moi, le rôti de
porc, on n'en mange pas l'été parce que ça donne le ver solitaire.
     
    — C'est vrai ce
que dit ta femme, confirma Pauline.
     
    Moi aussi, je
fais jamais cuire de rôti de porc l'été à cause de ça. De toute façon, l'été,
c'est le temps de manger du bon bouilli de légumes.
     
    298
    Ensuite, la
conversation roula sur les enfants. Armand et sa femme parlèrent librement de
leur Louise

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