Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
voudrais pas te déranger dans la préparation de ton souper.
     
    — Tu déranges
personne. Viens.
     
    Le coeur battant,
Carole monta l'escalier et pénétra dans l'appartement des Cyr.
     
    — André! héla
Lorraine. Il y a quelqu'un pour toi à la porte.
     
    Il y eut un
raclement de chaise sur le balcon et la porte-
    moustiquaire
livra passage à un André Cyr inchangé. Vêtu d'une chemisette à demi
déboutonnée, la cigarette au bec, le jeune homme à l'épaisse chevelure blonde
en broussaille entra dans la cuisine.
     
    — Qui veut
me?.... commença-t-il à demander de sa voix lente habituelle en s'avançant dans
le couloir. Ah!
     
    306
    c'est toi,
laissa-t-il tomber, sans grand enthousiasme en reconnaissant Carole, debout sur
le palier.
     
    — Tu parles d'une
façon de parler à sa blonde! le rabroua sa belle-soeur. Installez-vous dans le
salon. Pendant ce temps-là, je vais aller m'occuper de mon souper.
     
    L'air boudeur,
André Cyr précéda Carole dans la pièce voisine et se laissa tomber dans un
fauteuil sans lui offrir de s'asseoir.
     
    — Je savais pas
que t'étais revenu à Montréal, dit cette dernière en s'efforçant de faire bonne
figure.
     
    — Je suis revenu
juste depuis trois jours.
     
    — T'es en
vacances? — Pan toute. Je suis venu me chercher une job.
     
    — T'en avais pas
trouvé une à Québec? Lorraine m'a dit que...
     
    — Laisse faire ce
que ma belle-soeur t'a dit, la coupa-
    t-il sèchement.
C'était encore une job qui payait pas. Si t'es venue pour que je te rembourse
ton argent, j'ai pas une maudite cenne. Mais inquiète-toi pas, je vais te le
remettre ton argent et...
     
    — Je suis pas
venue pour l'argent que tu me dois, l'interrompit Carole. Je suis venue pour le
petit.
     
    — Quel petit?
demanda-t-il avec effronterie.
     
    — Aïe, André Cyr!
Fais-moi pas parler pour rien, s'emporta la jeune fille, à bout de patience. Je
te parle du petit que j'attends.
     
    — Pourquoi tu
m'achales avec ça? Il y a rien qui prouve que je suis le père de ce petit-là,
eut le culot de rétorquer son ex-amoureux en passant ses doigts dans sa
tignasse.
     
    — Ah ben! T'es un
bel écoeurant, ne put s'empêcher de dire Carole. On dirait que t'as oublié ce
qu'on s'est dit avant que tu disparaisses comme un lâche.
     
    307
    — Whow, les
nerfs! s'écria le chômeur. J'ai rien oublié pantoute. Je me rappelle que t'es
venue me dire en pleine face que tu voulais qu'on se marie parce que
t'attendais un petit.
     
    — Puis? — Puis,
je te dis, moi, que j'ai rien à voir là-dedans et que je veux plus que tu
reviennes m'achaler avec ça. Si t'as fait la folle avec un autre gars, c'est
tes affaires, mais viens surtout pas essayer de m'embarquer là-dedans.
     
    Outrée au-delà de
toute expression, Carole se leva, le visage blanc de fureur.
     
    — Si c'est comme
ça, laisse faire, lui jeta-t-elle, la voix chargée de mépris. Je veux plus
jamais te revoir.
     
    — Ça tombe ben,
moi aussi, répliqua-t-il en se levant à son tour.
     
    Carole, les yeux
pleins d'eau, se dirigea vers la porte et quitta l'appartement des Cyr. Elle
entendit la porte claquer derrière elle et elle descendit l'escalier sans trop
voir où elle posait les pieds. Parvenue au trottoir, elle prit la direction de
la rue Frontenac en s'essuyant les yeux à de nombreuses reprises. Elle ne
pouvait s'empêcher de pleurer tout en marchant.
     
    Au comble du
désespoir, elle ne voyait plus aucune issue à sa situation. Sans emploi et sans
amie à qui se confier, elle ignorait ce qu'elle allait devenir. Aucun des
scénarios échafaudés durant son trajet en autobus ne s'était réalisé.
     
    Le père de
l'enfant qu'elle attendait refusait de prendre ses responsabilités et même de
l'aider à se sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouvait.
     
    — L'écoeurant! Le
maudit écoeurant! ne cessait-elle de se répéter avec une rage impuissante.
     
    Arrivée au coin
de la rue Sainte-Catherine, elle ne vit pas son frère Jean-Louis attablé à
l'intérieur du restaurant, près de la vitrine, en compagnie de Marthe Paradis.
Les
    308
    deux amis avaient
décidé, comme il leur arrivait à deux ou trois reprises chaque semaine, d'aller
boire un rafraîchissement à la fin de leur après-midi de travail. Ils
envisageaient même de souper ensemble à cet endroit avant de retourner à la
banque au début de la soirée.
     
    — C'est pas ta
soeur, Carole? demanda Marthe à son collègue quand elle vit la jeune

Weitere Kostenlose Bücher