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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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envahissaient peu à peu le restaurant à l'heure du souper avaient
remarqué sa compagne.
     
    — Pourquoi tu me
dis que c'est pas si simple que ça? demanda-t-elle sans réelle curiosité.
     
    Carole garda le
silence un long moment avant de chuchoter: — Il y a le petit...
     
    — Hein? Quel
petit? lui demanda la monitrice en sursautant.
     
    — Le petit que
j'attends, avoua Carole en se mettant à pleurer de plus belle.
     
    Cet aveu fait à
une pure étrangère venait de la libérer d'un poids énorme. Enfin, quelqu'un
partageait son secret.
     
    Elle n'était plus
seule à savoir. Stupéfaite, Marthe Paradis demeura silencieuse durant un long
moment avant de reprendre la parole.
     
    — T'attends
vraiment un petit? — Oui.
     
    — Pour quand? —
Décembre, répondit Carole à voix basse.
     
    — Naturellement,
personne est au courant chez vous? — Si jamais ils savaient ça, ils me
tueraient ben.
     
    — Il va pourtant
falloir que tu le dises un jour à ta mère et à ton père, reprit Marthe, sur un
ton raisonnable.
     
    — Je vois pas
pourquoi, s'entêta Carole.
     
    — Tu pourras pas
leur cacher ça indéfiniment, non? Quelqu'un va finir par s'en apercevoir.
     
    — Pas si je pars
de la maison avant la fin de l'été. Ça paraît pas encore.
     
    — T'as de
l'argent pour t'installer ailleurs? — Non. J'en avais un peu, mais je l'ai
prêté à mon chum qui peut même pas me le remettre. En plus, je viens de perdre
mon ouvrage.
     
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    — Il y a une
solution, c'est sûr, dit Marthe pour encourager la jeune fille.
     
    Durant quelques
instants, les deux jeunes femmes regardèrent les badauds passer devant la
vitrine, comme si elles recherchaient ensemble la solution au problème qui
risquait de ruiner la vie de l'une d'elles.
     
    — Je pense que ça
sert à rien de chercher de midi à quatorze heures, finit par dire Marthe sur un
ton décidé.
     
    D'après moi, il y
a juste une façon de te sortir de là: tout avouer à tes parents.
     
    — Es-tu folle,
toi? s'exclama Carole, atterrée par cette perspective. On voit ben que tu
connais pas mon père et ma mère... surtout ma mère.
     
    — Qu'est-ce que
tu veux qu'ils te fassent? Ils te tueront pas. Le pire qui peut t'arriver,
c'est qu'ils te mettent à la porte.
     
    — Juste ça, fit
Carole, un brin sarcastique.
     
    — Puis après? Tu
veux partir de toute façon, lui expliqua Marthe.
     
    — D'accord, mais
j'ai pas une cenne.
     
    — Tu me feras pas
croire que ta soeur ou un de tes frères serait pas prêt à te garder chez eux le
temps que tu te trouves de l'ouvrage et un petit appartement, non? Carole
réfléchit un long moment à ce que venait de lui dire l'amie de son frère
Jean-Louis et elle reconnut, bien malgré elle, qu'elle avait raison.
     
    — Tout ça, c'est
facile à dire, mais le faire, c'est une autre paire de manches, reconnut-elle
en réprimant difficilement un frisson d'appréhension.
     
    — Voyons, Carole!
dit Marthe. T'as l'air d'une fille courageuse. C'est juste un mauvais moment à
passer.
     
    Pourquoi tu
continuerais à cuire dans ton jus comme tu le fais depuis des mois? Attends pas
que ta mère ou ton père
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    le découvre.
Dis-leur carrément et ça va être fini une fois pour toutes.
     
    — Ils vont me
traiter de tous les noms. Je vais être la honte de la famille, geignit Carole.
     
    — Ce qui est fait
est fait, dit résolument Marthe. A ta place, j'attendrais pas.
     
    La jeune femme
tira un crayon de son sac à main et nota un numéro sur un coin du napperon en
papier déposé devant elle. Elle le déchira et le tendit à Carole.
     
    — Tiens. Je te
donne mon numéro de téléphone, ajouta-t-elle. Appelle-moi quand ça te tentera
de parler.
     
    Moi, j'ai pas de
chu?n et c'est plutôt rare que je sorte le soir.
     
    Carole semblait
avoir repris un peu courage. Elle avait encore les yeux gonflés d'avoir tant
pleuré, mais elle esquissa un sourire de reconnaissance.
     
    — Veux-tu souper?
lui demanda-t-elle.
     
    — J'ai pas faim,
admit Carole en se levant. Je pense que je vais rentrer chez nous.
     
    — Prends
confiance, l'encouragea Marthe encore une fois. Tu vas passer à travers. Oublie
pas de m'appeler pour me donner des nouvelles. Dis-toi que si personne dans ta
famille veut t'aider, moi, je vais le faire. OK? — T'es ben fine, dit Carole,
émue, en se penchant pour l'embrasser sur une joue avant de quitter le
restaurant.
     
    Chapitre 14
    L'aveu Lorsque
Carole Morin

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