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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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à l’intérieur dès qu’elle le pouvait. Et je ne peux guère la blâmer pour ça. C’était en effet un lieu enchanté, à nul autre pareil, qui allait à la Princesse « aussi bien que des ailes de fée », a dit un jour Trim.
    « Car elle dispose ici de tout, à sa taille. Comme ce doit être agréable de s’asseoir sur une chaise ou d’attraper quelque chose sur une étagère sans demander l’aide de quiconque. Ici, elle possède son propre fourneau, ses casseroles, ses poêles, ses tasses et soucoupes, comme n’importe qui d’autre chez lui. »
    C’était bien insolite d’errer dans ce monde de conte de fées, sous le grand toit de l’Aquarium, éclairé par les nombreuses lucarnes, puis, la nuit, par les lampes scintillantes, et ce baigné dans la rumeur de Londres, qui montait des rues en contrebas. Elle avait un petit salon, avec son confortable fauteuil et le coussin rebondi de Herr Swann, placés de part et d’autre d’un poêle ancien. Son boudoir était orné de doux rideaux, de coussins de soie et de charmantes miniatures représentant des paysages ensoleillés. Un autre petit poêle et de nombreuses lampes brillaient, chaleureuses. Brutus, Néron et moi avons découvert la Princesse dans son lit, installée comme une reine au milieu de ses oreillers de satin, resplendissante avec sa petite cape et son bonnet de fourrure, comme si elle s’apprêtait à partir pour une promenade en traineau. Posée à côté d’elle, une pile de magazines à deux sous, ses seules lectures (car elle n’avait pas étudié), mais oh ! comme elle aimait ces histoires de bandits de grand chemin et de jeunes filles esseulées ! Ce n’était guère étonnant qu’elle dévore des yeux Will Lovegrove en rougissant, ni qu’elle ait tendance à glousser et à se cacher le visage quand il lui murmurait à l’oreille d’adorables sottises. Quant à Trim, l’effroi l’a pétrifiée lorsqu’elle a appris qu’il écrivait parfois ce genre d’histoires, et elle lui a demandé, avec beaucoup d’humilité, s’il accepterait de lui raconter « comment la sublime Princesse a conquis le cœur du beau pirate ».
    Hélas, si elle se sentait bien dans son petit boudoir, il n’en allait pas de même à l’extérieur : elle éternuait et toussait dès qu’elle sortait, se plaignait que l’humidité de Londres transformait ses poumons en eau.
    « Tu vois, Bob, je suis une fille de l’été, des collines dorées et des grands cipresso noirs. Et puis du ciel bleu, de la brise douce comme un souffle d’enfant, tiède et odorante. Cette ville de Londres est pluvieuse, sombre, j’ai toujours les mains et les pieds gelés. Comme des… comment dit-on ? Ghiacciolo.
    Je l’ignorais et j’ai secoué la tête, alors elle s’est adressée à notre ami le géant :
    «  Herr Swann, wie übersetzt man bitte Eiszapfen ?  »
    Il a froncé les sourcils, plissé le nez, et au bout d’une longue réflexion, a répondu :
    « Je crois que vous parlez des stalactites, meine Prinzessin. Eiszapfen . Ah, depuis combien d’années n’ai-je vu de stalactites allemandes, qui sont bien supérieures à celles d’Angleterre. Bien plus grosses et plus froides.
    — Les ghiaccioli anglais sont assez gros et froids à mon goût, a dit la Princesse de sa voix flûtée en enfonçant ses mains minuscules dans les profondeurs de la fourrure de son manchon. À présent, mon cher Anselm va nous faire du thé pendant que je bavarde avec Bob. »
    Et sans qu’elle ajoute quoi que ce soit, Herr Swann s’est traîné jusqu’à la petite cuisine, d’où est bientôt parvenu à nos oreilles le cliquetis de la faïence. La Princesse s’est redressée, laissant Brutus poser sa tête dorée sur le lit, près d’elle.
    « Bob, je dois faire vite avant qu’Anselm ne revienne. J’ai besoin de toi, demain. Mais cela doit rester secret. »
    J’étais fort surpris, car Herr Swann était son protecteur.
    « Je voudrais que demain matin, tu m’emmènes au Pavilion Theatre. Très tôt, Bob, aussi tu dois venir me chercher dès potron-minet. »
    J’ai entendu la bouilloire siffler, et la Princesse s’est penchée vers moi pour me chuchoter :
    « Je dois retrouver un ami, Bob. Un véritable ami qui a besoin de moi, il faut me croire. »
    Bien sûr, j’ai accepté. Comment refuser ? Et elle m’a adressé un sourire radieux, au moment où Herr Swann se mettait à chanter : « Meine Lieber ! Meine Lieber ! »
    « Anselm

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