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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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contrarié et fort irrité. Cette affichette dégageait une gaieté qui me prenait à rebrousse-poil, et au lieu de me sentir flatté, j’éprouvais le sentiment inverse, et j’aurais aimé rencontrer l’homme qui avait le culot de m’utiliser de la sorte pour lui coller mon poing dans la figure !
    « J’ai bien dit que ce n’était pas vous, Bob Chapman », a fait Pilgrim d’une petite voix.
    (« C’est faux ! Tu as dit du mal de lui pendant tout le chemin ! »)
    « Veux-tu bien te taire ! Bob Chapman est un ami ! Mais nos voisins, c’est un ramassis de voleurs, de charlatans, et ceci n’est guère surprenant. »
    (« Oh, la paix ! »)
    « À présent, écoutez un conseil d’ami : pas de précipitation ! »
    (« Défendez-vous, Bob ! Faites-leur pisser le sang ! Un grand baquet ! »)
    Je dois avouer que j’avais bien envie de faire ce qu’il me disait, et j’hésitais à m’y rendre tout de suite ou un peu plus tard quand Pikemartin est arrivé, a fait les gros yeux à Pilgrim et lui a montré la porte – ils semblaient se connaître –, mais je n’ai pu leur faire part de ma contrariété, car ils sont partis tout de suite. J’ai replié l’affichette avec soin, l’ai rangée dans ma poche, mais je n’ai cessé d’y penser pendant tout le reste de la journée, car c’est un problème qui requérait toute mon attention. Que dirait Mr Carrier s’il pensait que je faisais des heures supplémentaires dans un établissement de bas étage ! Que penseraient mes nouveaux amis – et les anciens ?
    Toutefois, je devais me concentrer sur mon travail : j’avais été absent toute la matinée et une bonne partie de l’après-midi et, d’après Mrs Gifford, qui a surgi soudain dans l’escalier (transportant encore avec elle la fraîcheur du dehors) et n’a pas raté une si belle occasion de me faire des remontrances, on avait demandé où j’étais et si j’allais revenir un jour.
    « J’ai répondu que je l’ignorais, m’a-t-elle annoncé en faisant claquer ses gants comme si c’était des menottes. D’après ce que j’en savais, vous auriez aussi bien pu disparaître toute la journée. »
    Ce qui n’était pas vrai, car j’avais laissé mon écriteau en évidence. Mais comme je voulais savourer encore un peu ce moment de détente au Pavilion, je ne l’ai pas laissée gâcher mon plaisir, et je l’ai consignée dans une cellule du bateau-prison où je l’ai enfermée à double tour ! C’est un truc que j’ai pratiqué toute ma vie, cette façon imaginaire de neutraliser mes problèmes en les couvrant de chaînes, en les jetant au cachot ou, plus récemment, en les consignant dans la cale d’un bateau-prison que j’expédie ensuite en haute mer. Les navires en question ne m’avaient guère servi jusqu’à ces derniers mois – j’ai commencé à faire des cauchemars, et des souvenirs d’enfance me sont revenus – mais depuis la rencontre avec le Grand Méchant, j’y avais eu recours plus d’une fois, et ils me reviendraient par flottilles entières si je n’y prenais garde.
    Encore une bonne raison de m’occuper l’esprit. Et j’éprouvais un supplément de gratitude envers mon nouveau travail au Pavilion, ma bonne santé (car il n’en a pas toujours été ainsi) et mes chers amis. Quand Pikemartin a fermé les volets et éteint la lampe de sa cabine, j’avais donné quatre spectacles, gagné une poignée de pièces, retrouvé ma légèreté et, tandis que je rangeais ma loge, déposant les œufs dans la boîte appropriée, accrochant mon chapeau à la patère, j’ai commencé à envisager de m’offrir une côtelette dans une taverne, au risque de mettre plusieurs heures à la digérer, ce qui m’empêcherait de dormir.
    Voilà ma petite vie et, si je le pouvais, rien ne viendrait amoindrir son agrément. Je continuerais à faire mes spectacles à l’Aquarium, réglés comme du papier à musique, j’irais prendre le petit déjeuner chez Garraway et, à l’occasion, je souperais au Cheshire Cheese avec mes amis. En guise de loisirs, je passerais du temps en compagnie de mes nouvelles connaissances, anticipant une vie parmi les choux et les petits pois, et les levers à l’aube dans le bon air de la campagne. Je me repassais cette liste tel un catéchisme, et pensais presque que si je me la répétais un assez grand nombre de fois, cela tiendrait la guigne en respect. Je me la disais encore en éteignant ma lampe et en rappelant à

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