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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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Greenwich.
    Soudain, elle a saisi ma manche, et j’ai eu comme elle le sentiment que quelqu’un se tenait dans l’ombre, immobile, ne voulant pas être vu. Elle m’a pressé de la faire descendre, et je l’ai déposée sur les planches avec soin. Elle s’est avancée en se dandinant jusqu’au centre, puis elle a appelé de sa voix d’oisillon :
    « Barney mio , viens ! N’aie pas peur. C’est moi, la Princesse Poucette. »
    Qui n’aurait reconnu cette petite voix gazouillante dans l’obscurité du théâtre ? C’était très touchant, et nous étions loin d’une mauvaise scène sentimentale. Le garçon est sorti de derrière le décor et il est tombé à genoux devant elle, tel le fils condamné dans Ben Brown, l’aide du berger ou Sifflet sur la vallée – cela aurait constitué un parfait tableau pour l’acte II, quand la fille (ou le fils) prodigue revient à la pauvre ferme de ses parents pour demander pardon à sa mère. Ému, j’ai essuyé une larme et toussé. Soudain, son visage s’est trouvé illuminé (la porte de la salle avait dû s’ouvrir) et j’ai eu la surprise de voir que c’était le garçon en question ! J’ai senti ma gorge se nouer tellement cela me rappelait de mauvais souvenirs.
    Ai-je alors traversé la scène à grands pas pour agripper fermement le sacripant par le col, sourd à ses protestations, ignorant ses coups et ses menaces ? Ai-je été un peu lâche, en proposant de le remettre sur le droit chemin et en l’emmenant chez Mr Fishburn à l’École des Loqueteux, Ferme Industrielle, où les orphelins dans sa situation peuvent espérer être « sauvés » avant qu’ils soient « perdus » ? Ou bien lui ai-je flanqué mon poing dans la figure, et présenté mon cordonnier à son tailleur en le poussant vers la sortie ?
    Pas avec ces bottes-là !
    Je me suis retiré à pas feutrés, préférant aller chercher Mint, car s’il devait y avoir du grabuge – et ce garçon-là avait ça dans le sang –, je voulais de l’assistance. Il n’était pas dans sa cabine, alors j’ai passé la tête dans la rue.
    « Mr Bob Chapman, a dit le Grand Méchant. Un plaisir, vraiment, c’est un plaisir. Sans oublier Brutus et Néron ? Ces beaux animaux ! »
    J’ai tenté de refermer la porte : trop tard. Que faisait-il là ? Nous avait-il suivis, la Princesse et moi, de bon matin, par les ruelles ? Alors il était d’une discrétion incroyable car je jure que je ne l’avais pas vu, quant à mes chiens, à présent blottis contre mes jambes, pas un instant ils n’avaient laissé entendre qu’ils sentaient sa présence. Pourtant il était bien là, sa botte élégante dans l’embrasure de la porte, essuyant sa bouche de son affreux mouchoir rouge.
    « Eh bien, monsieur, je n’irai pas par quatre chemins, je suis venu aux nouvelles », a-t-il dit d’un ton si amical que j’aurais pu lui sourire.
    Il jouait au chat et à la souris, ce qui lui procurait un plaisir évident, car il a tenté de réprimer un rire.
    « Je me demande donc si vous avez le paquet. Non ? Oh, mon Dieu. C’est ce que vous, gens de théâtre, vous appelleriez une tragédie. Oui, vraiment. »
    J’ai à nouveau tenté de refermer la porte, mais il était déjà à moitié rentré et léchait ses grosses lèvres.
    « Nous serons mieux à l’intérieur, mon cher. C’est insensé de rester à frissonner dans ce froid. Pourquoi ne rejoindrions-nous pas les autres ? Le garçon et cette minuscule créature ? » Il a gloussé. « Oh, je la connais bien ! Mia cara  ? » Et il a miaulé comme un chat, imitant la Princesse. « Oh, quel embarras ! Elle ne vous a donc pas dit que nous nous connaissions ? Quelle honte ! Petite écervelée ! »
    Il avait, comme auparavant, un doux sourire de pasteur.
    « Irons-nous les retrouver ? Mais n’effrayez pas l’enfant, s’il vous plaît. J’ai une affaire à traiter avec lui. »
    Dans la brume de ces mots mielleux, je me demandais comment je pourrais l’empêcher d’arriver jusqu’à la Princesse, et bien que le sang ne me monte pas à la tête, pas plus que le courage d’ailleurs, j’ai songé à nouveau à Mr Mint, le Cerbère de la porte, qui, lui, n’aurait laissé entrer personne sans le connaître. S’il arrivait enfin, il parviendrait sans aucun doute à empêcher d’entrer le Grand Méchant. Mais déjà, il était parti au-devant.
    « Et Mr Mint, ah, l’excellent homme ! Allons-nous le solliciter ?

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