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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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qui espérait en avoir terminé a été forcé de se relever pour répondre.
    « Eh bien, monsieur le juge, j’ai découvert le… corps… et c’était exactement comme on vous l’a décrit. Enroulé d’un seul tenant dans une vieille carpette, même que ça ressemblait plus à un tapis roulé qu’à un cadavre, si vous me suivez. C’était juste posé le long du mur, à plat.
    — Avait-on tenté de le dissimuler ? Peut-être de l’enterrer sous de la terre ou des pierres ?
    — Non, monsieur le juge, c’était juste posé là.
    — Qu’avez-vous fait lorsque vous l’avez découvert ? »
    Le jeune homme a dégluti avec peine.
    « Eh bien, monsieur le juge, je me suis penché pour le dérouler…
    — Il n’était donc pas attaché au moyen d’une corde ?
    — Non, monsieur le juge. Le… corps… a glissé quand j’ai déroulé le tapis.
    — Glissé ?
    — Oui, monsieur le juge. Ça s’est passé comme ça. Et puis il est tombé par terre.
    — Je vois, a fait le magistrat tout en prenant des notes. Et a-t-on pris soin de ramasser le tapis en question après avoir déplacé le corps ? »
    Le policier, de plus en plus blême et inquiet, l’ignorait. Peut-être qu’on l’a laissé sur place, a-t-il dit. Il ne l’avait pas vu. Le juge a froncé les sourcils et déclaré que si la police faisait preuve de qualités admirables, en revanche, elle laissait parfois à désirer quant à l’attention portée à des détails susceptibles d’aider la justice dans l’exercice de son travail. Et la capture des coupables ? Personne n’avait donc songé que le tapis dans lequel on avait enveloppé le corps était une preuve aussi conséquente que les autres ?
    L’air extrêmement embarrassé, le jeune policier a bredouillé des excuses, il voulait arracher l’enfant de cet endroit affreux et n’avait pensé à rien d’autre. Sa réponse a recueilli l’assentiment général, certains les ont regardés en opinant du chef, lui et le juge, qui semblait prêt à passer à d’autres éléments de l’enquête comme « où », « quand » et « comment ». C’est alors qu’on a fait entrer le médecin de la police, Skinner, d’humeur irritable et pressé d’en finir car il avait encore à s’occuper de « quatre suicides et une pendaison publique avant de pouvoir espérer aller dîner ce soir ».
    L’examen médical nécessitait que le jury ainsi que d’autres spectateurs sortent tous dans la cour « pour aller voir la victime ». Malgré quelques coups de coude et protestations (« ‘Tention à vot’ bras ! » « Faites gaffe où vous mettez les pieds ! »), tout s’est déroulé dans le calme.
    Skinner s’est éclairci la gorge.
    « L’enfant est de sexe féminin, âgée de huit ans, présentant un bon état général. Elle n’est pas trop sous-alimentée. »
    Il a retiré le tissu blanc – la troisième meilleure nappe de la maîtresse des lieux –, puis a parcouru des yeux les visages sales et poussiéreux rassemblés autour avant de poursuivre :
    « Monsieur le juge, je vais dire ceci parce qu’il n’y a pas de femmes dans l’assistance et qu’elles ne pourraient souffrir de l’entendre. Cette enfant a été violée et étranglée. À ce stade, je ne peux définir lequel de ces deux faits a causé la mort. »
    Le silence s’est abattu, rompu seulement par les couinements des gorets de l’abattoir tout proche.
    « J’ai déjà étudié le corps, à votre demande, et les faits me paraissent assez clairs. Il me faudra bien entendu procéder à un examen plus approfondi à la morgue, mais je ne puis songer que mes découvertes futures altéreront beaucoup ce premier diagnostic. »
    Le juge a hoché la tête avec sagacité, imité par les jurés, très sérieux, et dont certains se mordillaient les lèvres avec nervosité.
    « On constate des signes de lutte, vaine, sans aucun doute. Ainsi a-t-elle des ongles cassés. » Le médecin a froncé les sourcils. « Je ne saurais suggérer que ce fut dans le but de repousser son agresseur. Il est difficile d’être aussi précis. Il est possible d’arrêter un suspect présentant des griffures peut-être au bras ou au visage, mais il me semble difficile d’obtenir une condamnation fondée sur ces seuls éléments. Disons que la fillette s’est défendue pour tenter d’échapper à l’outrage dont elle a été victime, et que ce faisant l’extrémité de ses phalanges a été

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